Au Bénin, les syndicalistes menacent d’assigner le Chef de l’Etat pour diffamation.

5 février 2014

Au Bénin, les syndicalistes menacent d’assigner le Chef de l’Etat pour diffamation.

Boni Yayi, désormais dans le collimateur des centrales syndicales du Bénin
Boni Yayi, désormais dans le collimateur des centrales syndicales du Bénin

Au lendemain de l’échec des négociations entre gouvernement et centrales syndicales pour trouver une issue à la crise sociale qui secoue le Bénin, chacune des deux parties s’est prononcé pour apporter sa part de vérité. Et aucune d’elle ne se sent prête à démordre !

Quelques leaders syndicaux...
Quelques leaders syndicaux…

En conférence de presse, les secrétaires généraux des centrales et confédérations syndicales en mouvement collectif de grève au Bénin ont tenu à faire certaines mises au point. A cet effet, ils sont revenus sur l’échec de l’ouverture des négociations en début de semaine. Et comme on pouvait s’y attendre, c’est le gouvernement qui est indexé par les centrales syndicales comme coupable du fiasco de début de semaine et de la paralysie en cours de l’administration publique par les travailleurs.

L’autre annonce majeure faite par les centrales syndicales au cours de leur conférence est l’assignation annoncée en justice du Chef de l’Etat pour diffamation. La plainte que compte déposer ces secrétaires généraux est en réponse aux allégations faites par le Chef de l’Etat Boni Yayi, lors de sa sortie controversée du 27 janvier dernier. Pour les leaders syndicaux, il devra apporter la preuve de leur supposé lien avec l’homme d’affaires Patrice Talon, qui serait l’instigateur du mouvement de grève et répondre de « son mépris» envers eux qu’il accuse d’avoir utilisé du sang de mouton ou de l’encre rouge pour faire croire à l’opinion publique qu’ils avaient subi de préjudices corporels lors de la répression de leur marche du 27 décembre 2013.

Est-ce juste un effet d’annonce ?

Non ! répondent les secrétaires généraux qui voudraient pas cette action en justice, qu’ils espèrent prospère, mettre fin « aux intimidations, aux provocations, et aux calomnies » du Chef de l’Etat. Le Président de la République qui sera même présenté par un syndicaliste comme « un champion de la diversion ». Aussi cette action en justice annoncée devrait-elle, à en croire les syndicalistes pour demander réparations des préjudices moraux provoqués à leur égard par le chef de l’Etat qui constitueraient « une atteinte flagrante à leurs honneurs et à leurs réputations ». Pour la suite des négociations, ils manifestent une fermeté sur certains points qu’ils supposent non négociables. La restitution des défalcations opérées sur les salaires du mois de Janvier, le relèvement de leurs fonctions du préfet de l’Atlantique-Littoral, et du commissaire central de Cotonou seraient des conditions préalables à toute négociation fructueuse.

Dans cette même journée, quelques ministres du gouvernement, notamment celui du travail et du dialogue national, celui de la communication et des technologies de l’information se sont portés au créneau pour donner leur position sur les différents aspects de la crise sociale. Les positions sont restées identiques car le gouvernement accuse toujours les syndicalistes de faire obstruction au dialogue et de « préparer un soulèvement populaire ». Une autre accusation totalement réfutée par les syndicalistes qui clament haut et fort que leur lutte n’est en rien politique. Elle ne vise en aucun cas une accession au pouvoir, un changement de régime mais s’inscrit dans leur logique de défense des droits des travailleurs et des libertés fondamentales, a fait savoir l’un d’entre eux.

Et c’est dans cette ambiance délétère que s’ouvre à nouveau ce jour le deuxième round des négociations entre gouvernement et syndicats en présence des médiateurs de la crise mais sans les centrales syndicalistes non signataires de la motion de grève.

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