Vieux, malades et présidents…
En Afrique, la liste des chefs d’Etat de troisième âge ne cesse de s’allonger. Peu importe la région où l’on se trouve sur le continent, il y a au moins un dans la catégorie des chefs d’Etat ou de gouvernement qui flirtent avec la mort. Et pourtant ils s’accrochent au pouvoir.
Avec son cuir chevelu singulier, Abdoulaye Wade se distingue comme un recordman des chefs d’Etat les plus vieux du monde. Le Gorgui (Vieux en wolof) ne s’en plaignait sans doute pas. A plus de 85 ans, l’ancien président du Sénégal avait encore nourri les intentions de se maintenir au pouvoir. La suite, tout le monde la connaît.
Mais au grand jamais, il n’aura été le seul sur le continent à jouer dans la cour des plus vieux chefs d’Etat
Malgré sa « jeunesse » par rapport à d’autres dinosaures du continent, l’Algérien Abdelaziz Bouteflika, 77 ans, entre dans l’histoire. Mieux encore, dans le livre des records de Guinness. Sauf catastrophe, il sera le premier chef d’Etat élu depuis un fauteuil de « malade » dans le monde. Certes, le Vénézuélien Hugo Chavez en avait fait presque autant d’un lit d’hôpital, mais le leader de la révolution bolivarienne avait le mérite d’avoir battu campagne pour sa réélection. Ce que ne fit guère Abdelaziz Bouteflika pour l’ élection présidentielle’ en Algérie. Sa campagne étant conduite intégralement par ses proches lieutenants. Mais en attendant, la palme d’or de la « vieillesse » revient incontestablement au très controversé président zimbabwéen Robert Mugabe. A 90 ans, l’homme fort de Harare est le doyen des chefs d’Etat du continent. Une position qu’il détient depuis plusieurs années.
Dans cette cohorte de « vieux » présidents, on distingue nombre de chefs d’Etat de l’Afrique Centrale et de l’Est. Le Camerounais Paul Biya, aujourd’hui âgé de plus 80 ans est en « lead » position dans le classement des papys au pouvoir en Afrique.
En Afrique de l’Ouest, c’est à une femme, la toute première élue présidente du continent que revient la couronne. A 76 ans, Ellen Johnson-Sirleaf assure vaille que vaille son rôle de présidente-mémé du Liberia. « Vaincu » par le poids de l’âge, mais « résistant », l’Ivoirien Alassane Dramane Ouattara « ADO » qui a subi tout récemment une opération de sciatique en France répond bien logiquement avec ses 72 ans à l’appel des plus vieux chefs d’Etat du continent. Un contraste puisqu’il n’est arrivé au pouvoir qu’en 2010. Dans le Maghreb, c’est un vrai mélange bien loin d’être homogène. Si la Tunisie et le Maroc peuvent se prévaloir d’avoir à leur tête des dirigeants « jeunes », l’Egypte doit faire avec le retour en force des vieux barons du régime Moubarak de la période d’avant révolution. Le Soudanais Omar El-Béchir a aussi toute sa place sur la short liste avec ses 70 bougies.
Bien avant ces derniers, le continent a toujours connu plusieurs présidents de plus de 70 ans ayant régné sans partage des décennies. Dans ce registre, le Gabonais Omar Bongo est un illustre monument avec 41 ans passés à la tête de son pays. L’ancien locataire du palais de bord de mer à Libreville est mort à 73 ans. Chassé du pouvoir par le « printemps arabe », l’Egyptien Hosni Moubarak qui aura passé vingt bonnes années aux commandes de son pays, aura quitté le pouvoir à 83 ans.
Et comme si dans le monde, il faut être vieux pour mieux gouverner, la moyenne d’âge des chefs d’Etat et de gouvernement est de 61 ans. Une belle alchimie qui « empoisonnerait » les rêves de la jeunesse dans nombre de pays où la sagesse « rétrograde » de la gérontocratie a fini par conduire ces pays dans l’abîme.
L’autre point commun de toutes ces « momies » qui gouvernent l’Afrique est leur état de santé défaillant. Du coup, ce sont des millions de francs des contribuables qui sont dépensés chaque année pour leurs soins de santé.
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