Bénin: Ce que les syndicalistes auraient dit…

27 décembre 2013

Bénin: Ce que les syndicalistes auraient dit…

MarcheEn dépit de la répression dont a fait l’objet leur marche pacifique prévue pour ce vendredi 27 décembre 2013 dans les rues de Cotonou par les forces de sécurité publique, les centrales syndicales du Bénin ont tenu à faire savoir au peuple béninois et à la communauté internationale leur mécontentement face au régime en place. A cet effet, ils ont diffusé à travers différents canaux leur déclaration officielle si la marche avait pu se tenir. Lire la déclaration

DÉCLARATION DES CENTRALES ET CONFÉDÉRATIONS SYNDICALES A LA MANIFESTATION DE PROTESTATION
MOTION

A

– Monsieur le Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Publique chargé des Cultes ;

– Monsieur le Ministre de la Fonction Publique, du Travail, de la Réforme Administrative Chargé du Dialogue Social.
– Considérant que les acquis des luttes des travailleurs et des peuples du bénin ont été consacrés par la Constitution du11 décembre 1990 en ce qui concerne les droits aux libertés, à la sécurité, à l’intégrité physique et à l’égalité des chances devant la loi ;

– Considérant que depuis l’avènement du pouvoir de Boni YAYI en 2006, on assiste de plus en plus aux violations flagrantes, et quotidiennes des libertés élémentaires :

· Interdiction de marches pacifiques pendant que les chantres à la gloire du pouvoir en place sont libres de les faire ;

· Interpellation et incarcération arbitraires de citoyens considérés comme “opposants“ aux pouvoir en place ;

· Fusillades des populations et des étudiants qui réclament leurs droits ;

· Envoie de la police et des milices de bandits contre les manifestations des travailleurs et d’étudiants ;

· Violation des franchises de la bourse du travail, siège sacré des organisations syndicales ;

· Interdiction d’accès aux médias publics, aux partis politiques, aux organisations de la société civile, et aux organisations syndicales qui ont des points de vue contraires à ceux du pouvoir en place ;

· Violation de franchises universitaires et occupation permanente des campus par les forces de l’ordre ;

· Retrait du droit de grève au corps de la douane ;

· Défalcation sur salaires pour des grèves légitimes et légales ;

– Considérant les magouilles et les tripatouillages qui caractérisent, sous l’actuel pouvoir, l’organisation les concours et autres tests de recrutement à la fonction publique ;

– Considérant les propositions idoines des travailleurs regroupés au sein de la FéSYNTRA-Finances pour la bonne organisation des concours des mois de juillet-Août 2012 au profit du Ministère de l’Economie et des Finances ;

– Considérant que ce souhait d’être associé à l’organisation et au contrôle manifesté par les travailleurs a été arrogamment rejeté par le Ministre dutravail et de la Fonction Publique d’alors, Mme Kora ZAKI Léadi ;

– Considérant que les concours de recrutement organisés en juillet-août 2012 au profit du ministère des Finances ont montré un bout de la machine de fraude où les places ont été distribuées aux enfants des dirigeants entraînant même la proclamation comme admis, certains candidats qui n’ont même pas composé ;

– Considérant que malgré tout le tollé de protestations enregistrées et la demande d’annulation desdits concours et leur reprise sans frais pour tous les candidats régulièrement inscrits, le gouvernement a, en sa session du 04 décembre 2013, décidé de les valider au mépris de l’éthique, de la morale et des principes de bonne gouvernance ;

– Considérant que les atteintes aux libertés sont devenues légion avec le gouvernement dit de la “refondation“ ;

– Considérant la lâche et perfide agression perpétrée le lundi 09 décembre 2013 contre la personne de Martin ASSOGBA, Président de l’ONG ALCRER ;

– Considérant que l’insécurité prend de plus en plus des proportions alarmantes dans le pays.

– Considérant que les cas d’assassinats crapuleux du juge Coovi, de Madame Bernadette SOHOUNDJI AGBOSSOU, du professeur DJENONTIN Sébastien, de EL HADJ KOABI FAWAZ de Natitingou, la disparition mystérieuse de Pierre Urbain DANGNIVO, etc… ; sont restés non élucidés jusqu’à ce jour ;

– Considérant que des béninois persécutés par le pouvoir et se sentant en insécurité dans leur propre pays sont obligés de prendre la voie de l’exil ;

– Considérant que des menaces diverses sont proférées par coups de téléphone quotidiennement contre tous ceux qui contestent et critiquent la gestion chaotique et la mauvaise gouvernance, notamment les Secrétaires Généraux des Centrales et Confédérations Syndicales, des Fédérations, des syndicats et des responsables d’autres Organisations démocratiques.

Nous, participants à la marche de ce jour vendredi 27 décembre 2013, organisée sur l’initiative des confédérations et centrales syndicales, CSTB, CSA-Bénin, CGTB, COSI, CSPIB et la FESYNTRA-Finances,

Elevons une vive protestation contre l’insécurité grandissante et les concours frauduleux et exigeons :

1-      Le respect scrupuleux des libertés démocratiques ;

2-      Le jugement des violateurs des libertés et la réhabilitation des victimes ;

3-      L’imprescribilité des crimes politiques et économiques ;

4-      L’annulation des concours frauduleux et l’implication des organisations syndicales dans le processus de leur organisation ;

5-      Que soient retrouvés et jugés devant les tribunaux les agresseurs et autres commanditaires de la disparition mystérieuse de Pierre DANGNIVO, des assassins du juge Coovi, de dame Bernadette SOHOUNDI AGBOSSOU, du professeur Sébastien DJENONTIN, du jeune EL-HADJ KOUABI FAWAZ de Natitingou, des producteurs des coopératives dans l’Ouémé, des vendeurs du kpayo, etc….

6-      Que cesse l’envoie des milices privées par les autorités pour perturber des manifestations des travailleurs.

Nous prenons le peuple béninois et la communauté internationale à témoin sur l’urgence de la nécessité pour le gouvernement de satisfaire les présentes préoccupations.

En cas d’entêtement du gouvernement à poursuivre la gouvernance calamiteuse au mépris des questions essentielles de la sécurité des travailleurs, de la jeunesse et des populations du Bénin, les organisations initiatrices de la présente marche invitent le peuple à une mobilisation générale en vue de sauver le pays en danger. A cet effet, une grève générale de tous les travailleurs du pays sera annoncée par les organisations syndicales dans les tous prochains jours.

Fait à Cotonou, le 27 décembre2013

Ont signé

Confédération Syndicale des Travailleurs du Bénin (CSTB)

Confédération Générale des Travailleurs du Bénin (CGTB)

Centrale Syndicale Autonome (CSA)

Confédération des Organisations Syndicales Indépendantes du Bénin (COSI Bénin)

Fédération des Syndicats des Travailleurs des Finances (Fesyntra Finances)

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