Bénin : La Constitution a 23 ans !

11 décembre 2013

Bénin : La Constitution a 23 ans !

constitutionIl était le label de la démocratie en Afrique ! Il était connu pour avoir lancé la vague de conférences nationales des forces vives de la Nation en Afrique francophone. Une pléiade de conférences qui a laissé place dans plusieurs pays à une démocratie à l’africaine ! Le Bénin, 23 ans après célèbre sa Constitution. Une Constitution adoptée le 11 décembre 1990, quelques dix mois après l’historique Conférence de février 90 qui posa les jalons de la démocratie béninoise.

Un enfant né à cette même date aurait grandi ! Il aurait pris de l’âge ! Deux décennies plus tard, il serait un adulte seul au front. Et bien, voilà ce que vit la Constitution béninoise, vingt-trois ans après son adoption. Cible récurrente de vives polémiques de sa révision ou de son rajeunissement, surtout en 2006 et depuis quelques mois où un projet de sa révision forcée est agitée par le parti au pouvoir, la loi fondamentale du Bénin tient toujours debout. Mais pour combien de temps encore ? Au Bénin, tous s’accordent sur la nécessité de passer à un toilettage de la Constitution, et ceci bien des années déjà. Mais une prudence née de l’après révision de Constitution sur d’autres cieux en Afrique amène une bonne partie de la population, notamment celle de l’opposition à afficher un non systématique à tout projet de révision constitutionnelle alors même que la Constitution elle-même prévoit les conditions de sa révision.
Au Bénin, on n’aime jouer avec le feu. Du président Mathieu Kérékou à son successeur Boni Yayi, tous deux ont pu mesurer l’intransigeance des béninois sur tout projet de révision de la Constitution. Bien qu’il existe des personnes qui soutiennent à chaque fois ce projet, le « Touche pas à ma Constitution » prend une ampleur qui ne fait qu’abîmer que ce rêve fou d’avoir eu le mérite de réviser la Constitution béninoise. Si le président Mathieu Kérékou, à son époque, avait affiché un silence de cimetière qu’on lui connait sur le sujet, Boni Yayi ne manque pas à toute occasion de rappeler et d’appeler au soutien de son projet de révision de la Constitution. Le buffle de Tchaourou[1], comme on l’aime l’appeler ici jure par sa bonne foi de ne pas se représenter aux élections présidentielles. Ses sbires clament haut et fort que la révision de la Constitution béninoise ne saurait donner lieu à une Nouvelle République qui puisse lui permettre de briguer un nouveau mandant. Mais l’opposition et une bonne partie de la société civile n’y croient pas. Et pour marquer le non catégorique à ce projet, ils inventent le mouvement « Mercredi Rouge » sous l’impulsion du Prof Joseph Djogbénou, acteur de poids de la société civile du Bénin. Boni Yayi a-t-il manqué la sagesse du Caméléon[2] qui reste évasif sur le sujet ? Aurait-il la clairvoyance d’esprit du président Hercule[3] qui a reconnu le verdict du peuple qui l’a écarté du pouvoir en 1996 ? Boni Yayi semble seul face à son destin ? Vingt-trois ans après la naissance de la Constitution béninoise, Boni Yayi tiendra-t-il mordicus à sa révision ? Il est le seul à détenir la réponse.

Mais il y a bien plus urgent dans le pays qu’une révision à pas forcé de la révision. C’est en tout cas ce qu’affirment l’opposition et les populations. Et l’opposition, sous la bannière de l’Union fait la Nation (UN) a attendu la veille de cette date anniversaire pour faire le requiem du régime au pouvoir. Comme à son habitude, le langage a été très dur pour faire le procès de Boni Yayi et de sa mouvance présidentielle. La sécurité, l’amélioration des conditions de vie des béninois, la décrispation de la tension politique, « la fin de la persécution » des investisseurs nationaux, l’emploi des jeunes sont autant de priorités que devraient s’accorder le gouvernement, martèlent-ils.

Néanmoins, aucune constitution au monde n’est modifiable. Il y a bien des pays comme la France, les Etats-Unis qui ont bien touché aux leurs sans pour autant basculer dans un régime autocratique ou dans le règne à vie d’un chef d’Etat au pouvoir. Le Japon, troisième puissance économique mondiale, plus d’une soixantaine d’années traine toujours même la constitution. Des Nations plus respectueuses de la Démocratie préservent depuis des lustres leur Constitution. Certes, la Constitution fixe le cadre légal de développement d’un pays mais le développement d’un pays n’est pas réduit à sa Constitution…

Halte aux téméraires de tout bord !

Joyeux Anniversaire à toi  très chère Constitution

PS : Sachiez que je suis de ceux qu’on appelle au pays les années de la démocratie. Suivez mon regard…



[1] Tchaourou : village d’origine du Président Boni Yayi

[2] Caméléon : Surnom donné à l’ancien président Mathieu Kérékou

[3] Hercule : Surnom donné à l’ancien président Nicéphore Dieudonné Soglo

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Commentaires

H.H.M.Avoce
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Si aujourd'hui la population refuse la revision de la constitution on ne saurait expriqué par ce qui ce passe ailleur et des actes que pose le pouvoir en place. Car pour Hurssel:<> Alor comprener chacuns dans sa position.Pour l'uns c'est leurs intèrêt qui les preocupent et pour d'autres c'est la democratie qu'ils pretendent defendre.