Bénin : La grève aura lieu…

7 janvier 2014

Bénin : La grève aura lieu…

Grève au BéninLe mouvement de paralysie générale de la fonction publique de 48 heures annoncée par les centrales et confédérations syndicales du Bénin, pourrait être largement suivi. En effet, de nombreuses organisations syndicales ont appelé leurs militants au strict respect du mot d’ordre.

Les menaces de défalcations de salaire brandies par les autorités gouvernementales pourraient ne pas avoir fait trembler les travailleurs de la fonction publique. Ces derniers sont gonflés à bloc pour mettre en exécution à compter de ce jour la paralysie générale de l’administration publique. Une manifestation qui fait suite à la violente répression de la marche syndicale du 27 décembre dernier à la Bourse du Travail. Ladite répression aurait fait dans le rang des manifestants 23 blessés dont 06 femmes et la plupart des secrétaires généraux de centrales syndicales admis en urgence au Centre National Hospitalier et Universitaire (Cnhu) de Cotonou.

Quelques leaders syndicaux...
Quelques leaders syndicaux…

Et pour les leaders syndicaux, ce mouvement de débrayage collectif de mardi et mercredi ne serait qu’un premier avertissement à l’encontre du pouvoir. Le ton pourrait se durcir si le gouvernement tient mordicus à la « violation des libertés syndicales ». A cet effet, une brigade de veille serait mise en œuvre dans plusieurs services publics du pays par les centrales syndicales ; pour « s’assurer » que les camarades observent le mouvement. Par ailleurs, cette brigade de veille devrait recenser les actes d’intimidations du gouvernement contre les travailleurs qui s’aligneraient favorablement sur le mouvement.

Dans un communiqué rendu public en début de semaine, les confédérations syndicales du Bénin déclarent qu’on assiste « depuis ces derniers temps aux violations fragrantes et quotidiennes des libertés élémentaires, notamment par l’interdiction de marche pacifique des travailleurs ; la violation des franchises de la bourse de travail; l’interdiction d’accès aux médias publics aux organisations syndicales et enfin des défalcations sur salaires pour des grèves légitimes et légales ».

Hier lundi, plusieurs assemblées générales ont été organisées dans les services publics. Il en ressort que le mouvement pourrait être largement suivi car de nombreux syndicaux y adhèrent. Tous les secteurs d’activité pourraient être touchés. Même les syndicats des médias publics ont appelé leurs militants à la grève.  Le Bénin pourrait donc tourner au ralenti avec une économie paralysée.

Les centrales syndicales espèrent à la suite de ce mouvement d’avertissement « le respect scrupuleux et la jouissance sans entraves des libertés démocratiques et syndicales, la garantie de la sécurité à tous les citoyens, surtout des responsables syndicaux, des responsables des partis et organisations ne partageant pas les mêmes points de vue que le pouvoir ».

Aussi, espèrent-elles que ce mouvement amènerait le gouvernement à se pencher sur la sulfureuse question d’augmentation de 25% du point indiciaire à tous les agents de l’Etat décidé en 2011 par le gouvernement, la restitution des défalcations « arbitraires » sur salaire pour fait de grève « licite » et le relèvement du salaire  minimum à hauteur de 60.000 FCFA (environ 93 Euros) dans le secteur privé et parapublic.

Placide Azandé, le Préfet de l'Atlantique-Littoral
Placide Azandé, le Préfet de l’Atlantique-Littoral

Toutefois, les centrales syndicales veulent faire rendre gorge à toutes les autorités qui seraient impliquées dans la bastonnade du 27 décembre dont elles ont été victimes. A cet effet, elles exigent le « limogeage » et  le « jugement » du préfet de l’Atlantique Placide Azandé et du commissaire central de Cotonou, Pierre Agossadou pour violation des libertés démocratiques et syndicales. Dans leur viseur, le service des sapeurs pompiers, qui à leur dire, ne serait pas venu sur les lieux de la répression pour secourir les blessés et les référer à l’hôpital.

Pierre Agossadou, commissaire central de Cotonou
Pierre Agossadou, commissaire central de Cotonou

Avec toutes ces récriminations des centrales syndicales contre les autorités gouvernementales, on craint le pire dans le pays. Certains n’hésitent pas à annoncer que c’est le début d’une fin de mandat agité pour le chef de l’Etat, qui constitutionnellement est dans le dernier virage et de son deuxième et dernier mandat présidentiel qui prend fin le 06 Avril 2016 à 00 heure.

C’est sans doute pourquoi on annonce du côté du gouvernement qu’il s’agirait plutôt d’une grève politique. Et de nombreux partisans du chef de l’Etat ont appelé les travailleurs de leurs régions à se désolidariser du mouvement. « Le Président de la République ne mérite pas cela » ont lancé la plupart d’eux au cours de nombreux meetings politiques durant le week-end.

Reste à savoir qui l’emportera entre gouvernement et syndicat. Seule victime, le pays dont la vitrine est totalement mise en mal.

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