Bénin : Top 10 du vocabulaire politique sous Boni Yayi…

Article : Bénin : Top 10 du vocabulaire politique sous Boni Yayi…
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14 mai 2014

Bénin : Top 10 du vocabulaire politique sous Boni Yayi…

Dans le monde entier, chaque formation politique a son identité. Chaque homme politique, son style. Chaque régime présidentiel, sa marque de fabrique. Et chaque chef d’Etat, sa gouvernance politique. Boni Yayi, le président de la République du Bénin ne se déroge pas à cette tradition aussi vieille que le monde. Alliant démocratie, populisme voire même la « dictature du développement », le locataire du Palais de la Marina[1] tient à son rythme le pays depuis 2006. Une gouvernance à polémiques qui aura le mérite d’imposer au quotidien des Béninois certains mots abondamment utilisés dans la politique locale. Coup d’œil sur dix de ces mots (maux) qui font la gouvernance politique de Yayi.

Logo de l'Alliance Politique soutenant les actions de Boni Yayi.
Logo de l’Alliance politique soutenant les actions de Boni Yayi.

1-      Cauris : Coquillage originaire de l’océan Indien ayant servi de monnaie dans l’ancienne Afrique tropicale et encore utilisé dans les rites divinatoires, le cauris symbole de la richesse et de la prospérité, est usité par Boni Yayi pour la première fois lors de sa campagne en 2006. C’est aujourd’hui le logo de l’Alliance politique du chef de l’Etat inscrit dans un fond vert pour marquer le renouveau « espéré » du pays. Une manière pour l’ancien banquier qu’est Boni Yayi de montrer sa provenance professionnelle et d’afficher des ambitions de création effrénée de richesse pour le Bénin à sa prise de pouvoir. Qu’en est-il aujourd’hui ?

2-      Changement : Concept politique popularisé par Boni Yayi lors de la campagne présidentielle de 2006, le changement devrait permettre au pays au lendemain de sa première prestation de serment du 6 avril 2006 d’amorcer son développement socio-économique. Boni Yayi était le candidat de la rupture et de l’espoir. Mais ce changement aura-t-il été dans le sens positif ? Aura-t-il comblé les attentes ? Boni Yayi lui-même a été le premier à donner la réponse en mettant en vogue pour l’élection présidentielle de 2011 un nouveau concept politique

3-      Refondation : Ce fut sans aucun doute le grand aveu d’échec de Boni Yayi pour son premier quinquennat. Avec un régime, des collaborateurs et lui-même cités et impliqués dans nombre de scandales au sommet de l’Etat, Boni Yayi s’empresse de proposer aux Béninois un nouveau type de gouvernance politique. La Refondation qui devrait être pour le leader des Cauris le moyen d’amorcer enfin (après 2011) le réel Changement du pays. Trois ans après, les choses ont-elles vraiment évolué sous le régime ?

4-      Scandale : Sous le premier mandat de Boni Yayi, la tasse de thé des Béninois a été ces nombreux scandales qui éclaboussaient sans cesse le régime. Scandale politique, économique et financier, le régime aura battu, selon nombre d’observateurs le record. Des scandales qui à la lecture de la situation politique actuelle du pays connaissent encore des heures de gloire sous le régime de la Refondation. Suffisant pour qu’on chante au Bénin que du Changement à la Refondation, c’est du pipe au même.  Et pour s’en sauver, la solution magique de Boni Yayi reste depuis 2006 des limogeages presque fantaisistes.

5-      Limogeage : S’il y a un régime qui bat les records de limogeage au Bénin, c’est celui de Boni Yayi. En huit ans de présidence, Boni Yayi aura essayé plusieurs cartes et personnalités à la tête des institutions publiques, au sein de son cabinet et dans ses différentes équipes gouvernementales. Mais presque à chaque fois, les mêmes remarques de mauvaise gestion et des scandales qui accablent ces derniers et la suite tout le monde la connaît : un limogeage pur et simple. Champion des limogeages, Boni Yayi n’aura eu aucun scrupule en limogeant en juin 2013 tous les membres de son équipe gouvernementale. Une première dans l’histoire politique du Bénin. Des limogeages et des remplacements sans cesse qui sont bien loin de conduire le pays à la terre promise.

6-      Emergence : Faire du Bénin un pays émergent d’ici 2025, c’était la grosse promesse de campagne de Boni Yayi en 2006. Mais une promesse, encore loin d’être tenue au regard de tout ce qui fait le régime, semble bien être une grosse utopie. Même si le régime semble convaincu de son projet, le doute persiste. Ce qui justifie la guerre des chiffres autour des résultats économiques que le pays aurait réalisés ces deux dernières années. Mais pour le régime, l’émergence promise est aussi sous le signe de la prospérité partagée.

7-      Prospérité (partagée) : Si pour les soutiens du chef de l’Etat, l’émergence ne serait qu’une question de temps, il y a bien des signes évidents qu’elle n’est pour demain. Du moins, tous les Béninois ne vivent pas cette émergence de la même manière. Comme Boni Yayi lui-même l’a maintes fois reconnu, elle devrait être soutenue par une prospérité partagée. Tous les Béninois devraient jouir de cette émergence au quotidien mais hélas ! Seuls quelques projets sociaux lancés sous fond de populisme politique sont agités par les chantres du changement et les thuriféraires de la refondation comme des réalisations de la prospérité partagée. Et bien curieusement, le grand coupable de toute cette parodie managériale de Boni Yayi a un nom.

8-      Talon : Homme d’affaires béninois et ancien proche du chef de l’Etat, Patrice Talon a été cité plus d’une fois ces deux dernières années par le régime comme le grand coupable de la difficile situation économique et sociale du pays. Aujourd’hui en conflit avec Boni Yayi, c’est lui le grand démon du pays. Vilipendé de toute part par les indéfectibles soutiens de Boni Yayi, Patrice serait le talon d’Achille du régime.  Et le 27 janvier 2014, Boni Yayi aura lui-même déclaré qu’ « …avec 1 % de la fortune que dispose l’homme d’affaires à l’étranger, tous les problèmes du Bénin seront résolus… ». Est-ce qui justifie toutes ces tentatives supposées ?

9-      Tentative : Le premier des Béninois qui aura échappé à maintes tentatives ces dernières années a un nom. Boni Yayi, puisque c’est de lui qu’il s’agit devra rendre grâce à Dieu. En tout cas, ses proches l’ont si bien compris qu’ils ne cessent de multiplier les séances de prière presque au quotidien sur toute l’étendue du territoire en sa faveur. Boni Yayi, c’est d’abord l’homme qui aura échappé à une tentative de braquage (je dis bien braquage et non attentat comme l’ont raconté certains médias) moins d’un an après sa prise de pouvoir. Il est vrai que cette attaque des coupeurs de route jamais identifiés contre le convoi présidentiel en pleine campagne législative aurait pu tourner et mettre « le pays à feu et à sang », mais trop juste pour ces campagnes de compassion et de prière organisées plus tard dans tout le pays. Et les tentatives, Boni Yayi s’y échappe bien. Du moins, à en croire les jacassements du régime. Les dernières en date sont celles d’ « empoissonnement » et de « coup d’Etat » qu’auraient commanditées l’homme d’affaires Patrice Talon. Mais bien malin, Boni Yayi sait convaincre plus d’un Béninois de ces affaires. La stratégie, elle est bien simple.

10-  Populisme : C’est encore appelé au Bénin, la méthode Yayi. Cette trouvaille du chef de l’Etat lui profite si bien qu’il ne peut s’en défaire. Depuis 2006, l’homme contrôle d’une main de fer les médias publics qui n’ont d’autres choix que chanter les mérites et les réalisations très souvent en promesse du régime. Voyages, audiences, Conseils des ministres, décrets présidentiels, arrêtés ministériels, et même des histoires loufoques sont diffusés et repris à longueur de journée sur les médias publics et quelques privés « achetés » à prix d’or par le régime. Et au même moment, Boni Yayi lui, ses ministres et autres proches ne se lassent point d’aller prendre le bain de foule dans tous les coins de rue du pays. Dernière trouvaille en date, un Conseil de ministres tournant qui crée le buzz au pays.

Il n’y a donc point de doute, Boni Yayi est bien loin d’accomplir à moins de deux ans de la fin de son dernier mandat constitutionnel ses nombreuses ambitions pour le pays. Même si ses partisans le présentent comme le président qui aura le plus contribué au développement du pays, les faits ne lui donnent toujours pas raison. Et l’opposition ne cesse de menacer (même si le ton a baissé) d’une retraite calamiteuse sur fond de poursuite judiciaire pour celui qu’on appelle au Bénin, le Buffle de Tchaourou.



[1] Nom donné au Palais de la Présidence du Bénin

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Commentaires

Zak Le Messager
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Beaucoup de questions pour lesquelles on attend encore une réponse.
Ce changement aura-t-il été dans le sens positif ? Aura-t-il comblé les attentes ? Qu’en est-il aujourd’hui ?

De Rocher Chembessi
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Zak; on se pose aussi les mêmes questions que toi. On espère pouvoir y trouver des réponses en 2016 au terme du mandat de notre grand Seigneur de Président...

mareklloyd
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il reste "Bondinini" mon frère.. Tu as déjà oublié? lol

De Rocher Chembessi
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Lol! Merci pour la piqûre de rappel...