Bénin : un dignitaire du régime est tombé…

15 janvier 2014

Bénin : un dignitaire du régime est tombé…

Justin Gbènamèto, ancien procureur de la République...
Justin Gbènamèto, ancien procureur de la République…

On l’appelle Justin Gbènamèto. Il est l’un des magistrats les plus connus du Bénin. Sous le régime de Boni Yayi, encore au pouvoir jusqu’en 2016 au Bénin, il fut l’une des pièces maîtresses de toutes les scabreuses affaires l’ayant éclaboussé.

Mais voilà ! L’ancien procureur de la République du tribunal de première instance de Cotonou vient d’être radié du corps de la magistrature. La nouvelle qui fait la boucle de la presse béninoise est tombée en début de soirée de ce mercredi. Justin Gbènamèto indexé par nombre de Béninois comme une marionnette du pouvoir l’a appris à ses dépens.

On le savait sous résidence surveillée. Il faisait depuis quelques jours objet de filature. Il était suivi et poursuivi dans ses faits et gestes. Quelques heures après son éviction du corps des magistrats par le Conseil supérieur de la magistrature, il déclare que la horde d’hommes en armes déployés pour assiéger sa maison le poursuivrait jusque dans son église où il officie comme pasteur.

Mais qui est Justin Gbènamèto ?

Nommé dans la foulée de l’affaire ICC services à la suite de l’incarcération de l’ancien procureur Constant Amoussou, accusé d’être de connivence avec les escrocs de ICC services, le magistrat devenu procureur se fera vite remarquer. Dans plusieurs affaires qui éclaboussent le régime de Boni Yayi, il prend la défense du pouvoir.

Tout commence par sa tonitruante conférence de presse aux côtés de l’actuel directeur de la police nationale qui lance le feuilleton de « tentative d’empoisonnement du chef de l’Etat ». Plus tard, c’est encore lui qui annonce tambour battant qu’un coup d’Etat contre Boni Yayi vient d’être démantelé et les présumés commanditaires arrêtés par les services de sécurité. C’est aussi le début de l’affaire « tentative de coup d’Etat contre Boni Yayi ». Dans sa gestion de ces deux sulfureuses affaires, l’homme se montrait toujours aux ordres du pouvoir. A maintes reprises, il était revenu à la charge pour démontrer la culpabilité des mis en cause. Il a même été à la base de certaines messes de compassion à l’endroit du Chef de l’Etat dans son église.

Au Bénin, on a encore mémoire ses appels contre la décision du juge d’instruction Angelo Houssou, aujourd’hui en cabale aux Etats-Unis qui prononçait un non-lieu général. Bien que la cour d’appel de Cotonou est confirmée ces non-lieux, partiellement, le procureur n’avait pas manqué de saisir la Cour suprême, convaincu que le chef de l’Etat avait subi de préjudices graves dans ces affaires.

A Cotonou,  Justin Gbénamèto et Boni Yayi, c’était le couple presque parfait. La belle lune de miel. Combien étaient-ils ces proches du pouvoir qui n’encensaient pas cet homme d’Eglise ? Combien étaient-ils ceux qui ne voyaient pas en lui le justicier parfait dans le camp du régime Yayi ? Justin Gbènaméto était devenu le chouchou d’une horde de politiciens abonnés au palais de la Marina.

Mais patatras, une banale affaire immobilière le propulsera dans la ruine. Justin Gbénamèto  est accusé de corruption, en quelques mois c’est la déchéance. D’abord suspendu de son poste de procureur de la République, il sera plus tard limogé et remplacé par un autre très proche de Boni Yayi. Mais la disgrâce fut très douloureuse. Ecouté dans la journée en début de semaine par le Conseil supérieur de la magistrature, Justin Gbènamèto subira un verdict assez lourd. Une radiation pure et simple du corps.

La suite, seuls les initiés le savent…

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Commentaires

Marc
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Merci