Au Bénin, une marche de syndicalistes réprimée dans le sang
Les centrales et confédérations syndicales du Bénin n’ont pu conduire leur marche de protestation prévue ce vendredi 27 décembre à Cotonou. Un impressionnant dispositif sécuritaire a été déployé sur les lieux pour réprimer le mouvement de protestation.
En marge du discours sur l’Etat de la Nation devant les élus du peuple à l’Assemblée nationale, les centrales syndicales du Bénin avaient annoncé l’organisation le même jour d’une marche pacifique à travers les principales artères de Cotonou pour dénoncer les « dérives » du régime au pouvoir en matière de démocratie, de gouvernance et de la gestion des travailleurs. Très tôt, cette marche a fait l’objet de vives polémiques au sein de l’appareil d’Etat. Le préfet de l’Atlantique Placide Azandé décide alors d’interdire cette manifestation en évoquant un trouble public. Il agite comme c’est le cas depuis quelques années un arrêté préfectoral de son prédécesseur qui interdit les marches dans le département. Un décret qui n’a plus sa raison d’exister, estimaient les leaders syndicaux, car ayant été pris au lendemain des résultats de la « frauduleuse » élection présidentielle de 2011 ayant reconduit le chef de l’Etat Boni Yayi dès le premier tour. Selon certaines indiscrétions, leur préfet aurait subi la veille de la marche une agression verbale de la part des responsables syndicaux dans l’enceinte de la mairie de Cotonou où il était en tournée.
Malgré cette interdiction, les centrales syndicales ont maintenu leur mot d’ordre. Ils étaient ce matin en grand nombre à la Bourse du travail à se préparer pour « protester contre la violation des libertés syndicales ». Mais c’était sans compter avec le zèle des autorités préfectorales et policières qui ont usé des moyens musclés pour faire échouer la manifestation.
La marche a été violemment réprimée par les forces de l’ordre. De nombreux militants des centrales syndicales présents sur les lieux ont subi les violences policières . On dénombre dans leur rang de nombreux blessés qui suivent actuellement des soins intensifs au Centre national hospitalier et universitaire (CNHU) de Cotonou.
Face à cette situation, les centrales syndicales ont annoncé l’organisation à compter du lundi prochain d’une grève générale illimitée dans tout le pays pour « manifester leur désarroi » contre un régime liberticide.
Aussi faut-il dire que cette répression de la marche syndicale aura ravi la vedette au discours sur l’état de la Nation du président de la République, qui aux dires des analystes, n’aura été qu’une succession de promesses à quelque deux ans de la fin de son mandat.
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