CoP 19 : De longues, folles, rudes négociations pour du vent ?

25 novembre 2013

CoP 19 : De longues, folles, rudes négociations pour du vent ?

logo_COP19-300x266La 19ème Conférence des Parties sur le Climat (CoP19) tenue à Varsovie (Pologone) aura-t-elle permis de poser les jalons d’un nouvel accord mondial sur les changements climatiques ? Fut-elle l’autel d’un nouvel engagement pour la réduction des changements climatiques ou tout simplement celui du crucifix pour les millions de victimes dans le monde ?

Les différents événements survenus aux négociations de Varsovie, font croire que la CoP 19 aura été une partie de bal des « incapables » et de « prétentieux » sans vergogne. En effet, les délégués des 192 Etats prenant part aux travaux auraient fait preuve d’une légèreté pour les uns (pays pauvres) et d’une fermeté pour les autres (pays en développement), d’un mauvais arbitrage pour certains (USA, Union Européenne, etc…) préjudiciables pour des millions d’hommes, d’animaux, de végétaux, d’océans dans le monde. La CoP 19 annoncée comme la grande croisade mondiale contre les changements climatiques en prélude à la Conférence de Paris en 2015 a juste accouché d’une souris. Un accord in extremis et aux minima, obtenu au lendemain de la fin officielle des négociations. Et les Organisations Non Gouvernementales (ONG) n’ont pas manqué de manifester leur désarroi à la vieille de la fin des négociations qui s’annonçaient totalement infructueuses. Dans un sursaut d’orgueil, qu’on pourrait même qualifier de dernière minute, celles-ci ont boudé la conférence en quittant le stade national de Varsovie qui abrite les travaux de la conférence. Du spectacle ? Nul ne saurait le dire.

Varsovie : la marche à reculons ?

Avec la manifestation des grandes ONG mondiales, le monde entier a été alerté sur la cruauté de certains Etats dont notamment la Chine, l’Inde, le Japon, l’Australie, le Canada, et de certains pays européens sur leurs objectifs d’émission de gaz à effet de serre. Et l’objectif annoncé à la CoP 18 à Doha (Qatar), de contenir à moins de 2°C le degré de réchauffement de la planète par rapport à l’ère préindustrielle semble une utopie. Varsovie, bien qu’elle ait été le théâtre des plus longues, rudes et folles discussions autour du climat, arbore une disgracieuse tunique d’échecs et de simulacres. En plus de la position suicidaire adoptée par certains Etats, la remise en cause du marché carbone, la présence à Varsovie de certaines firmes multinationales, des lobbyings pro-nucléaire, montre ô combien les prochaines joutes verbales à Pérou (CoP 20) et en France (CoP 21) seront indécises. Et les ONGs présentes à Varsovie ont manifesté leur surprise sur la présence des groupes miniers, des automobilistes, des groupes mobiliers, etc…, dans le cycle des négociations. Elles affirment même que c’est une nouvelle chimère pour les pays pauvres car ces grands groupes soutenus par leurs Etats devraient prioritairement défendre leurs intérêts. Selon des informations rapportées par la presse internationale, le négociateur américain Ted Stern aurait même déclaré qu’il « faut laisser l’idéologie à la porte ». Ce qui suppose qu’il ne peut avoir de traitement différencié entre pays développés et pays en développement. Doit-on craindre la fin de la responsabilité sociétale des grandes puissances face aux effets des changements climatiques ? Peut-on espérer un accord réaliste et imposable à tous les Etats en 2015 ? L’échéance de 2020 pour la mise en œuvre d’un nouveau protocole d’accord sur l’émission des gaz à effet (GEZ) de serre sera-t-elle respectée ? Quel avenir donc pour le fonds vert pour le climat ?

Varsovie : la Conférence des incertains ?

Bien malin qui pourra répondre à toutes ces interrogations suscitées par les assises de Varsovie. Déjà, l’Organisation Météorologie Mondiale (OMM) annonce un nouveau pic exceptionnel de concentration de CO2 dans l’atmosphère avec une trajectoire de réchauffement de la planète estimée à près de 4°C. Dans une logique peu honnête, une assurance a été tout de même donnée aux pays en développement (sur insistance de ces derniers) pour la mobilisation des 100 milliards de dollars d’ici 2020 promis à Copenhague par les pays riches pour financer les projets d’adaptation aux changements climatiques. Mais pas tout à fait convaincant. Le risque d’implosion est bien visible. Avec le spectacle de Varsovie, on court vers une tendance mondiale de méconnaissance et d’inapplication des accords de réduction de gaz à effet de serre. Des pays dits « puissants » se donneront le luxe de payer pour réchauffer davantage la planète. Dans cette pathétique conférence, Ban Ki-Moon, Secrétaire Général des Nations-Unies, qui rassure les pays pauvres d’une mobilisation probable des ressources de financement de l’adaptation des populations pauvres aux changements climatiques et non pas de l’atténuation, en appelle au secours des villes, qui selon lui seraient « les moteurs de dynamisme et de créativité, les milieux propices à nos efforts pour combattre le changement climatique, concevoir et parvenir rapidement au progrès et au développement plus équitables ». L’autre fait marquant de la Conférence de Varsovie a été le limogeage du ministre polonais de l’Environnement, Marcin Korolec, qui présidait les négociations suite à un remaniement ministériel survenu en Pologne. Pis encore, la Pologne qui accueillait les négociations a défendu son indépendance pour l’exploitation de son charbon et probablement sur celle du gaz de schiste.

De Varsovie à Paris : Encore un long et pénible chemin pour un accord plus ambitieux, réaliste et contraignant sur les changements climatiques !

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Commentaires

EKEDI EDJENGUELE Anne Michelle
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Quue très peu surprise..tellement il y'a divers intérêts en jeu.

DJOHY
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Enjeux, intérêts, stratégies...c'est ce qui caractérise les relations internationales. L'intérêt commun, n'a, et ne sera jamais le souci premier...Peut-être dans un autre monde ou sur une autre planète.