Dans deux ans, Boni Yayi quittera le pouvoir au Bénin

7 avril 2014

Dans deux ans, Boni Yayi quittera le pouvoir au Bénin

Boni Yayi lors de sa prestation de serment en 2006
Boni Yayi lors de sa prestation de serment en 2006

Quoiqu’il espère, le compte à rebours a commencé.  Arrivé au pouvoir le 6 avril 2006 et réélu en 2011, l’actuel chef de l’Etat béninois vient de boucler huit années à la tête du pays. Huit années longues pensent certains, et trop courtes selon d’autres pour apprécier la gestion du pays par l’ancien président de la Banque ouest-africaine de développement (Boad). Néanmoins, tous s’accordent que c’est désormais le sprint final pour Boni Yayi afin de concrétiser nombre de ses ambitions affichées et promesses électorales de 2006 et 2011.

Dans deux ans, l’intrus quittera la maison. Au troisième anniversaire du second mandat, les Béninois n’ont désormais d’yeux que pour les joutes électorales de 2016. Pour Boni Yayi donc, c’est donc le début de la fin. Autant mathématiquement que constitutionnellement, le chantre de la « refondation » devra passer les commandes. C’est sans doute pourquoi la célébration de ses huit ans à la tête du pays a connu autant de faste dans le rang de ses supporteurs. Ces derniers « soumis » aux louanges du chef et de ses « actions », les autres citoyens dans l’extase de la fin imminente d’un régime longtemps aux « abois ».

Du côté de la mouvance présidentielle, l’occasion était donc très belle d’afficher une fois encore l’admiration au chef de l’Etat. Concerts, prières chrétiennes et musulmanes, marches de soutien et caravanes dans les principales villes du pays ont marqué les temps forts de la célébration du huitième anniversaire de l’accession au pouvoir de Boni Yayi. De leurs déclarations, on pouvait tout simplement déduire que Boni Yayi est victorieux à tous les coups. Son mandat n’aura été que succès dans tous les domaines. En lui, ces derniers n’ont vu qu’un grand bâtisseur au service d’un pays longtemps « spolié ».

Mais Boni Yayi est-il autant un homme à succès ?

Faux, rétorquerait une bonne partie de l’opinion nationale restée totalement indifférente à tous les jacassements des sbires du régime durant le week-end. Qu’il s’agisse de l’opposition, de la société civile, ou du simple citoyen, difficile pour  eux de cacher leur « déception » face à un pouvoir dont ils jugent la gouvernance « catastrophique ». Ils en veulent pour preuve les nombreux scandales de corruption ayant éclaboussé le régime, la « gabegie » au sommet de l’Etat notamment dans les entreprises et offices publics, le chômage galopant, l’échec de la lutte contre la pauvreté, les nombreuses chasses à l’homme enclenchées par le régime, la privation des libertés publiques et le musellement des forces de gauche, les échecs sur le plan politique et social corsés par la longue crise sociale qui secoue le pays depuis décembre 2013.

Autant d’éléments qui réconfortent ceux qui pensent que le régime a été un échec sur toute la ligne. Un simple conglomérat de parvenus ayant conduit le pays dans le « gouffre ». En effet, ces derniers estiment que sous Boni Yayi, le Bénin a basculé dans la dictature et qu’il est un président adepte des crises. Ce qui leur fait prédire à Boni Yayi un long parcours « judiciaire » à la fin de son mandat.

Des accusations qui n’ébranlent point le camp au pouvoir. Pour ces derniers, Boni Yayi fut et reste un président volontariste, dévoué et soucieux de l’avenir du pays. Le bâtisseur qu’ils lui reconnaissent aurait mis le pays sur la marche du développement à travers de nombreux projets mis en œuvre depuis 2006 sur toute l’étendue du territoire national et dans divers domaines.

Pour eux, Boni Yayi est le symbole de la modernité, du progrès social, de la lutte contre la pauvreté, de l’audace et de la détermination. C’est aussi l’homme des grands challenges notamment dans l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), la lutte contre l’impunité. Mieux encore, le pays afficherait l’un des taux de croissance les plus performants de l’Afrique et que les techniciens du régime estiment à près de 6 % pour l’année 2013 et un revenu par habitant de 800 dollars US.

Suffisant pour que le culte de la personnalité soit à son paroxysme dans les arcanes du pouvoir. Et que ces derniers se tiennent debout pour la continuité dans la gestion du pouvoir présidentiel en faisant élire en 2016 comme président un proche de l’actuel chef de l’Etat ou un cacique des Forces Cauris pour Bénin émergent (FCBE), l’alliance politique qui soutient Boni Yayi.

S’il y a une chose donc que les Béninois espèrent tous de Boni Yayi, c’est le respect de la Constitution au soir de son mandat qui échoie le 6 avril 2016 à minuit.

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Commentaires

RitaFlower
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Quel que soit le Bilan Positif ou Négatif de l'Actuel Président Boni Yahi,il faut absolument une Alternance Politique pour les Prochaines Elections Présidentielles au Bénin.Le Changement c'est maintenant aussi pour le Peuple Béninois.C'est peut-etre aussi une erreur stratégique de traduire devant les Tribunaux l'Homme Fort du Bénin à la Fin de Son Mandat.IL peut rendre des Comptes sans passer par la Justice qui est loin d'etre impartiale à mon avis.

De Rocher Chembessi
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Chère amie,

Tu as certainement raison. La solution n'est aucunement de traduire ou de menacer Boni Yayi de traduction devant les instances judiciaires à la fin de son mandat. D'un vieil adage, un chef qui se sent menacé à la fin de son mandat ne quitte pas le pouvoir. On en voit sur tout le continent. C'est pourquoi je ne cesse de dire à mes amis que la lutte aujourd'hui est tout simplement pour une alternance politique en 2016 et démocratique mais pas la tête de Boni Yayi ni de ses soutiens actuels. Merci de ton commentaire. Formidable...