France: UDI-MoDem, Un mariage de raison ?

7 novembre 2013

France: UDI-MoDem, Un mariage de raison ?

Borloo (à gauche) et Bayrou (droite)
Borloo (à gauche) et Bayrou (droite)

La France vit-elle un séisme politique ? Allons-nous vers une recomposition de l’échiquier politique en France ? Qui de Hollande, Sarkozy, Marine Lepe et même Mélenchon devrait se faire de soucis ? En effet, la France politique a assisté tout sagement à un événement sans précédent. Les alliances politiques ne sont pas inconnues de la politique française. Mais celle qui vient d’être scellé laisse surgir beaucoup d’interrogations. En effet, le mardi 05 Novembre 2013 sera marquée d’une empreinte indélébile en France par l’officialisation de l’union politique entre Jean-Louis Borloo et François Bayrou. Les deux anciens ministres, adversaires ou amis politiques du Centre  se tiennent désormais les mains pour les prochaines électorales. Les deux hommes au parcours politique ambigu signent l’acte de naissance de « Alternative » qui devra être une réponse crédible aux nombreuses préoccupations des Français. Mais la question taraude les esprits aussi bien en France que dans le monde est la longévité de cette union. Le rapprochement entre l’Union des Démocrates Indépendants (UDI) et le Mouvement des Démocrates (MoDem) fera-t-il long feu ? Est-ce un mariage de raison ou juste une union qui ne tiendra que le temps des prochaines élections municipales ? Selon des informations diffusées par les médias français, on croit à une union durable qui saura exister et jouer sa partition sur l’ensemble des scrutins intermédiaires, municipaux, européens, cantonaux, régionaux et même pour les joutes présidentielles du côté des militants de François Bayrou. A-t-on la même sérénité dans l’entourage de Jean-Louis Borloo ? De mon intime conviction, les deux principaux leaders du Centre ont juste un rêve. Celui de tirer profit d’une France en pertes de valeurs et de renaissance entre un Parti Socialiste (Hollande) confrontée aux dures réalités des crises économiques et de l’exercice du pouvoir d’Etat, une UMP (Sarkozy, Coopé, Fillon) en panne et un Front National (Marine Lepen) épinglé par une excessive nostalgie de ces leaders aux passés racistes d’une France non hospitalière.  Il est aussi vrai que les comportements et le show politiques des deux figures de proue du Centre vont connaître des modifications au nom de l’union entre leurs deux partis mais pas pour autant car la charte précise clairement qu’il s’agit d’une union non pas d’une fusion. L’existence légitime, légale, indépendante de l’UDI et du Modem ne sera-t-elle pas un handicap à l’atteinte des objectifs de l’ « Alternative » ? Bien malin qui pourra le dire. Et bien que la politique sous les tropiques est loin d’être homologue à celle qui se fait en France ou en Occident, des faits marquants d’union politique en Afrique pourraient présager d’un sombre avenir pour ce pacte entre Bayrou et Borloo. En effet, l’exemple du regroupement politique l’Union fait la Nation (UN) au Bénin en dit long. L’Union pourrait se limiter à un simple pacte de non agression entre les deux partis comme cela se vit dans l’exemple béninois. La conquête et l’exercice du pouvoir d’Etat pourrait se muer en un vœu pieux de longue durée. Mais nous en sommes encore loin et très loin même. Bayrou et Borloo ont-ils cogité sur la situation des micros partis du centre ? Hervé Morin et les siens seront juste conduits en hibernation ? Ou seront-ils contraints à rejoindre l’ « Alternative » ? Nul ne saurait le dire. Mais une nouvelle comparaison avec l’expérience béninoise de l’Union fait la Nation au Bénin ou de nombreux partis ont rejoints les rangs sans véritable conviction en raison de la polarisation du paysage politique pourrait bien faire école. En effet, la plupart ont quitté les rangs juste au premier échec. Aujourd’hui, l’Union même avec ses formations politiques de souche peinent à se redonner un nouvel équilibre conquérant. Apprendre des nombreux échecs d’union politique qui foisonnent sans doute dans le monde serait donc d’un grand bénéfice pour les nouveaux partenaires. Surtout que l’un, Jean-Louis Borloo expliquait «Nous avons décidé de nous rassembler, de rassembler toutes nos forces face à la situation de désarroi et de désespérance de notre pays« , et que l’autre, François Bayrou affirmait « Ce n’est pas pour nous que nous faisons ça. Le désarroi est la désaffection sont si grands que c’est désormais l’essentiel qui est en jeu. La démocratie elle-même, dans les prochaines années, est en jeu« , au terme de leur accord d’union.D’autres caractéristiques propres à chacun des deux partis pourraient être source de divorce précoce dans le futur. En effet, les mouvements politiques de ces dernières semaines laissaient penser à une « gauchisation »  du Modem de François Bayrou. L’homme aurait sympathisé avec de nombreux cadres et personnalités de sensibilité plus à gauche. Et il était annoncé comme successeur du Premier Ministre Jean-Marc Ayrault à Matignon.  Aussi se souvient-on de son soutien à François Hollande au deuxième tour des élections présidentielles de 2012. De l’autre côté, Jean-Louis Borloo est considéré comme un centriste de droite. En effet, l’UDI est un allié de longue date de l’UMP bien que le tandem a connu quelques soucis de cohabitation ces derniers jours. Mais ce qui est curieux pour les observateurs de la politique française, c’est l’annonce de l’appartenance de « Alternative » à l’opposition. Un scénario peu probable au regard des derniers événements survenus dans le paysage politique. Mais en attendant, ces ténors voudraient bien revoir des centristes en position de pouvoir d’Etat de la belle époque de Valéry Giscard d’Estaing (Président), Raymond Barre (Premier Ministre). Sommes-nous au vrai dans un mariage de raison ? A chacun son opinion…

Partagez

Commentaires