Loi sur l’homosexualité et la prostitution, un test pour sa popularité !

25 février 2014

Loi sur l’homosexualité et la prostitution, un test pour sa popularité !

Yuri Museveni teste sa popularité par une loi anti-gay...
Yuri Museveni teste sa popularité par une loi anti-gay…

Il l’a promis ! Et il l’a fait ! Le président Yuri Museveni vient de promulguer la loi contre l’homosexualité en Ouganda. Quelques mois seulement après avoir signé une autre loi qui réprimande la prostitution et certains comportements que le pouvoir ougandais juge dépravants pour les jeunes.

Ce geste controversé de l’homme fort de Kampala vient allonger la liste des pays au monde dans lesquels les homosexuels sont officiellement persona non grata. Bien avant Yuri Museveni, le président nigérian Goodluck Jonathan en faisant autant. Du coup, il existe désormais une quarantaine de pays sur le continent africain dans lesquels l’homosexualité est fortement pénalisée par des lois aussi coriaces les unes que les autres.

Cartes des pays ayant une loi sur l'homosexualité. Source: https://fr.wikipedia.org/wiki/Homophobie
Cartes des pays ayant une loi sur l’homosexualité. Source: https://fr.wikipedia.org/wiki/Homophobie

Ce brusque changement d’attitude des pouvoirs publics africains en ces derniers mois est bien une conséquence de l’adoption en France en 2013 de la loi sur le mariage pour tous. Les récents appels du président Barak Obama au respect en Afrique des droits des minorités sexuelles a en aussi été pour quelque chose. L’ingérence, les Africains n’en veulent plus !

Et la tendance ne se résume seulement plus aux lois sur l’homosexualité. Désormais, la prostitution est dans la ligne de mire des autorités législatives de nombreux pays dans le monde. Au nom de la préservation des mœurs, chaque pays manie son législatif à sa manière pour une loi contre la prostitution. Et la France toujours en tête de peloton.

Mais au-delà de toute cette mobilisation législative autour des questions de sexualité au nom des valeurs morales pour les uns et du respect des droits humains pour les autres, il y a bien une manœuvre politique en dessous.

Le réveil spontané autour de la sexualité, du moins autour d’une législation sur la sexualité devient le nouveau baromètre politique dans le monde. En France, le Parti socialiste en a usé pour montrer sa solidarité gouvernementale, parlementaire et même militante. A chaque manif sur la loi, François Hollande pouvait mesurer la cote de sa popularité notamment avec les pros mariage gays. L’Union pour le mouvement populaire (UMP) et le Front national (FN) s’en servaient aussi pour se remettre en scelle et prendre le pouls de la population française encore attachée à leur idéologie. Scénario identique dans le vote de la loi qui pénalise la prostitution.

Il ne pouvait en autrement dans les autres pays où les lois sur la sexualité sont depuis peu au-devant de l’actualité nationale. En Russie, Vladimir Poutine s’y est mis avec la même énergie. Des années en arrière, le président Paul Biya s’en est servi pour se montrer attaché à la volonté populaire. D’ailleurs, la loi contre l’homosexualité avait sévi au cœur de l’administration publique du Cameroun. Et son homologue ougandais Yuri Museveni justifiera sa position anti-gay par une volonté populaire et d’un lobby religieux très influent dans le pays. En cédant à la pression populaire, le président maintient ainsi sa popularité politique dans le pays.

Et comme si tous ces chefs d’Etat sous les projecteurs par des lois sur la sexualité devraient en user pour honorer une « volonté » populaire ou prendre le pouls de leur propre popularité, c’était presque même la situation dans l’antre du pouvoir nigérian. Le président Goodluck Jonathan n’aurait obéi lui aussi qu’à une simple expression populaire et majoritaire au sein du parti au pouvoir.

Loin de soutenir le mouvement pro ou anti-gay en vogue dans le monde, avis donc aux autres barons politiques…

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Commentaires

Serge
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Nouvelle forme du populisme en Afrique...
signez cette pétition contre cette loi
https://www.allout.org/pt/actions/kill-the-bill

De Rocher Chembessi
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C'est une forme très dangereuse du populisme. Et les conséquences seront très gravissimes. On court vers un risque de chasse à l'homme...