Au Bénin, passe d’armes entre le chef de l’Etat et les travailleurs

28 janvier 2014

Au Bénin, passe d’armes entre le chef de l’Etat et les travailleurs

Boni Yayi, un bourreau pour ses compatriotes?
Boni Yayi, un bourreau pour ses compatriotes?

Face au durcissement du ton des centrales syndicales béninoises qui observent depuis quelques semaines une grève générale, le chef de l’Etat a réagi ce lundi 27 janvier 2014 à l’occasion d’une cérémonie. Une présentation de vœux qu’il a tenue avec quelques organisations de la jeunesse proches du pouvoir. Boni Yayi n’est pas allé avec le  dos de la cuillère pour s’en prendre aux travailleurs, mais en particulier aux syndicalistes qu’il accuse d’être manipulés.

Dans son adresse aux jeunes, Boni Yayi pointe d’un doigt accusateur, pour une nième fois, l’homme d’affaires Patrice Talon avec qui, il est en guerre ouverte depuis plusieurs mois. Sans ambages, le chef de l’Etat déclare détenir des preuves et des informations que la paralysie générale de l’administration publique, qui s’observe au pays de la violente répression de la marche syndicale du 27 décembre dernier, est une machination de l’homme d’affaires et de ses adversaires politiques. C’est pourquoi lui, garant de l’ordre constitutionnel, ne pourra céder aux chantages. A cet effet, Boni Yayi, bien que menaçant, demande aux syndicalistes de faire ce qu’ils veulent. Par des propos va-t-en-guerre, ce sont tous les travailleurs du pays que le chef de l’Etat veut intimider. Ils seraient tous à la solde d’esprits mal intentionnés pour le chasser du pouvoir avec une stratégie élaborée depuis Paris, où s’est réfugié Patrice Talon. Coutumier de ces propos incendiaires, Boni Yayi a ouvertement menacé les syndicalistes. « Ils sont tous dans ma main, je les observe jusqu’au jour où je vais bondir (…).  J’ai dit laissez les marcher, marcher, marcher ! S’ils ont besoin de rangers, on va le leur commander… ». D’autres diatribes ont aussi constitué le monologue de plus d’une heure du chef de l’Etat face aux jeunes qui sont venus l’écouter sur les programmes du gouvernement pour les sortir de la précarité ambiante.

Au lendemain de ces invectives contre les travailleurs, les Béninois ne doutent point d’une réplique des syndicalistes à la hauteur des agressions du chef de l’Etat. Et quelques heures plus tôt, ils étaient déjà montés au créneau pour s’offusquer contre les défalcations sur leur salaire du mois de janvier pour fait de grève. Quant aux magistrats, ils menacent déjà de passer d’une grève de 72 heures par semaine à un débrayage illimité à compter de la semaine.

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Commentaires

Boukari Ouédraogo
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Et moi je demande dans tout ça, quand les Éléphants se battent...?

De Rocher Chembessi
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Cher Boukari, pas besoin d'en chercher. Seul le peuple souffre larmes aux yeux de cette terrible situation. Mon billet de lundi prochain se ferait plus explicite sur le drame qui se vit par cette fronde sociale...