Pourquoi et Comment les Etats-Unis s’opposent à Hamid Karzaï?

14 février 2014

Pourquoi et Comment les Etats-Unis s’opposent à Hamid Karzaï?

Obama et Karzaï à Kaboul en Mai 2012, Source: The Guardians
Obama et Karzaï à Kaboul en Mai 2012, Source: The Guardians

On savait depuis plusieurs mois que leurs relations n’étaient plus au beau fixe. Autorités afghanes et américaines ne parlaient presque plus le même langage. A quelques mois de la fin de son mandat, Hamid Karzaï veut s’extirper de la tutelle de l’administration américaine.

Et les derniers agissements des autorités afghanes confirmeraient les suppositions d’une relation tendue entre les deux alliés. En procédant à la libération de quelques 65 prisonniers talibans, la justice afghane, du moins l’administration Karzaï vient de jeter un pavé dans la marre. Et Washington n’aura pas attendu longtemps avant de s’offusquer que cette décision qu’elle juge à « haut risque » et « peu responsable ». Mieux encore, les autorités diplomatiques du pentagone ont annoncé que l’Afghanistan devrait se préparer à assumer « seul » les conséquences de cet acte.

Même si cette libération peine à se justifier du côté des américains, certains analystes en stratégie de guerre y voient une tentative d’apaisement des relations avec les talibans au détriment des Américains. En effet, l’imminence du retrait des soldats américains des zones tribales serait la cause même de cette décision un peu inattendue de Kaboul. Peu rassuré sur son arsenal militaire pour affronter les insurgés, l’Afghanistan gagnerait mieux à convaincre les islamistes d’accepter des pourparlers pour un accord de paix après le retrait des forces alliées de l’Otan.

D’ailleurs, il y a bien une partie de ces insurgés notamment les protégés du mollah Omar qui ont toujours refusé toute tentative de dialogue avec le gouvernement afghan tant que Hamid Karzaï restera une « marionnette » des Etats-Unis.

Avec ces différentes explications qui tentent de justifier le choix des autorités afghanes, bon nombre d’observateurs ne comprennent pas la réaction énergique et violente des Etats-Unis ? Où est le mal à libérer des prisonniers afin de pacifier un pays longtemps ruiné par une guerre tribale, se demandent légitimement certaines personnes ?

Problème !

Les Etats-Unis, en voulant maintenir en prison certains islamistes réputés très dangereux, voudraient épargner l’Afghanistan d’une situation à l’irakienne. En effet, faute d’accord de coopération militaire entre l’Irak et les Etats-Unis avant le retrait des troupes étrangères, le pays avait été laissé au diktat des forces rebelles. Depuis, les violences communautaires se sont multipliées et les populations totalement exacerbées. Plus aucun jour ne passe sans que l’Irak ne soit visé par un attentat à la bombe ou à une attaque islamiste. Une situation qui perdure malgré les bonnes intentions et les gestes de pacification entre la tribu au pouvoir et les insurgés au début de l’année 2011. C’est ce que redouteraient les Etats-Unis dans le cas actuel de l’Afghanistan où le président Hamid Karzaï refuse d’engager son pays dans quelconque accord de coopération militaire avec les Etats-Unis.

Mais dans les coulisses, c’est tout un autre soupçon qui pèse sur la stratégie amorcée par le président afghan. En fin de mandat, Hamid Karzaï, en se mettant dans la peau du « patriote » préparerait un coup à la Poutine à la tête de son pays. En effet, l’homme espère par ses dissensions actuelles avec l’administration Obama convaincre les populations à faire le choix de son candidat pour les prochaines présidentielles. Ce dernier, une fois élu, devrait modifier la constitution pour permettre le retour au pouvoir de Karzaï à la présidentielle suivante. Et pour exécuter ce forfait, il lui faut le soutien de la communauté Pachtoune, largement « talibanisée ». Puisque pour l’heure, le favori du scrutin Abdullah Abdullah, qui n’est pas le dauphin de Karzaï, n’est non plus de la communauté Pachtoune.

A ce jeu, les Etats-Unis voulant maintenir autant leur domination militaire dans le pays, et leur position de label démocratique dans le monde, ont bien de raison de s’insurger contre la politique de pacification des autorités afghanes.

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