Pression sociopolitique au Bénin : Pourquoi Boni Yayi devrait « absloument » quitter le pouvoir en 2016… (1ère Partie)

18 février 2014

Pression sociopolitique au Bénin : Pourquoi Boni Yayi devrait « absloument » quitter le pouvoir en 2016… (1ère Partie)

Boni Yayi lors de sa prestation de serment en 2006
Boni Yayi lors de sa prestation de serment en 2006

On le disait endoctriné par le pouvoir présidentiel. On l’accable de tous les péchés démocratiques. Boni Yayi, comme c’est de lui qu’il s’agit, soumis à la pression de son peuple, se faisait passer pour bon nombre de ses compatriotes comme un héritier singulier des pouvoirs autocratiques du continent. Si constitutionnellement, l’actuel locataire de la Marina (ndlr, nom du palais présidentiel du Bénin), devrait quitter le fauteuil présidentiel en Avril 2016 au terme de son dernier mandat, il y a encore quelques béninois qui restent sceptiques.

Ces derniers redoutent de toute sorte de ruse politique de l’alliance au pouvoir pour faire maintenir son chef après 2016. Si longtemps, c’est un scénario à la Abdoulaye Wade, ou digne des imaginations de Mamadou Tandja, des violences constitutionnelles de la fratrie Compaoré, Biya, Deby, Bongo, etc… ; ou encore le despotisme légendaire d’un certain Gnassingbé Eyadema qui était agité dans l’opinion publique, aujourd’hui les soupçons pèsent sur un hold-up électoral ou constitutionnel à la manière Laurent Gbagbo en 2005 pour se maintenir au pouvoir.

En plus simple, l’intelligence de Boni Yayi ou encore ce qu’on appelle au Bénin son « avidité » extrême du pouvoir, le pousseraient à instaurer une situation de crise dans le pays afin de reporter les élections de 2016 aux calendres grecques. Et les détracteurs du buffle de Tchaourou (ndlr, sobriquet de Boni Yayi) n’en ont pour preuve le report des élections communales prévues pour Mars 2013, la crise sociale aux allures politiques qui secoue le pays depuis six semaines, la gigantesque brouille autour de la correction de la liste électorale. Une liste électorale, que les opposants au régime jugent inexistante, fictive, et ayant conduit à la victoire par K.O de Boni Yayi en 2011, et qui fut l’objet de toutes les vives contestations de la période électorale de 2006.

Mais tout est aussi simple pour Boni Yayi de s’offrir une rallonge de son pouvoir en 2016 ? Si prolongation il devrait avoir, pas sûr que les derniers événements dans le pays puissent encore motiver Yayi et ses sbires à jouer cette carte.

La fronde sociale : premier obstacle de Yayi.

Pour son arrivée au pouvoir en 2006, le peuple béninois se souvient encore que Boni Yayi la doit en grande partie à la société civile. Syndicats, Organisations non gouvernementales, associations de jeunes ou de femmes, toute la société civile béninoise s’était mobilisée comme un seul homme pour dire non à un projet de révision de la constitution agité dans l’entourage du président Mathieu Kérékou.

Cette première campagne réussie, a cédé place à une autre minutieuse menée aussi bien par la société civile que certains parlementaires pour s’opposer et obtenir le retrait de la loi électorale de 2006 d’une disposition sur la résidence permanente sur le territoire national qui viserait singulièrement Boni Yayi pour l’écarter de la course en 2006. Et l’arme brandie et usée violemment par les centrales syndicales à l’époque n’était rien d’autre que la fronde sociale.

Une fronde sociale qui reste profondément attachée à l’histoire démocratique du Bénin. Car en pleine récession et aux tristes heures de la révolution marxiste, c’est elle qui en 1989 a finalement conduit à la démocratisation du pays et à la fin du règne du pouvoir militaire du général de Mathieu Kérékou.

Le message du bras de fer en cours entre gouvernement et syndicats est donc clair. Et les leaders des centrales syndicales ne se le cachent pas. Si Boni Yayi se hasardait à s’ériger en un « fossoyeur » de la démocratie béninoise, ils seront les premiers à lui opposer la résistance. L’un deux, Paul Issè Iko, déclarait lors d’un meeting syndical samedi dernier « … il est interdit d’interdire les manifestations syndicales au Bénin, sinon… ». Puis il insiste encore « … il est interdit d’interdire les libertés démocratiques au Bénin, sinon… ». Le ton est donc donné. La paralysie actuelle de l’appareil d’Etat par les centrales syndicales, même si elle arrivait à se lever, serait un signal fort envoyé au régime pour qu’il puisse se faire une idée de ce qui pourrait se passer en cas de graves violations constitutionnelles par Boni Yayi en 2016.

Finis donc les temps où on pourrait bien abuser de l’esprit pacificateur du peuple béninois. C’est une période bien révolue, est-on en mesure de dire quand on se souvient des récentes luttes syndicales, même si toutes n’ont pas conduit à avoir gain de cause, autour du respect des valeurs démocratiques au Bénin. Même pour les élections présidentielles de 2011, les centrales syndicales n’avaient pas hésité à descendre plus d’une fois dans la rue pour exiger une liste électorale non exclusive, fiable pour les élections de 2011. La suite, tout le monde la connait au Bénin…

Au moment où Boni Yayi doit mesurer la profondeur de l’attachement des centrales syndicales aux valeurs républicaines, il y a bien une autre pression qui le contraint sans doute, à avorter toute idée qu’on lui prête de se maintenir au pouvoir en 2016.

La classe politique, du moins l’opposition politique, longtemps abonnée au silence comme dans un élan solidaire s’est lancée dans une vaste campagne de reconquête du peuple. A suivre…

PS: Pour l’instant, nul ne peut prédire des intentions réelles de Boni Yayi pour 2016 même si lui-même clame haut et fort qu’il faut compter sur sa bonne foi de respecter les dispositions constitutionnelles et démocratiques du pays en 2016. Il se dit même déjà appelé pour une mission pastorale après 2016 pour l’évangélisation chrétienne des peuples.

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