9 décembre 2013

Qui peut nous corrompre ? Personne…

corruptionChers lecteurs,

Qui d’entre vous se rappelle de ces phrases guerrières : « Qui peut nous gagner ? Personne ! », ou encore « Taureau ! La force ! ». Si elles ne vous disent rien, sachez qu’elles font partie de ces slogans qu’affectionnent les écoliers de mon Bénin natal. Ceci, depuis des années. Une manière pour eux de magnifier leur invincibilité, peu importe la discipline. Ceux d’entre vous qui aiment le sport en savent quelque chose. Bon ! Mon billet ne parle pas sport mais d’une de ces gangrènes qui parfois donnent place à des programmes fallacieux dans nos pays. Aujourd’hui, 9 décembre, saviez-vous ce que célèbre-t-on désormais dans le monde entier ? Cette question, je l’ai posée exprès dans la journée à un agent des douanes béninoises. Mais comme je m’en doutais, il n’en savait rien. Mal m’est prit de rééditer le même exercice, cette fois-ci par téléphone à un ami connu pour ses contacts dans l’administration béninoise. Je n’aurais pas dû car lui car lui non plus n’en a la moindre idée.

Et vous lecteurs : Que saviez-vous du 9 Décembre ? Je me garde de vous poser la question. Je suis convaincu qu’autant que vous êtes vous saviez tous que le 9 Décembre, la communauté internationale la consacre désormais à la célébration de la journée mondiale des Nations-Unies contre la corruption. Une initiative que je ne peux m’empêcher de féliciter au regard de ses nobles objectifs. Après avoir reçu cette nouvelle, j’ai décidé de réveiller ma curiosité. Juste la réveiller, pas envie de la pousser très loin. Que voulais-je découvrir ? De quoi voulais-je me mêler? Je m’en souviens à peine. Mais je sais juste une chose, et comme je le disais plus haut, le 9 Décembre est désormais dédié à l’enracinement de la lutte contre un fléau plus grave que le « sida ». Nul n’ignore que la corruption est un obstacle majeur au développement socioéconomique de nos pays notamment ceux d’Afrique. Un frein à la croissance qui, depuis quelques années bénéficie sur tous les coins du continent africain de programmes gouvernementaux afin d’en réduire la présence dans la sphère nationale et l’impact sur le développement. Des programmes, qui vont du plus sérieux au plus ridicule. Du plus pragmatique au plus polémiqué. Morceaux choisis

 

17 Juillet 2007: Boni Yayi dans les rues de Cotonou...
17 Juillet 2007: Boni Yayi dans les rues de Cotonou…

Bénin : Quand la lutte contre la corruption s’est faite dans la rue ?

Précédemment connu sous le label « Quartier Latin de l’Afrique », le Bénin n’est pas moins mal loti dans le classement des pays à forte perception de la corruption. La corruption, longtemps décriée par les ONG béninoises comme un sport national a fait objet de nombreuses mesures répressives ou correctives autant du gouvernement, du législatif que de la société civile. Au-delà des textes de lois encore moins vulgarisés et peu exploités, les institutions de lutte contre le fléau en manque de moyens, les ateliers de formation et de sensibilisation des acteurs de développement par les organisations de la société civile, un fait historique reste indélébilement gravé dans la mémoire collective  des béninois dans cette pseudo guerre contre la corruption. « Chez nous, la lutte contre la corruption se fait dans la rue », lancent ironiquement quelques compatriotes. Ceci pour se rappeler de cette marche dite « verte » du chef de l’Etat dans les rues de Cotonou avec les membres de son gouvernement, les présidents des institutions et des milliers de personnes pour, disaient-ils combattre la corruption dans son dernier retranchement. C’était le 17 Juillet 2007 !  Sur plus de huit kilomètres, Boni Yayi a battu le macadam et scandait à chœur avec la foule « Corruption Zéro ». Plus de six ans après ce jogging anti-corruption du Président Boni Yayi, la lutte contre la corruption se résumerait, aux dires de milliers de béninois à marche, amertume, cinéma, échec, voire haute trahison pour certains qui se réfèrent à ces sulfureuses affaires de ICC services (spoliation de l’épargne des populations par des structures illégales dont les promoteurs étaient des « proches du Chef de l’Etat »), Machines agricoles, intrants, construction du siège de l’Assemblée Nationale,  privatisation de l’outil industriel de la Société Nationale de Promotion Agricole devenu SODECO (Société de Développement du Coton), mise en concession du Port Autonome de Cotonou au groupe Bolloré, marché gré à gré pour certains investissements publics dans lesquels des proches du Chef de l’Etat, en attendant une réelle inculpation seraient entièrement mouillés.

 

L'épervier de Paul Biya...
L’épervier de Paul Biya…

Cameroun : L’épervier atteint par les griffes de la corruption ?

S’il y a une campagne anti-corruption qui aura tenue en haleine une grande partie de l’Afrique subsaharienne, c’est sans aucun doute celle qui se mène depuis une décennie au pays des lions indomptables. Au Cameroun, le Président Paul Biya voulait finir avec un fléau qui tendait à plonger son pays dans la morosité économique. Après la signature en 2003 de la Convention des Nations-Unies sur la Corruption, l’homme fort de Yaoundé lance l’opération Epervier pour mettre fin à l’impunité dans l’administration publique afin de moraliser la gestion la gestion de la chose publique. Dix ans après, faire un bilan sans partie pris, reviendrait au plus courageux des camerounais. L’opération Epervier n’a-t-elle pas été une vraie machine à broyer les opposants au régime ? L’Epervier n’a-t-il pas été abattu par les flèches mortelles de la corruption ? Difficile d’y répondre. La réponse varie de la position d’un observateur à un autre. Toutefois, une unanimité s’est faite comme toujours et dans tous les pays autour des objectifs de départ de l’opération. Dans le cas camerounais, de grands noms sont passés à la guillotine. Accusés à tort ou à raison, ces derniers croupissent dans les geôles du pays pour des années encore en raison de leur implication ou supposée dans une affaire de corruption et/ou de détournement de deniers publics.

 

Jacob Zuma toujours sous la menace de poursuites judiciaires pour corruption...
Jacob Zuma toujours sous la menace de poursuites judiciaires pour corruption…

La Corruption : le diable de l’Afrique du Sud ?

A quoi identifies-tu l’Afrique du Sud ? Chaka Zulu ? Nelson Mandela ? Le Mondial de football en 2010 ? La coupe d’Afrique de 1996 ? La coupe du monde de Rugby en 1995 ?  En tout cas, je suis convaincu que vos réponses oscilleront autour de ces hommes ou événements qui ont fait, font et feront l’Afrique du Sud. Mais sous d’autres cieux, le pays Arc en ciel est connu pour le parfait amour entre ses dirigeants (de l’administration publique ou privée) et le dieu de la corruption s’il en existe un. Plus qu’une gangrène, la corruption est un diable qui attaque le pays dans tous ses états d’âme. Elle aurait même été l’esprit de l’apartheid. Et depuis, un nouveau soleil semble ne pas planer sur le pays. La corruption en Afrique du Sud, elle ronge la police, le président Jacob Zuma et son gouvernement, l’Assemblée Nationale, le Congrès National Africain (ANC), parti au pouvoir, le milieu des affaires et le monde des entreprises. C’est en tout cas ce que révèle de nombreux rapports sur l’état de la corruption qui classe le pays comme l’un des mauvais élèves de la classe en matière de lutte contre le fléau. Une récente étude estime à plus de 112 millions de dollars ce qu’a coûté la corruption au gouvernement fédéral en 2012. Une autre affirme que le pays en entier perd plus de 40 milliards de dollars par an en raison de la corruption. Il y a donc de quoi penser à une vraie portion magique pour sauver le pays d’un diable devenu trop dangereux…

Parler de l’état de la corruption ou de sa lutte en Afrique ne saurait être chose facile. Mais évoquer le sujet sans un coup d’œil vers ce qui se fait chez le géant Nigéria (plus forte population en Afrique) serait un crime de leste majesté. Dernier exemple donc…

 

Pour combien de temps la dame de fer gardera cette mine contre la corruption?
Pour combien de temps la dame de fer gardera cette mine contre la corruption?

Nigéria : Le rêve brisé de Ngozy Okonjo-Iweala ?

Dans le pays des Super Eagles, on dirait bien qu’il n’y ait vraiment pas d’aigles anti-corruption. Réputé comme un pays des pots de vins par excellence en raison des nombreux accords d’exploitation pétrolière et de gestion de ressources minières qui s’y concluent chaque année, le Nigéria fait figure de grosses proies faciles pour la corruption. Une situation que les grandes chancelleries internationales ne cessent de décrier. C’est ainsi que le pays sous l’ère Olusegun Obasanjo, ancien président, se décide de se lancer dans une lutte implacable contre un phénomène aussi assassin que la pollution toxique des cours d’eau du pays par les sociétés d’exploitation pétrolière. Afin d’accroître la lutte, l’ex directrice générale de la Banque Mondiale, Ngozi Okonjo-Iweala est propulsée à coup de millions de dollars comme rémunération en 2011 à la tête du ministère des finances du pays. Connue pour ses normes orthodoxes de gestion et son goût aigu de la transparence, la dame de fer multiplie les actions musclées pour réduire au minimum possible les affres de la corruption dans le pays. De nombreuses campagnes sont lancées et des dispositifs de vidéosurveillance installés dans les administrations publiques afin de dissuader les fonctionnaires d’Etat. Mais la corruption a les oreilles dures, très dures mêmes. A la date de ce 09 Décembre 2013, plusieurs sommités du pays sont citées dans de récurrentes affaires de corruption. Ministres, députés, sénateurs, gouverneurs, avocats, magistrats et mêmes de simples fonctionnaires sont pointés du doigt dans des ténébreuses affaires de corruption. D’anciens hommes forts du pays dont notamment le Général Sani Abacha sont indexés dans plusieurs rapports de corruption à grande échelle et à de longues ramifications à l’international.  Un tour aux postes frontaliers du Nigéria et vous avez le temps de réaliser que la corruption est promue en lettres d’or. Et on peut donc s’écrier si la super ministre des finances Ngozi Okonjo-Iweala perdra-t-elle son combat herculéen ?

En attendant que chacun de vous puisse apporter ses réponses, voici la carte de la corruption dans le monde….

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Commentaires

EKEDI EDJENGUELE Anne Michelle
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chez moi , il existe la CONAC (commission nationale anti -corruption) ..et la célèbre opération "épervier" menée contre les détournements des fonds publics. Il faut le préciser , dans les documents de la CONAC les détournements y sont aussi joints... Maintenant, en ce qui concerne , l'efficacité de ces actions...il y'a encore à faire surtout d'aucun estiment que l'opération "épervier" est à tête chercheuse....voilà grossomodo !!!!