Reddition du M 23 : fin de la guerre en RDC ?

6 novembre 2013

Reddition du M 23 : fin de la guerre en RDC ?

La nouvelle est tombée aussi brusque que la naissance de la rébellion. Telle est une traînée de poudre, elle a surpris plus d’un dans le monde. Même les Congolais habitués aux grandes situations d’insécurité ont été pris du coup. Le Mouvement du 23 Mars plus connu sous le nom du « M 23 » vient de mettre fin à sa rébellion dans l’est de la République démocratique du Congo. Sultani Makenga et ses hommes qui se sont dissous dans la nature, ont décidé de déposer les armes. Bien que cette reddition des hommes « forts » de la province du Nord-Kivu soulage plus d’un Congolais, elle laisse tout de même planer une méfiance. Méfiance justifiée. Il est vrai que les FARDC (Forces armées de la République démocratique du Congo) ont mené une offensive herculéenne ces derniers jours dans  les bastions de la rébellion. Des tirs à l’arme lourde ont été entendus sur plusieurs périmètres tenus par les rebelles du 23 Mars. Une rébellion qui aura connu de lourdes pertes en termes d’armements et dont nombreux miliciens ont fait défection. L’armée congolaise a certes gagné une bataille qui aura duré environ deux ans (22 mois) mais peut-elle déjà crier victoire ? Face à cette situation,

Des éléments de l'armée congolaise...
Des éléments de l’armée congolaise…

de nombreux analystes jouent la prudence. Une prudence justifiée en tout premier lieu par les conditions de naissance de la rébellion. Aussi, les autorités congolaises ne devraient-elles pas se prévenir des soutiens supposés de la rébellion auprès de certains pays frontaliers ? De plus, les annonces faites par les autorités de Kinshasa qui comptent mettre fin unilatéralement aux pourparlers, ne sont pas aux yeux de certaines personnes averties, de nature à protéger durablement les acquis de cette victoire. L’objectif des Congolais est le retour à la paix et à l’unité du pays. En effet, une mauvaise exploitation de cette renonciation aux combats armés du M23 pourrait ramener la RDC à la case départ (ce qu’aucun Congolais ne souhaite). Pour qui se souvient des conditions de naissance du M23, le gouvernement congolais se doit de gérer avec délicatesse la situation. En effet, le M23 est né d’une mutinerie d’anciens rebelles, essentiellement tutsi, intégrés dans l’armée congolaise trois ans plus tôt à la suite d’un accord signé le 23 mars 2009 avec la rébellion du Congrès national pour la Défense du peuple de Laurent Nkunda. Et les mutins, ce n’est pas ce qui manque en République démocratique du Congo ? Aussi, doit-on s’attarder sur la position actuelle des ténors du M23 et des quelque 2 500 soldats volatilisés dans la nature. Où sont passées la lourde artillerie et l’importante somme d’argent issue de l’exploitation illégale des ressources minières de la région du Kivu par la rébellion ? En l’absence de toute réponse fiable à ces différentes interrogations, le gouvernement de Joseph Kabila a encore un grain de sable dans sa victoire « totale » sur la rébellion. Spécialiste en terrorisme et relations internationales, Francis Adanlao, estime que les négociations de Kampala ne peuvent être rompues. « Nous sommes arrivés à un stade où le gouvernement congolais est en position de force, mais très délicate qui exige de lui une finesse dans sa stratégie de pacification du pays. » estime-t-il. Le M23 serait-il en train de jouer contre la montre ? « Possible ! Mais a priori, nous sommes loin d’une stratégie de guerre, car la rébellion a perdu  toute sa verve. Il serait difficile qu’elle retourne aux armes dans les conditions actuelles » ajoute-t-il. En poursuivant son analyse, Francis Adanlao qui s’intéresse à la légitime défense des Etats, préconise un maintien des soldats congolais dans la zone acquise. «  Autant que le dialogue, le ratissage doit être maintenu pour éviter une résurgence de probables dissidents du M23 qui veulent poursuivre la lutte armée ou d’autres groupes armés » conclut-il. Le retour d’une paix durable en République démocratique du Congo pourrait donc se forger sur un sentier assez pénible. Reste à chacune des parties de se décider au fumer le vrai calumet de la paix…

Sultani Makenga, le très recherché chef d'Etat Major de la Rebellion du M23
Sultani Makenga, le très recherché chef d’état-major de la rébellion du M23
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Commentaires

Chantal
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Quel que soit la longueur de la nuit, le soleil finit par apparaître. Dans tous les pays du monde, seul le gouvernement a le monopole de la violence. Toutes les revendications, légitimes soient-elles devraient être présentées dans le strict respect de la démocratie. Et sur ce point le Congo est en retard. C'est à ce niveau qu'il faut se pencher si on ne veut pas faire face à d'autres groupes armés. Merci bcp pour ton article cher ami

DEBELLAHI
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Méfiance, méfiance! La guerre ne se termine pas par le dépôt des armes et la fugue des chefs avec, parait-il 1700 soldats. La guerre prend fin dès lors que les raisons qui l'ont occasionnée auront cessé. Il faut éradiquer le phénomène. A défaut, les souches et les racines produiront des arbres à problèmes (pas seulement palabres).

De Rocher Chembessi
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Chers amis,

Je suis entièrement du même avis que toi. La fin d'une guerre ne s'identifie pas à la fin du crépitement des armes. Cela passe aussi par la mise en oeuvre d'un processus assez efficace de pacification du pays qui intègre les raisons de la survenance de l'instabilité; Car comme le dirait l'autre "les mêmes causes produisent les mêmes effets."