Ukraine : la diplomatie d’argent de l’Union européenne ?

6 mars 2014

Ukraine : la diplomatie d’argent de l’Union européenne ?

Le nouveau premier ministre ukrainien et le Président de l'Union Européenne..
Le nouveau premier ministre ukrainien et le Président de l’Union européenne..

La nouvelle ligne de conduite des chancelleries occidentales dans la crise ukrainienne est connue. Les diplomates européens ont désormais de quoi arracher la totale confiance des nouvelles autorités de Kiev. Après de multiples hésitations, les capitales européennes et la Maison Blanche se décident de mettre les mains à la poche.

La crise ukrainienne pourrait désormais se jouer dans les portefeuilles des grandes puissances mondiales. Le groupe des pays occidentaux (Union européenne et Etats-Unis) qui s’oppose à la stratégie de « guerre » des autorités russes passe à la vitesse supérieure. Et ce n’est pas les nouvelles autorités de Kiev qui diront le contraire. Celles-ci acquises à la cause du rapprochement de l’Ukraine avec l’Europe s’en réjouiraient même. Après les injonctions faites à la Russie sur sa position d’intervention militaire sur la Crimée, les Occidentaux optent pour une nouvelle arme. Mais elle est bien loin d’enterrer celle de guerre puisque la situation en Crimée (région russophone de l’Ukraine) reste bien tendue.

Avec une aide financière annoncée à près de 11, 4 milliards d’euros pour le soutien à l’économie ukrainienne, l’Union européenne semble désormais jouer sur la diplomatie d’argent. Une diplomatie bien ficelée, car plus d’un milliard de cette somme est octroyé en termes de dons à Kiev. Cette manne européenne destinée aux nouveaux hommes forts de l’Ukraine vient augmenter la mise financière des pays occidentaux. Puisque les Etats-Unis se montrent aussi bien généreux avec le nouveau pouvoir ukrainien. L’aide financière américaine dépasserait le milliard de dollars Us.

Un petit calcul montre clairement qu’il n’y a rien d’anodin dans les aides financières promises à Kiev. Déjà la contribution européenne est à quelques euros près, égale aux 12 milliards que Moscou comptait débloquer à Kiev. Et pour rappel, c’est cette aide négociée par Victor Ianoukovitch auprès de Vladimir Poutine qui a mis le feu aux poudres.

Mais cette nouvelle trouvaille de l’Occident est-elle suffisante pour désamorcer une crise qui tend à se communautariser au sein même de l’Ukraine ?  Les signaux montrent bien tout le contraire. La séquestration en Crimée de Robert Serry, l’envoyé spécial de l’ONU est une preuve que la Russie tient encore une bonne partie de l’est de l’Ukraine. Et ses forces militaires s’y avancent sans aucune forme de résistance locale. De plus, les populations russophones de cette région n’hésitent pas à hisser le drapeau russe sur certains édifices publics.

Mieux encore, une bonne partie de l’est de l’Europe dépend encore de l’exportation du gaz russe. Et même si la clémence de l’hiver de cette année leur fait disposer une bonne réserve de gaz pour le reste de l’année, les Européens ne pourront pas tenir bien longtemps. Et la Russie reste le principal secours. Conséquence, difficile d’imposer des sanctions économiques contre Moscou.

Dans ces conditions, on comprend aisément la cacophonie dans la stratégie diplomatique des Occidentaux. Restera-t-elle une diplomatie d’influence ou se jouera-t-elle définitivement sous le poids de la générosité financière ? Y aura-t-il un choix militaire de l’Europe et de ses alliés de l’Organisation du traité Atlantique nord (OTAN)?

Avec les dernières révélations des échanges téléphoniques entre la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton et le ministre estonien des Affaires étrangères sur l’appartenance des snipers qui ont semé la terreur en février dernier à Kiev, un dialogue franc entre les Russes et Occidentaux s’érige bien en seul moyen crédible de dégel de la crise.

Mais en attendant, l’Ukraine vit des heures bien difficiles…

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