Le nouveau visage de Patrice Talon : président du Bénin

22 mars 2016

Le nouveau visage de Patrice Talon : président du Bénin

 

Patrice Talon, le nouveau Président élu du Bénin
Patrice Talon, le nouveau Président élu du Bénin (crédit : RFI)

Octobre 2015, un voyageur particulier atterrit à l’aéroport international de Cotonou, Patrice Talon. L’homme d’affaires béninois, surnommé le « roi du coton »,  est de retour au pays après trois années d’exil plutôt discret en France. Finie la longue traversée de désert (2012-2015) aux raisons multiples, seuls quelques proches collaborateurs et hommes politiques sont présents à l’accueil. Patrice Talon avait fui le Bénin car il était accusé d’être le commanditaire d’une tentative présumée d’empoisonnement du chef de l’Etat alors en place, Boni Yayi. Arrêté en France, puis libéré, il est à nouveau accusé en 2013 d’être impliqué dans une tentative d’attentat à la sûreté de l’Etat. Sa longue traversée du désert s’achève fin 2014, lorsque le président Boni Yayi lui accorde le pardon et lui permet de rentrer de son exil parisien.

Un retour au bercail qui se dessine rapidement comme le début d’un nouveau défi pour Patrice Talon. L’homme a un parcours atypique, il se définit lui même comme « un compétiteur né ». A la tête d’un véritable empire, il fut longtemps un acteur incontournable de deux secteurs clé de l’économie béninoise : le coton et le port de Cotonou. Il commence à s’intéresser à la politique au début des années 90 et n’hésite pas à piocher dans son immense fortune pour financer des candidats à la présidence de son pays. C’est lui qui a mis en selle le président sortant Boni Yayi dont il a largement financé les campagnes en 2006 et en 2011, avant de devenir son pire ennemi. Patrice Talon, connu pour être un faiseur de roi, décide dès son retour en 2015 de se lancer dans la course à l’élection présidentielle de mars 2016. Le faiseur de roi veut devenir roi.

Commence alors un long parcours pour celui qui incarne le « nouveau départ » pour des millions de béninois. « Cette élection, j’y vais et je vais la gagner » affirmait-il avant même que ne soit lancée la course électorale. Qui l’eût cru ? Il se définit dès les premiers signaux électoraux comme le porte-étendard de la « rupture ». Rupture avec le système politique « malade » soutient-il. Une rupture axée sur des réformes institutionnelles profondes. Le mot « rupture » est devenu son leitmotiv, l’homme en fait son cheval de bataille.

Patrice Talon use alors d’une stratégie savamment travaillée pour se faire apprécier voire aduler par le peuple. Lui, accusé d’être responsable de la gestion « approximative » de Boni Yayi, pour avoir été le principal bailleur de l’élection de ce dernier, s’offre ainsi un nouveau visage. Sa volonté sans faille d’aller à la conquête de l’électorat béninois paye, il apparaît bientôt dans l’opinion comme l’homme « miracle ». Quel génie ce Talon ! s’exclame-t-on au Bénin.

Après avoir longtemps agi dans sa base arrière de Cotonou, Patrice Talon fait une grande tournée dans tout le pays pour sa campagne présidentielle. De sa campagne, on retient un homme proche du peuple, fin connaisseur du pays et de ses rouages politiques.Talon va au contact des béninois avec une éloquence digne d’un politicien accompli. Chose étonnante, il n’hésite pas à afficher des signes distinctifs de sa fortune. Sa réussite sociale et son goût du luxe font rêver une partie de la jeunesse béninoise qui voit en lui celui qui saura créer des emplois et de la richesse à l’échelle du pays. Souffle alors sur le pays le vent du changement.

Au cours d’une campagne épique, Patrice Talon, cet homme sans véritable expérience politique, révélé aux millions de béninois par les sulfureuses affaires avec le régime de Boni Yayi, se bonifie et se solidifie. Ses alliances en vue du second tour de la présidentielle renforcent son succès et lui donnent encore plus de poids. Le Bénin tout entier est balayé du vent de la « rupture » promise. Dimanche 21 mars, Patrice Talon devient le quatrième président de l’ère du renouveau démocratique du Bénin. Presque un plébiscite pour un homme « remède » qui soutient fermement que le « pays est malade».

Le nouveau Patrice Talon se revendique comme un homme de confiance au service des intérêts du peuple béninois. Ses adresses publiques, au terme du scrutin, symbolisent ce nouveau visage. Celui qui réitère son engagement solennel de ne faire qu’un mandat, donc de quitter le pouvoir en 2021, semble vraiment porteur d’une nouvelle ère pour le Bénin. Le nouveau président élu du Bénin sera-il véritablement l’homme des grandes réformes institutionnelles et des grands chantiers socio-économiques, l’homme de la vraie rupture et d’un nouveau départ ? L’unique chemin qui s’impose désormais à lui : que les rêves de tout un peuple se concrétisent en faveur de la rupture et du changement.

 

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Commentaires

Serge
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Travailler pour le peuple... tout le problème est là.
Disons, qu'il devra être un "Lula" :)