De Rocher Chembessi

Célébration de la fête de Bière (Réjouissance ou empoissonnement des jeunes?)

Mes fidèles lecteurs ont sans doute pris le temps de le savoir ! Je n’aime pas me lancer sur mes billets sur un ton de dénonciation. Oui ! Ils ont fini par découvrir que des billets teintés de mauvaise humeur ne sont peut-être pas mon fort.  Mais celui-ci, j’aurais bien aimé l’écrire sans humeur. J’aurais bien aimé réchauffer ma plume cette semaine au bord d’une des belles plages de mon adorable Bénin. Et pourquoi pas sur l’une de ses chutes ou ses parcs animaliers qui font la beauté de mon Bénin natal. Mais bon, j’avais juste besoin d’un petit air décontracté, de la bonne fraîcheur loin des quatre murs de ma chambre encore aux couleurs de mes années d’étudiant pour que ma plume s’emballe.

Et je ne me suis pas prié d’offrir à ma cervelle ce petit plaisir de se mettre en branle loin de la folle chaleur de ma chambre. Pour qui me connait, je vis à Parakou, capitale du Nord du Bénin dit-on ! Mais nous qui y sommes, savons bien qu’elle est loin d’être une capitale, plus est la capitale d’une région d’un pays qui se veut émergent depuis 2006. A Parakou, 3ème ville à statut particulier du Bénin où nous vivons sans salles de cinémas, des aires de jeux, des parcs d’attraction, je ne pouvais offrir grand honneur à ma plume sur nos cieux locaux. Il n’y avait qu’une bonne flânerie dans une de ces places publiques royalement au noir, avec un entretien désolant.

Comme ses milliers de jeunes de Parakois[1], je me suis embarqué dans un petit groupe d’amis pour la très populaire Place Bio Guerra de la ville. Mais ce week-end, le décor est d’un autre jour. Du silence de cimetière qui nous plongeait parfois dans de longs rêves, je fus accueilli déjà à plus de 2 kilomètres par ses sonorités de vieille date qui faisaient la fierté de la musique africaine. De l’obscurité qui nous envahissait sur toute la place, je fus illuminé depuis plus de 500 mètres par un éclairage digne de l’opéra de Paris.

Dans ma folle naïveté, j’eus crû de loin à un changement de décor à la Place Bio Guerra. Mais bon, cela fait bien longtemps (quatre mois au moins) que je m’y suis rendu. Hélas, le Roi Bio Guerra[2] recevait juste des invités de nouveaux genres pour ce week-end. A cette place située à moins de 200 mètres de l’Université de Parakou, une belle horde d’amateurs de première classe de la bière.

La bière...
La bière…

En effet, la population locale fut conviée pour trois jours et trois nuits à cette très populaire fête de la bière. Et durant tout ce laps de temps, des milliers de jeunes n’ont eu pour distraction que s’abreuver au goût de l’alcool. De la bière pour se faire une nouveau mental!?

Fort heureusement je me suis retrouvé avec des amis qui signifiaient une haine exponentielle pour l’alcool et la bière. Et moi de même car je peux bien prétendre être celui qui a prêché « cette bonne nouvelle ». Il n’en fallait donc pas plus pour entendre mes amis présenter cette manif comme un crime contre la jeunesse. Un crime qui aura été bien répété du début jusqu’à la fin des hostilités. Dans un premier temps, bien que les services de secours de la ville ont reconnu avoir été moins sollicités cette année que les autres, cette fête a tout d’un appel à la paresse, à l’alcoolisme et à la délinquance. Souffrez, c’est mon opinion ! Avec mon œil d’observateur, j’ai pu réaliser que les agents recrutés pour la fête dans la horde de chômeurs et d’étudiants à la requête du pain de vie, étalaient malgré eux, leur incapacité à contrôler le nombre de bouteilles de bières consommés par les clients (bien que cela leur ait été recommandé pour éviter qu’ils s’en saoulent et fassent des dégâts), la présence de certains mineurs sur le périmètre de la fête. Ma colère aurait pu s’estomper car je réalisai que pour la fête de la bière de cette année, on a pu éviter les heures de travail, sans doute par souci de marketing et de chiffres d’affaires que d’éthique. Hélas, la fête avait bien lieu juste en face du centre hospitalier départemental, à quelques 200 mètres de l’Université, et seulement 50 mètres d’un collège d’enseignement général. Sans doute pas une belle idée… La bière, les malades et les études n’ont jamais fait bon ménage. Que dire de ces jeunes qui ont laissé toute activité rémunératrice pour se consacrer entièrement à la bière au cours de la période.

J’en étais là à me plaindre sans savoir que d’autres gentlemen venus mesurer leur ténacité alcoolique se plaindre eux aussi du vol de leurs motos, de la perte de leurs téléphones portables ou tablettes. Rien que çà ! Mais non chers amis, je n’ai pas manqué de mémoriser dans ma petite cervelle ces scènes hautement impudiques. J’ai ouïe dire que les cas d’accidents de circulation étroitement liés au dosage alcoolique ambiant des jeunes n’ont pas manqués se produire dans la ville.…

Des participants de la fête de bière au Bénin
Des participants de la fête de bière au Bénin

Dieu aidant, Y en avait qui s’en sont désolés autant que moi. Et eux n’ont pas manqué de le dire très haut. En effet, quelques faiseurs d’opinions (grogneurs) ont profité des antennes des radios locales pour interpeller la société organisatrice de cet événement sur les dispositions qu’elle prend pour réduire au minimum le risque d’abus d’alcool. D’autres ont même évoqué la durée trop longue de la manif et la forte présence des ados. Il y en avait de plus radicaux qui protestent contre la fête de la bière et militeraient pour sa cessation. Pour eux, les autorités politico-administratives du Bénin doivent se rendre à l’évidence que c’est la jeunesse (l’avenir d’une Nation) qui est désorientée et malmenée au cours de ces fêtes de la bière. Et l’avenir se lit davantage en pointillés… « C’est un suicide collectif qu’il faudra arrêter tôt ou tard » rétorque Djibril Chabi, un ancien accroc de la fête de la bière qui réclame aujourd’hui s’être repenti. Toutefois, les politiques auraient tout un intérêt que la fête perdure, estiment ironiquement d’autres amis avec qui j’ai pu en discuter. Pour eux, la jeunesse béninoise oubliée par les politiques de tout bord  ne trouve comme solution pour s’évader de ses soucis que de s’adonner à ces activités de réjouissance. Ce qui en appellerait tout simplement à la responsabilité de l’Etat face à sa jeunesse….



[1] Nom donné aux habitants de la ville de Parakou

[2] Ancien Roi de la dynastie Baatonnu (bariba) du Nord du Bénin dans les années


Climat : La pagaille japonaise ! (Ces pays qui paient pour réchauffer la planète)

co2En pleine conférence des parties (CoP19) sur les négociations – climat à Varsovie (Pologne) et sous les douleurs du typhon Haiyan ayant balayé l’archipel des Philippines, le Japon vient de porter un coup dur à l’humanité.

Réchauffement de la planète! Catastrophe écologique ! Tempête ! Cyclone ! Fonte des glaciers ! Tout ce triste spectacle environnemental qui se renouvelle à notre siècle n’a qu’une seule origine. Nul n’ignore que la forte émission des gaz à effet de serre (GES) est la source principale de tous ces cataclysmes qui déciment des milliers de vies humaines chaque année. Mais voilà qu’en plein bourbier du typhon Haiyan aux Philippines et de la mortifère tempête du Puntland en Somalie, le Japon sème la grande désolation par une annonce tonitruante sur ses objectifs de réduction de gaz à effet de serre. Cinquième plus gros producteur de dioxyde de carbone au monde, le pays du soleil levant avait fait au début des années 90 une merveilleuse promesse à la communauté internationale de réduire de 25% ses émissions de GES sur la période 1990-2020. Mais contre toute attente, le gouvernement japonais vient de plonger dans l’amertume toutes ces millions de personnes de part le monde victimes es catastrophes naturelles. Le pays de Shinzo Abe déclare qu’il reverrait en baisse de 3,8% son objectif du départ. Du coup, l’empire nippon augmente son émission de gaz à effet de serre de plus de 3% par rapport à l’année 1990. Au regard de ce changement brutal de politique environnementale, on est en mesure de se poser des questions légitimes. Le Japon a-t-il déjà oublié le catastrophe nucléaire de Fukushima ? Où est passé le protocole d’accord de Kyoto ? Que fait le pays des changements climatiques ? Quelle est sa vision du développement durable ? Tentez d’apporter des réponses lucides à ces interrogations, amène tout individu lambda à réaliser que le Japon ne fait que s’aligner sur une liste bien connue des criminels du climat. Ces pays qui font voler en éclat les accords sur les climats et qui s’en moquent presque se comptent à tous les coins du globe. Des États-Unis à la Chine en passant par l’Inde, la Russie, le Brésil, le Canada, l’Australie et même l’Afrique, il existe une belle cohorte de pays assassins à travers leur non respect du contexte climatique actuel de la planète. Chose plus paradoxale, ils revendiquent une certaine capacité à payer pour user du droit de réchauffer davantage le globe.

Haiyan, le gigantesque ayant rayé une bonne partie des Philippines de la carte du monde...
Haiyan, le gigantesque ayant rayé une bonne partie des Philippines de la carte du monde…

Leur mobilisation pour la tragédie des Philippines, bien qu’elle soit encore faible, illustre si bien cette mesquinerie de laisser mourir des vies humaines contre une insultante aide internationale. A titre d’exemple, le Japon puisque c’est lui qui lancé la boulimie, prévoit débloquer une enveloppe de 10 milliards de dollars, 1000 soldats, 25 médecins, 3 hélicoptères, des navires et des avions de transport en soutien aux sinistrés du typhon Haiyan. Dans un autre registre, les États-Unis refusent de s’engager dans la mise en œuvre des accords mondiaux sur le respect des normes environnementales. D’autres pays émergents tels que le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine, l’Afrique du Sud, voire le Canada et même quelques uns d’Europe y verraient un frein à leur développement. Et c’est ce qui justifierait même le revirement spectaculaire du gouvernement japonais. L’autre preuve de la démarche machiavélique de ces puissances est le « permis de polluer ».  En effet, cette disposition soutenue et défendue corps et âmes par les pays riches leur permettrait, en cas de mise en œuvre, d’acheter aux pays pauvres (en développement), le droit de produire plus de gaz à effet de serre. Un scandale, est-on bien en droit de crier. Et mon intime conviction me fait demander si les grandes croisades annuelles sur les climats, la désertification, la gestion des risques environnementales ne sont juste pas une succession de simulacres bien orchestrés pour se moquer des pays pauvres et des ONGs. Sauf aussi que ces derniers prennent du plaisir à participer à ces rencontres. Elles permettent tout au moins de s’offrir une semaine de villégiature. Ces pratiques malsaines sur la gestion climatique relancent tout un ensemble d’interrogations auxquelles il convient de trouver des réponses tangibles et humanistes.

Adaptation et résilience des populations aux changements climatiques oui, soutien aux sinistrés d’accord, mais plus de responsabilité sociétale des États et des grandes entreprises serait la mieux indiquée. Rien ne sert de dénaturer le fonds vert pour le climat…


Chine : Timide marche vers la démocratie ?

Xi Jinping poura-t-elle conduire la Chine vers la Démocratie?
Xi Jinping poura-t-elle conduire la Chine vers la Démocratie?

Comme l’on si attendait, le plenum du comité central du Parti Communiste Chinois s’est penché sur les questions brulantes de l’empire du milieu. Des nombreuses réformes annoncées, il en ressort que la Chine entame une marche « timide » sur le chemin de la démocratie et du respect des droits de l’Homme.

Les réformes, ce n’est pas ce qui manque de la dernière réunion du comité central du parti unique de Chine. Elles sont économiques, sociales et politiques. Bien qu’au départ, on annonçait un plenum fortement axé sur les questions économiques, les dirigeants chinois ont aussi porté leurs réflexions sur les enjeux politiques du pays. Sur le plan économique, on sait désormais que la Chine priorise l’économie de marché (ce qui ne signifie tout de même pas une libéralisation systématique de l’économie nationale encore moins des grands segments industriels), s’attaque à la question du vieillissement de la population, a jeté de nouvelles bases pour le financement de la retraite. Mais d’autres réformes plutôt politiques semblent avoir produit un effet de soulagement, non pas de satisfaction dans le rang des défenseurs des libertés individuelles. En effet, le président Xi Jinping a réussi une première dans l’histoire démocratique de la Chine. En annonçant la fermeture prochaine des Laojiao (centre de rééducation par le travail), l’empire du milieu, vient de marquer la rupture avec une vieille tradition née depuis les années 1957.

quelques préposés à la rééducation en 2006...
quelques préposés à la rééducation en 2006…

Spécialité administrative chinoise d’une époque révolue, la rééducation par le travail est une pratique dédiée aux petits voleurs, prostitués, autres délinquants sans jugement et pouvant aller à quatre ans. Aussi est-elle une arme de répression contre les contrevenants à la fameuse politique de l’enfant unique. Et cette politique de l’enfant unique, les autorités chinoises décident d’y apporter de profondes réformes. Ainsi, les couples chinois dont au moins un membre est enfant unique, sont autorisés à avoir deux enfants. Un coup de grâce à la précédente réforme qui n’autorise que les couples d’enfants uniques à avoir deux enfants. Néanmoins, ces deux réformes sont-elles suffisantes pour croire à la naissance d’une Chine démocratique ? Va-t-on vers une « société chinoise harmonieuse » comme l’avait annoncée Xi Jinping dès son arrivée au pouvoir ? Difficile de l’affirmer ! En effet, l’abolition des laojiao ne serait pas la fin des exactions. A en croire les défenseurs des droits de l’Homme, la fin des goulags (camp de réforme par le travail) n’est pas une option immédiate pour les pouvoirs chinois. Et bien que Xi Jinping a eu le mérite de faire aboutir des projets amorcés depuis 2007 et sans cesse avortés, de remettre la chine en phase avec sa propre constitution et la convention internationale des droits civiques qu’elle a signée en 1998, la méfiance règne en maître dans le cercle des ONG de droits de l’homme. Aujourd’hui, la Chine est le seul pays au monde où un Nobel de la paix, Lui Xiaobo, est en prison, les censures d’informations et de l’internet, le cyber contrôle et les interpellations « arbitraires » se vivent presque au quotidien par les populations. Et selon certaines indiscrétions relayées dans la presse internationale, il serait prévu en remplacement des centres de rééducation, la création des centres de correction et de réinsertion plus « respectueuse » des droits à la défense et des libertés individuelles dans lesquels les condamnés n’auraient qu’un séjour de plus un an. Légitime, affirment certains car ces quelques 360 usines-prisons de près de 160.000 pensionnaires, auraient fortement contribué au miracle économique du pays. De plus, aucune réforme n’est annoncée dans le cadre de la participation citoyenne aux affaires publiques. Une chine multi-partite, avec un système électoral ne serait pas à l’ordre du jour.  Et de mon intime conviction, la méfiance des défenseurs des droits de l’homme, teintée d’une saine colère suite à l’élection du pays au Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU, a toute sa raison d’être.

Une Chine démocratique sous Xi Jinping ? Wait and See…


Mondial 2014 : La France peut-elle encore espérer ?

Le premier but Ukrainien...
Le premier but Ukrainien…

Jamais et au grand jamais le Brésil n’a été si loin pour l’équipe de France de Football. Après une campagne éliminatoire en demi-teinte dans les phases de poule, les Bleus n’ont pas fait mieux qu’une prestation décevante en manche aller des barrages.

Face à l’Ukraine dans un stade de Kiev plein à craquer , les poulains de Didier Deschamps ont essuyé une cuisante défaite de deux buts à zéro. Sur des réalisations de Roman Zozulya (61’) et de Andriy Yarmolenko (83’, pen), l’Ukraine a pris une option sérieuse pour la qualification au Mondial 2014. Bien que le sélectionneur français ait fait preuve d’une grande sérénité dans ses déclarations d’après match, il faille craindre pour la France. En attendant le match retour de mardi prochain au Stade de France, une qualification des bleus serait bien laborieuse. En effet, l’Ukraine, en position avantageuse pour la manche retour est la meilleure défense des éliminatoires pour le mondial 2014. Cette équipe peu connue des grands milieux de football, n’aura encaissé que quatre petits dans les éliminatoires. Mieux encore, elle n’a concédé le moindre but de Mars 2013. Et pour se retrouver au Brésil, la France doit marquer presque autant de buts concédés par l’Ukraine en treize matches en une seule partie de jeu. En effet, les coéquipiers de Hugo Iloris doivent tromper trois fois la défense ukrainienne sans en encaisser le moindre but. Et pour qui connait le football, c’est bien compliqué mais pas impossible. Mais quand l’adversaire s’appelle « Ukraine » avec un jeu défensif assez rugueux, cela devient une équation à multiples inconnus pour une équipe fantomatique au match-aller.  En football, tout reste tout de même jouable. Et des exemples de reversement de situation sont légion sur la planète du sport roi. Mais la France a-t-elle la moindre chance de vivre l’aventure brésilienne ? Mon intime conviction me fait craindre le pire pour une équipe de France assez fébrile depuis quelques années. Souvenez-vous de la douloureuse et très controversée qualification au Mondial 2010 en Afrique du Sud et vous comprendrez que la sélection française a perdu de ses lettres de noblesses dans le gotha du football mondial. La France, ce n’est plus cette équipe de football qui pourrait faire trembler ses adversaires même de seconde zone. Et ce ne serait même pas osé de dire que cette France n’est plus une foudre de guerre. La raclée ukrainienne en dit long. Quand la mémoire devient vive, et qu’on se souvient que cette France de Franck Ribéry, Karim Benzema, Olivier Giroud, Sami Nasri, Loïc Rémy et tous les autres a de montreuses difficultés devant les buts adverses, le doute sur une possible qualification s’amplifie. L’embarquement pour Rio, Porto-Alegre, Copacabana, Recife et toutes les autres grandes villes qui accueilleront le Mondial 2014 se ferait sur le fil pour une équipe de France avec une défense centrale diminuée par l’absence de Raphael Varane et de la suspension de Laurent Koscielny. Reste peut-être un miracle à la main de Dieu de Thierry Henry comme ce fut le cas pour la qualif au Mondial 2010 face à la République d’Irlande. Mais çà aussi, il faille le répéter au moins trois fois dans une même rencontre.

La France au Brésil 2014 ? Réponse au match retour….


Parakou: De l’eau trouble au robinet !

La station de pompage et de traitement de l'eau sur le Fleuve Okpara qui désert la ville de Parakou et environs en eau courante...
La station de pompage et de traitement de l’eau sur le Fleuve Okpara qui désert la ville de Parakou et environs en eau courante…

S’il y a une consigne donnée aux touristes occidentaux qui voyagent sur l’Afrique qui m’a longtemps intriguée, c’est sûrement l’interdiction qui leur est faite de consommer de notre eau courante. Du coup, ils sont des milliers ces touristes qui viennent au Bénin sans jamais connaître la saveur de notre eau de robinet.

Et depuis peu, je commence par leur donner raison. Un court séjour à Parakou, dans le nord du Bénin, et vous risquerez de manifester un désamour profond avec l’eau courante qui est servie aux populations locales. Et le divorce entre les populations locales et la société distributrice de l’eau courante ne cesse de s’accentuer. Depuis 2008, il n’est pas rare que l’eau de robinet passe à une couleur rougeâtre. Et cette mésaventure devenue familière, la population locale la revit encore depuis le début de cette semaine. Après plus de trois jours de coupure d’eau pour des raisons techniques, la redistribution s’est faite sous fond de méfiance pour les populations. En effet, c’est une eau rougeâtre au goût piquant avec une odeur forte qui coule au robinet par endroit dans la ville. La qualité trouble de l’eau remet en cause sa potabilité. Est-elle aussi consommable ? S’inquiètent les populations. Mais à comme l’accoutumée, le directeur régional de la société distributrice de l’eau interrogée sur une radio locale de la ville rassure que cette eau bien que trouble ne représente aucun danger pour les populations. Dans ces conditions, pourquoi condamner les touristes qui passent tout leur séjour à ne consommer que l’eau minérale embouteillée ? Une récente enquête menée en 2010 par Gaston Yamaro, journaliste dans une radio locale a montré que la consommation de l’eau de robinet serait à l’origine de la fièvre typhoïde pour 25% de la population locale. En effet, l’eau courante servie aux populations locales contiendrait une forte concentration de manganèse qui, au contact des conduits d’eau (en fer) et du chlore (utilisé pour le traitement de l’eau) donne naissance à ces particules chimiques qui se déposent au fond de l’eau issue des robinets. Une situation inquiétante autant pour les populations locales, les agents de santé mais curieusement pas pour les responsables de la société distributrice de l’eau qui ne manquent pas de déclarer à chaque survenance de la situation sur les antennes des radios locales que cette composante chimique (chlorure de fer) qui se dépose dans l’eau est utile pour l’organisme humain. Assez drôle quand on sait que l’organisme humain a besoin d’un dosage conventionné pour tous les produits chimiques dont il a besoin.  Et depuis, ils sont des dizaines de personnes dans la ville qui ont fini par ne plus savoir l’emplacement de leur robinet d’eau courante dans leurs maisons. Pour ceux qui n’ont pas les moyens de s’offrir quotidiennement de l’eau minérale embouteillée, la solution fut toute simple. Aussi paradoxale qu’elle puisse paraître, ces derniers préfèrent utiliser l’eau de puits. Du coup, la méfiance à l’égard de l’eau de robinet ne cesse de s’accroître. Les rôles ont même changé dans certaines concessions. L’eau de puits sert à la boisson, et celle courante à la cuisine (on espère qu’au contact de la chaleur, elle deviendrait potable), à la vaisselle et à lessive. En attendant une réponse suffisante des autorités, les touristes savent désormais qu’ils ne sont plus les seuls à être en froid avec l’eau courante au Bénin. Et ce qui fait le grand bonheur des industries productrices des eaux minérales embouteillées.