De Rocher Chembessi

Bénin : Du minerai à la Présidence…

Présentation des bassins pétroliers et miniers au Chef de l'Etat au Palais de la Présidence...
Présentation des bassins pétroliers et miniers au Chef de l’Etat au Palais de la Présidence…

Je n’ai point été si hésitant. Hésitant à trouver le titrage de mes billets. Mais celui-ci m’a fait cogiter. Il m’a fait même perdre mon humeur des matins. Ce billet aurait porté mille et un titres mais son contenu n’aurait pas changé. Ce que je veux dire n’est point une dénonciation, ce n’est point l’expression d’une quelconque adversité avec quiconque. Mais c’est juste encore l’expression de mon profond attachement aux valeurs de la prudence et de la méfiance dans un monde de duperie. Un monde fourberie orchestré au plus haut sommet de nos Etats. Et qui donne toute la valeur à l’expression « le ridicule ne tue pas. »

Voyons, cela fait des années et bien des siècles que la ruse du Béninois (que mes compatriotes m’en excusent) est connue sur tous les cieux. Mais cette ruse devient la recette quotidienne du sommet de l’Etat, on est bien en droit de se demander si chez nous, au Bénin, le ridicule ne tue pas ?

Pour mon billet, j’ai réveillé tous mes sens. Je me suis mis dans la peau du béninois lambda qui depuis quelques semaines et comme cela est devenu le cas pour la plupart depuis le 06 avril 2006 (date d’arrivée au pouvoir de Boni Yayi pour son premier mandat), semble impénétrable. Saint Thomas, les béninois le sont devenus ! Pas facile de rencontrer une suite de béninois qui croient sans équivoque à la bonne foi des autorités du pays. Et cette atmosphère de méfiance précédemment mêlée des affaires fantoches de tentative d’empoissonnement du Chef de l’Etat, de tentative de Coup d’Etat, de révision de la Constitution, s’est amplifiée par les derniers shows médiatiques de la présidence de la République.

Qui ne reconnait pas le génie du béninois ? Jadis Quartier Latin de l’Afrique, le Bénin a toute l’alchimie qui échappe au monde entier pour résoudre par un coup de baguette magique les nombreux problèmes qui secouent l’humanité. Dans mon Bénin, il n’y a point un champ expérimental plus productif, mieux équipé et très productif que le palais de la Présidence. Au palais de Yayi, on s’est tout fait. Avant on y cultivait du Coton. Et ici, tous, on se souvient des flèches de l’opposition politique et quelques organisations de la société civile qui, pour s’offusquer contre la comédie présidentielle “rossignolaient’’ que le « Coton ne se cultive pas à l’Etat ». En attendant que le gouvernement nous sorte des données fiables qui puissent attester que le Coton béninois a renoué avec ses belles performances du début des années 90, ce qui semble se compliquer avec la guéguerre Gouvernement-Société de Développement du Coton (Sodeco) ouverte depuis quelques jours, le Palais de la Présidence du Bénin s’est déjà mué en un grand périmètre minier. Un champ riche en ressources minières. Dans le palais de Yayi,  c’est une course contre la montre pour les nombreuses sociétés d’exploration du sous-sol béninois. Elles se relaient les unes après les autres pour nous annoncer bouteilles en mains, gobelets pour d’autres le riche patrimoine minier du Bénin. Bien drôle ! Pourquoi au Palais et non pas le Chef de l’Etat sur les sites de découverte ? s’est exclamé un ami. Après le pétrole[1] de bassin côtier de Sèmè à Grand-Popo, annoncé à renfort médiatique et dans une confusion royale sur les potentialités exactes[2] de la société qui en fait la découverte, voici maintenant la saison des minerais. Du Pétrole à Avrankou (Sud Ouest), du Pétrole à Allada, (vers le Centre), du Fer à Loumbou-Loumbou et Madékali (Nord est du pays), de l’Or à Perma, Sina-Siré, Sarga (Nord Ouest et Est), du Phosphate au Mékrou (Nord Ouest), encore du Calcaire, du marbre, du gravier, de l’argile, de la terre de barre, du kaolin, du sable sur toute l’étendue du territoire national particulièrement au sud, des pierres ornementales au Centre et au Nord, des combustibles fossiles au sud, des diamants microscopiques à Mangou et Kiatiko (Nord Ouest), du rutile (Centre), le Nickel à Péhunco (Nord Ouest), du gypse à Pobè (Sud Est), et Bopa (Sud Ouest), de l’étain à Sinendé (Nord Est), tout y est pour faire du Bénin un pôle minier. Et à la Présidence de la République, on en jubile. On ne s’arrête pas de faire défiler les sociétés d’exploration au palais. Et le ministre des recherches minières en profite pour faire son petit numéro. Pour qui le connait, c’est un amateur de la danse, de la jubilation, donc pas sorcier que Barthélémy Kassa, c’est son nom, soit aux anges à chaque fois qu’il introduit au palais un explorateur minier. Des minerais au Bénin, qui n’en veut pas ? Pas sûr qu’un béninois puisse dire non. Mon intime conviction me fait savoir qu’il s’agit d’un peuple mur qui saura ne pas vivre l’amère expérience de certains pays du continent où les exploitations minières ont tourné au vinaigre. Mais en attendant ce fameux jour où les premiers coups de pioche, les premiers bruits de moteurs, les premiers vrais échantillons de ces métaux, les premiers cargaisons à l’exportation ou à la transformation de ces nombreux minerais seront une réalité, les béninois n’ont d’yeux que pour les minerais du palais de la présidence…



[1] Lire ma lettre ouverte au Président de la République via le lien https://www.24haubenin.info/spip.php?article2771

[2] Grosse polémique autour de la capacité réelle de SAPETRO à obtenir en si peu de temps des résultats probants d’exploration et d’exploitation future d’un gisement de pétrole…


France: UDI-MoDem, Un mariage de raison ?

Borloo (à gauche) et Bayrou (droite)
Borloo (à gauche) et Bayrou (droite)

La France vit-elle un séisme politique ? Allons-nous vers une recomposition de l’échiquier politique en France ? Qui de Hollande, Sarkozy, Marine Lepe et même Mélenchon devrait se faire de soucis ? En effet, la France politique a assisté tout sagement à un événement sans précédent. Les alliances politiques ne sont pas inconnues de la politique française. Mais celle qui vient d’être scellé laisse surgir beaucoup d’interrogations. En effet, le mardi 05 Novembre 2013 sera marquée d’une empreinte indélébile en France par l’officialisation de l’union politique entre Jean-Louis Borloo et François Bayrou. Les deux anciens ministres, adversaires ou amis politiques du Centre  se tiennent désormais les mains pour les prochaines électorales. Les deux hommes au parcours politique ambigu signent l’acte de naissance de « Alternative » qui devra être une réponse crédible aux nombreuses préoccupations des Français. Mais la question taraude les esprits aussi bien en France que dans le monde est la longévité de cette union. Le rapprochement entre l’Union des Démocrates Indépendants (UDI) et le Mouvement des Démocrates (MoDem) fera-t-il long feu ? Est-ce un mariage de raison ou juste une union qui ne tiendra que le temps des prochaines élections municipales ? Selon des informations diffusées par les médias français, on croit à une union durable qui saura exister et jouer sa partition sur l’ensemble des scrutins intermédiaires, municipaux, européens, cantonaux, régionaux et même pour les joutes présidentielles du côté des militants de François Bayrou. A-t-on la même sérénité dans l’entourage de Jean-Louis Borloo ? De mon intime conviction, les deux principaux leaders du Centre ont juste un rêve. Celui de tirer profit d’une France en pertes de valeurs et de renaissance entre un Parti Socialiste (Hollande) confrontée aux dures réalités des crises économiques et de l’exercice du pouvoir d’Etat, une UMP (Sarkozy, Coopé, Fillon) en panne et un Front National (Marine Lepen) épinglé par une excessive nostalgie de ces leaders aux passés racistes d’une France non hospitalière.  Il est aussi vrai que les comportements et le show politiques des deux figures de proue du Centre vont connaître des modifications au nom de l’union entre leurs deux partis mais pas pour autant car la charte précise clairement qu’il s’agit d’une union non pas d’une fusion. L’existence légitime, légale, indépendante de l’UDI et du Modem ne sera-t-elle pas un handicap à l’atteinte des objectifs de l’ « Alternative » ? Bien malin qui pourra le dire. Et bien que la politique sous les tropiques est loin d’être homologue à celle qui se fait en France ou en Occident, des faits marquants d’union politique en Afrique pourraient présager d’un sombre avenir pour ce pacte entre Bayrou et Borloo. En effet, l’exemple du regroupement politique l’Union fait la Nation (UN) au Bénin en dit long. L’Union pourrait se limiter à un simple pacte de non agression entre les deux partis comme cela se vit dans l’exemple béninois. La conquête et l’exercice du pouvoir d’Etat pourrait se muer en un vœu pieux de longue durée. Mais nous en sommes encore loin et très loin même. Bayrou et Borloo ont-ils cogité sur la situation des micros partis du centre ? Hervé Morin et les siens seront juste conduits en hibernation ? Ou seront-ils contraints à rejoindre l’ « Alternative » ? Nul ne saurait le dire. Mais une nouvelle comparaison avec l’expérience béninoise de l’Union fait la Nation au Bénin ou de nombreux partis ont rejoints les rangs sans véritable conviction en raison de la polarisation du paysage politique pourrait bien faire école. En effet, la plupart ont quitté les rangs juste au premier échec. Aujourd’hui, l’Union même avec ses formations politiques de souche peinent à se redonner un nouvel équilibre conquérant. Apprendre des nombreux échecs d’union politique qui foisonnent sans doute dans le monde serait donc d’un grand bénéfice pour les nouveaux partenaires. Surtout que l’un, Jean-Louis Borloo expliquait «Nous avons décidé de nous rassembler, de rassembler toutes nos forces face à la situation de désarroi et de désespérance de notre pays« , et que l’autre, François Bayrou affirmait « Ce n’est pas pour nous que nous faisons ça. Le désarroi est la désaffection sont si grands que c’est désormais l’essentiel qui est en jeu. La démocratie elle-même, dans les prochaines années, est en jeu« , au terme de leur accord d’union.D’autres caractéristiques propres à chacun des deux partis pourraient être source de divorce précoce dans le futur. En effet, les mouvements politiques de ces dernières semaines laissaient penser à une « gauchisation »  du Modem de François Bayrou. L’homme aurait sympathisé avec de nombreux cadres et personnalités de sensibilité plus à gauche. Et il était annoncé comme successeur du Premier Ministre Jean-Marc Ayrault à Matignon.  Aussi se souvient-on de son soutien à François Hollande au deuxième tour des élections présidentielles de 2012. De l’autre côté, Jean-Louis Borloo est considéré comme un centriste de droite. En effet, l’UDI est un allié de longue date de l’UMP bien que le tandem a connu quelques soucis de cohabitation ces derniers jours. Mais ce qui est curieux pour les observateurs de la politique française, c’est l’annonce de l’appartenance de « Alternative » à l’opposition. Un scénario peu probable au regard des derniers événements survenus dans le paysage politique. Mais en attendant, ces ténors voudraient bien revoir des centristes en position de pouvoir d’Etat de la belle époque de Valéry Giscard d’Estaing (Président), Raymond Barre (Premier Ministre). Sommes-nous au vrai dans un mariage de raison ? A chacun son opinion…


Reddition du M 23 : fin de la guerre en RDC ?

La nouvelle est tombée aussi brusque que la naissance de la rébellion. Telle est une traînée de poudre, elle a surpris plus d’un dans le monde. Même les Congolais habitués aux grandes situations d’insécurité ont été pris du coup. Le Mouvement du 23 Mars plus connu sous le nom du « M 23 » vient de mettre fin à sa rébellion dans l’est de la République démocratique du Congo. Sultani Makenga et ses hommes qui se sont dissous dans la nature, ont décidé de déposer les armes. Bien que cette reddition des hommes « forts » de la province du Nord-Kivu soulage plus d’un Congolais, elle laisse tout de même planer une méfiance. Méfiance justifiée. Il est vrai que les FARDC (Forces armées de la République démocratique du Congo) ont mené une offensive herculéenne ces derniers jours dans  les bastions de la rébellion. Des tirs à l’arme lourde ont été entendus sur plusieurs périmètres tenus par les rebelles du 23 Mars. Une rébellion qui aura connu de lourdes pertes en termes d’armements et dont nombreux miliciens ont fait défection. L’armée congolaise a certes gagné une bataille qui aura duré environ deux ans (22 mois) mais peut-elle déjà crier victoire ? Face à cette situation,

Des éléments de l'armée congolaise...
Des éléments de l’armée congolaise…

de nombreux analystes jouent la prudence. Une prudence justifiée en tout premier lieu par les conditions de naissance de la rébellion. Aussi, les autorités congolaises ne devraient-elles pas se prévenir des soutiens supposés de la rébellion auprès de certains pays frontaliers ? De plus, les annonces faites par les autorités de Kinshasa qui comptent mettre fin unilatéralement aux pourparlers, ne sont pas aux yeux de certaines personnes averties, de nature à protéger durablement les acquis de cette victoire. L’objectif des Congolais est le retour à la paix et à l’unité du pays. En effet, une mauvaise exploitation de cette renonciation aux combats armés du M23 pourrait ramener la RDC à la case départ (ce qu’aucun Congolais ne souhaite). Pour qui se souvient des conditions de naissance du M23, le gouvernement congolais se doit de gérer avec délicatesse la situation. En effet, le M23 est né d’une mutinerie d’anciens rebelles, essentiellement tutsi, intégrés dans l’armée congolaise trois ans plus tôt à la suite d’un accord signé le 23 mars 2009 avec la rébellion du Congrès national pour la Défense du peuple de Laurent Nkunda. Et les mutins, ce n’est pas ce qui manque en République démocratique du Congo ? Aussi, doit-on s’attarder sur la position actuelle des ténors du M23 et des quelque 2 500 soldats volatilisés dans la nature. Où sont passées la lourde artillerie et l’importante somme d’argent issue de l’exploitation illégale des ressources minières de la région du Kivu par la rébellion ? En l’absence de toute réponse fiable à ces différentes interrogations, le gouvernement de Joseph Kabila a encore un grain de sable dans sa victoire « totale » sur la rébellion. Spécialiste en terrorisme et relations internationales, Francis Adanlao, estime que les négociations de Kampala ne peuvent être rompues. « Nous sommes arrivés à un stade où le gouvernement congolais est en position de force, mais très délicate qui exige de lui une finesse dans sa stratégie de pacification du pays. » estime-t-il. Le M23 serait-il en train de jouer contre la montre ? « Possible ! Mais a priori, nous sommes loin d’une stratégie de guerre, car la rébellion a perdu  toute sa verve. Il serait difficile qu’elle retourne aux armes dans les conditions actuelles » ajoute-t-il. En poursuivant son analyse, Francis Adanlao qui s’intéresse à la légitime défense des Etats, préconise un maintien des soldats congolais dans la zone acquise. «  Autant que le dialogue, le ratissage doit être maintenu pour éviter une résurgence de probables dissidents du M23 qui veulent poursuivre la lutte armée ou d’autres groupes armés » conclut-il. Le retour d’une paix durable en République démocratique du Congo pourrait donc se forger sur un sentier assez pénible. Reste à chacune des parties de se décider au fumer le vrai calumet de la paix…

Sultani Makenga, le très recherché chef d'Etat Major de la Rebellion du M23
Sultani Makenga, le très recherché chef d’état-major de la rébellion du M23


Tournoi de l’Uemoa: la Honte!?

Une affiche du tournoi de l'Uemoa 2013
Une affiche du tournoi de l’Uemoa 2013

La sixième édition du tournoi de l’intégration qui regroupe les huit pays de l’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine aura mis à nu l’amateurisme et l’ignorance qui règnent en règle d’or depuis quelques mois sur le football africain. En effet, pour qui s’en souviennent, de nombreuses équipes de football du continent (Togo, Guinée Equatoriale, Cap-Vert, Gabon, etc…) ont été tout simplement déboutées par la Fédération Internationale de Football Association (FIFA) pour tricherie et non respect des règlements et statuts des éliminatoires de la Coupe du Monde Brésil 2014. Mais les derniers événements survenus dans le cadre du tournoi de l’intégration qui se joue en Côte d’Ivoire viennent de démontrer que certaines équipes africaines n’ont pas encore rompu avec la triche et la méconnaissance des règles d’une compétition de football. Grandissime favori de l’édition 2013 du tournoi de l’UEMOA au regard d’un élogieux palmarès (trois finales disputées, une remportée), le Niger a surpris plus d’un en décidant de boycotter le match qui devrait l’opposer en dernière journée de la Poule B face aux écureuils du Bénin. Est-ce un boycott ? Une honte mal digérée ? Ou encore un aveu d’incapacité ? Il revient à chaque observateur du foot d’analyser ce comportement antisportif et très peu diplomatique du mena national du Niger. En tout cas, le ridicule ne tue pas chez nous en Afrique. Pour les faits, le Niger, à quelques heures d’un match crucial qui devrait l’opposer au Bénin, a appris la disqualification par la commission de discipline de la compétition cinq de ces joueurs cadres. Une disqualification justifiée, a-t-on dit par la non conformité entre les informations inscrites sur la licence et le passeport des joueurs notamment sur les âges. Une tricherie mal inspirée ! S’est exclamé un de mes proches. Car depuis des années, une persistante rumeur pèse sur le football de la falsification par les joueurs de leurs actes de naissance pour modifier leurs âges. Mais tout ceci aurait toujours été fait sans la moindre trace. Même de grands noms du monde du football ont été indexés dans une affaire du genre. Et tout récemment (au mercato d’été) Radamel Falcao, inoxydable attaquant colombien transféré de l’Atlético Madrid à l’AS Monaco à des millions d’Euros a été secoué par une vague de polémique sur son âge exact.

Mais dans le cas d’espèce de la sélection nigérienne, cette histoire vient ternir sans aucun doute l’image d’une compétition qui connaissait déjà d’énormes difficultés dans son organisation et sa médiatisation. Encore un scandale dans le foot africain ? Non pas vraiment car le Niger ne peut que se plaindre de son propre sort. Et les nigériens doivent juste s’en prendre à l’amateurisme et la grosse légèreté des responsables de leur football qui n’aurait sans doute pas connu les gloires de ces deux dernières années si le tournoi de l’UEMOA n’avait jamais existé. En effet, c’est à travers ce tournoi que l’ossature de l’équipe nationale du Niger a été consolidée afin de permettre à l’équipe de participer deux fois successivement aux Coupes d’Afrique des Nations (CAN) 2012 et 2013. C’est par ce tournoi de l’Uemoa qu’ont révélé des noms de footballeurs nigériens tels que Moussa Maazou, Daouda Kassali, Mouhamed Chicoto et bien d’autres. Et cela devient très amère à digérer de savoir que c’est ce Niger considéré dans la sous-région comme le plus grand bénéficiaire du tournoi qui en devient le mauvais élève.

Enfin, il faut préciser que la sanction contre les joueurs nigériens fait suite à la réserve portée par le Sénégal à la suite du match nul un but partout avec le Niger. Et dans un premier temps, la commission de discipline a débouté les deux équipes. Mais un recours porté par le Sénégal a conduit à la disqualification de cinq joueurs nigériens et une défaite sur tapis vert du Niger face au Sénégal. Sur le terrain, l’abandon du Niger fait le bonheur de l’équipe nationale du Bénin qui se qualifie pour la finale demain samedi où elle affrontera son homologue du Burkina Faso. Pour cette ultime rencontre de la compétition, le Bénin jouera sa deuxième finale et le Burkina Faso en sera à son premier coup d’essai.

Et au nom de l’intégration Bonne chance aux deux équipes !


Les petits boulots de la Toussaint…

Photo d'un cimetière...
Photo d’un cimetière…

J’avais 10 ans quand je vécus pour la première fois une vraie fête de Toussaint. Oui il a fallu attendre dix ans et me retrouver pas loin d’un cimetière dans la ville de Grand Popo (Bénin) pour comprendre toute l’importance de cette fête. Mais depuis cette date, mon attention ne se porte toujours pas sur la grandeur ou la signification de la Toussaint. Elle ne se porte ni sur les nombreuses messes qui se déroulent dans les églises catholiques et même dans les cimetières, ni sur le ballet des familles qui viennent rendre hommage à leurs morts. J’ai depuis 13 ans porté mon regard d’observateur, blogueur, journaliste, économiste ou comme vous le voulez sur ces jeunes gens qui, l’occasion d’une fête se trouvent une nouvelle profession. Un job occasionnel qui aurait tout sens ! Petit voyage au cœur des petits boulots de la Toussaint…

Au cimetière de Grand-Popo où j’ai eu le temps d’observer mes amis et de vivre la fête de Toussaint, je réalisai qu’à l’approche de chaque 1er novembre, la maison mortuaire commence par faire sa toilette. Elle reprend une certaine virginité qui parfois, en six ans où je suis resté juste en face lui donne une peau neuve. Des dizaines de familles y passent pour aménager la dernière demeure de leurs proches parents dont certains ont tiré leur révérence depuis des lustres. Et c’est cette volonté d’aménager le périmètre dans lequel vivent leurs proches qui donne naissance à ces petits boulots de la Toussaint soigneusement affectionnés par mes copains du quartier. De Grand Popo, à Parakou au nord du Bénin en passant par Cotonou la capitale économique, les travailleurs occasionnels de la Toussaint sont des spécialistes en nettoyage et embellissement. Seuls ou en équipes, enfants, vieux, hommes ou femmes ne manquent pas l’occasion de la Toussaint pour se remplir un peu les poches. Bien qu’il n’existe pas un tarif fixe pour les prestations, je me souviens comme hier que mon ami Michel mobilisait par moins de 5 000 F Cfa pour le sarclage des alentours de moins d’une dizaine de tombes par jour de travail. Qu’elle était la grande joie du peintre Eclouvi, légendairement reconnu dans le coin pour son travail très soigné de peinture. Je n’ai jamais réussi à savoir combien il arrive à engranger au quotidien durant la période la Toussaint pour son travail acharné sur de nombreuses sépultures. Il avait tout de même un sourire qui rassurait que tout allait au mieux.  Maman Cynthia, grande revendeuse de pots de fleurs, avait une chance inouïe d’avoir sa boutique située juste en face du cimetière. Mais n’empêche, elle s’entoure à chaque fête de Toussaint des services d’une bonne douzaine de jeunes gens et dames pour le démarchage des acheteurs et la décoration de la plupart des tombes du cimetière. Néanmoins, il y avait de la place pour d’autres de créer juste pour la Toussaint une petite entreprise de décoration. Dans ce marché de la Toussaint, il y a donc toutes les compétences ou presque. De l’agent d’entretien, à la décoratrice, en passant par le fleuriste, et le peintre, il ne faut pas oublier le maçon dont le service est de colmater les tombes ou d’en refaire d’autres avec l’aide des fossoyeurs. Mais que font les petits enfants et les femmes sur ce marché devenu à la longue très concurrentiel ? La plupart d’entre eux accompagnent les autres travailleurs pour des services intermédiaires. D’autres ramassent les mauvaises défrichées, d’autres encore vont chercher de l’eau pour les maçons. Mais il y en a qui se spécialisent dans le lavage des tombes réalisées avec des carreaux et qui n’ont très souvent plus besoin de grands travaux. Pour l’un ou l’autre de ces acteurs des petits boulots de la Toussaint, l’objectif n’est pas la rémunération, mais l’amour pour les disparus et l’entraide avec leurs proches. Ce serait pourquoi il n’y a ni de prix de base ni de négociation pour le service rendu, mais ce qui compte c’est le geste de cœur du demandeur. Aussi n’est-il pas rare de croiser dans les couloirs des cimetières les proches des disparus s’occuper eux-mêmes de ces petits soins. Une manière pour eux de maintenir davantage le contact avec eux et de leur témoigner encore plus profondément leur affection. Avec le chômage sans cesse croissant, on rencontrerait désormais dans ce lot d’employés de la Toussaint, toutes catégories de personnes en occurrence les étudiants, les diplômés sans emploi et les travailleurs saisonniers des entreprises. La dévaluation, la crise économique et la perte du pouvoir d’achat y ont consacré l’entrée des agents de la fonction publique, m’a confié par téléphone, Eclouvi qui est depuis le début de cette semaine à ses amours professionnels de la Toussaint.