De Rocher Chembessi

Pour son retour au Sénégal, Qui pour résoudre l’équation « Abdoulaye Wade »?

Wade en pleine campagne électorale en 2012, Source: Le Figaro
Wade en pleine campagne électorale en 2012, Source: Le Figaro

Plus de doute, le vieux arrive ! Sauf retournement de dernière minute, l’ancien président sénégalais Abdoulaye Wade foulera ce 25 avril 2014 le tarmac de l’aéroport international de Dakar. Un retour à multiples inconnues !

Il aurait pu être à Dakar depuis mercredi dernier. Mais Abdoulaye Wade devra attendre ce vendredi pour retrouver sa terre adorée du Sénégal. Un retour qui agite le débat public dans le pays de la Teranga. Un retour après plus de 22 mois d’absence du pays qui fait monter le mercure dans toutes les arènes du pays.

Mais pourquoi un retour si « médiatisé » de l’ancien président au Sénégal ? Abdoulaye Wade ne manque pas une seule occasion pour faire de son retour l’événement le plus populaire de l’année au Sénégal. En attendant bien sûr le Sommet de la Francophonie. Mais un retour de « pop star » à multiples inconnues.

Si « Gorgui » (le vieux en wolof) annonce que son retour est hautement politique, la situation de son fils Karim Wade emprisonné depuis octobre 2012 fait de ce retour un casse-tête pour nombre d’acteurs publics du Sénégal.

Abdoulaye Wade et Macky Sall
Abdoulaye Wade et Macky Sall

Même si l’actuel gouvernement du Sénégal se montre imperturbable face à ce come-back de Wade père, les nombreuses restrictions faites aux militants du « vieux » sur les différentes activités publiques prévues pour marquer le retour de ce dernier en montre toute une autre facette. Abdoulaye Wade ferait bien « trembler » la famille politique de Macky Sall. Et elle semble en panne d’inspiration pour contrecarrer le réveil politique qui naîtra la présence de Wade au pays. Surtout que celui-ci, resté longtemps silencieux depuis sa défaite de 2012 ne manque pas depuis quelques jours d’attaquer « violemment » et « directement » le régime de son successeur. Mais ce retour profite-t-il autant aux militants du parti politique de Abdoulaye Wade ?

C’est bien l’autre interrogation que suscite le come-back « politique » de Abdoulaye Wade. Il est vrai que l’expérience et la fougue politique populairement connues au « vieux » pourraient être bien utiles à sa famille politique en forte hibernation. En effet, le Parti démocratique sénégalais (PDS) enchaîne depuis 2012 des échecs politiques qui lui ont totalement fait perdre du terrain. Et il avait besoin d’un nouveau souffle pour sa régénération.  Mais est-ce celui de Abdoulaye Wade ? Pas si sûr, car les pratiques de gouvernance politique de Wade n’ont toujours pas fait l’unanimité au sein du parti. On se souvient tous au PDS de sa tentative effrénée d’« imposer » les responsables du parti, d’assurer une succession héritière à la tête du pays à son fils Karim Wade. Autant d’éléments qui ont été à l’origine de la débâcle politique du parti. Mieux encore, ce retour en triomphe de Wade pourrait bien ravir la vedette à ceux qui depuis sa « fuite » de Dakar travaillent inlassablement pour le maintien en vie du parti. A eux aussi, difficile de résoudre l’équation Abdoulaye Wade.

Abdoulaye Wade et son fils à Dakar, Photo d'Archives AFP
Abdoulaye Wade et son fils à Dakar, Photo d’Archives AFP

Et plus étonnant, c’est dans l’entourage de Abdoulaye Wade que le retour du « vieux » inquiète. En effet, ceux-ci qui s’impatientent très peu de son retour s’inquièteraient qu’il fasse « obstruction »  à la procédure judiciaire dans laquelle son fils Karim est mis en cause. A quoi jouera Abdoulaye Wade sur ce délicat dossier ? Aux avocats publics de son fils ? Juste à un père qui pourrait rendre visite à son fils en prison ? C’est encore tout le grand mystère dans la gestion de ce dossier par Abdoulaye Wade. Une chose est certaine, il serait bien difficile que Wade ne se prononce pas sur le dossier, lui qui clame haut et fort l’ « innocence » de son fils victime d’une « chasse aux sorcières » et d « un règlement de compte politique ». Du coup, on se demande si la défense de Karim Wade pourrait bien arriver à canaliser la fougue du « vieux » sur ce dossier. Difficile équation !

Autant de choses qui démontrent clairement que l’homme est resté égal à lui-même depuis son départ du pouvoir. Car Abdoulaye Wade, c’est un enchaînement de mystère, de déclarations tapageuses, de populisme légendaire et même de provocation directe depuis des années…


Pourquoi tant d’avocats « blancs » pour nos « diables » africains ?

avocatssL’Afrique, c’est un continent d’élites. C’est un continent d’intellectuels et de cadres émérites. Ils sont bien des milliers ces enfants qui font la fierté du continent « noir » dans les grandes académies et universités occidentales. Nombreux sont ces enfants du continent qui ne cessent de rehausser l’image d’un continent toujours en quête du souffle positif.

Mais hélas ! Tous ces sacrifices et mérites ne sont toujours pas reconnus à leur juste valeur de la même manière sur le continent. S’il y a bien un domaine dans lequel les compétences des Africains sont méchamment ignorées par les Africains « les plus forts », c’est bien la justice.

En effet, ils ne cessent d’augmenter le nombre de leaders africains (peu importe le secteur) qui se dérobent des compétences des avocats africains. Une pratique en vogue qui « entache » la réputation de centaines d’Africains formés pour la plupart dans les mêmes conditions que leurs confrères « blancs ».

Et la frange de la population africaine qui excelle dans le recours à des avocats-conseils ou de défense venus de « chez le blanc », est bien tristement celle des gros bonnets du continent. Ceux-ci qui devraient montrer l’exemple en soutenant le mérite de leurs compatriotes.

Politiciens, hommes d’affaires africains ont un goût très poussé pour le luxe occidental. Un amour aliénant dont ils ne sont pas encore prêts à se débarrasser.

Dans les palais de présidence en Afrique, les avocats qui ont la cote sont ceux venus de l’Occident. Pour les pays francophones d’Afrique, le consortium international d’avocats des chefs d’Etat se réduit assez vite à un conglomérat d’avocats français. Et le trompe-œil parfait est juste d’y infiltrer un avocat « africain » pour jouer assez tristement et bien souvent à la « figuration » ou au « communicant » du palais au pays pour des affaires loufoques.

Les affaires juridiques « Talon-Yayi » auront permis aux Béninois de découvrir la triste réalité d’un système de défense d’Africains verrouillé par des « barreautiers » blancs en général et français de surcroît. Chacune des deux parties ayant systématiquement recours à des avocats français pour assurer sa défense.

Même si dans le cas de ces affaires, il existe un bémol puisque la bataille juridique se jouait autant en France qu’au Bénin, on réalise qu’il y a bien des affaires africano-africaines où tout est confié à des consortiums d’avocats français.

Une grosse aberration ! Et c’est un secret de polichinelle que les honoraires de ces avocats « blancs » s’évaluent à des milliers d’euros bien devant ceux de leurs confrères d’Afrique. A chacune de leur visite sur le continent, billet d’avion, chambre d’hôtel, primes de séjour sont assurés par leurs « clients » africains.

Et pourtant, rien ne fait changer la roue. Dans sa livraison N° 680 du 9 avril 2014, La Lettre de Continent a fait la liste de ces affaires africaines qui font jaser les robes noires de France. Mieux encore, ils sont bien nombreux ces leaders africains à se bousculer aux portes des cabinets d’avocats français. « L’Afrique est tout simplement devenue le nouvel eldorado des avocats français » renseignait l’Express…

Ce grand intérêt des grandes figures africaines pour les avocats occidentaux est-il le signe de l’impérialisme de l’Occident en Afrique ? Et pourquoi ce recours systématique et massif à des étrangers ? Est-ce le symbole de la grande méfiance entre Africains ?

Une chose est bien sûre, il a tout d’une insolence envers les blouses noires africaines que le prix d’une certaine « incompétence » de ces derniers. Heureusement que de célèbres, intelligents et incontournables avocats, l’Afrique en a connu et en connaîtra toujours…


Vieux, malades et présidents…

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En Afrique, la liste des chefs d’Etat de troisième âge ne cesse de s’allonger. Peu importe la région où l’on se trouve sur le continent, il y a au moins un dans la catégorie des chefs d’Etat ou de gouvernement qui flirtent avec la mort. Et pourtant ils s’accrochent au pouvoir.

Avec son cuir chevelu singulier, Abdoulaye Wade se distingue comme un recordman des chefs d’Etat les plus vieux du monde. Le Gorgui (Vieux en wolof) ne s’en plaignait sans doute pas. A plus de 85 ans, l’ancien président du Sénégal avait encore nourri les intentions de se maintenir au pouvoir. La suite, tout le monde la connaît.

Mais au grand jamais, il n’aura été le seul sur le continent à jouer dans la cour des plus vieux chefs d’Etat

Le Président Abdelaziz Bouteflika votant dans fauteuil roulant.. (Alger, Avril 2014)
Le président Abdelaziz Bouteflika votant dans fauteuil roulant.. (Alger, avril 2014)

Malgré sa « jeunesse » par rapport à d’autres dinosaures du continent, l’Algérien Abdelaziz Bouteflika, 77 ans, entre dans l’histoire. Mieux encore, dans le livre des records de Guinness. Sauf catastrophe, il sera le premier chef d’Etat élu depuis un fauteuil de « malade » dans le monde. Certes, le Vénézuélien Hugo Chavez en avait fait presque autant d’un lit d’hôpital, mais le leader de la révolution bolivarienne avait le mérite d’avoir battu campagne pour sa réélection. Ce que ne fit guère Abdelaziz Bouteflika pour l’ élection présidentielle’ en Algérie. Sa campagne étant conduite intégralement par ses proches lieutenants. Mais en attendant, la palme d’or de la « vieillesse » revient incontestablement au très controversé président zimbabwéen Robert Mugabe. A 90 ans, l’homme fort de Harare est le doyen des chefs d’Etat du continent. Une position qu’il détient depuis plusieurs années.

Dans cette cohorte de « vieux » présidents, on distingue nombre de chefs d’Etat de l’Afrique Centrale et de l’Est. Le Camerounais Paul Biya, aujourd’hui âgé de plus 80 ans est en « lead » position dans le classement des papys au pouvoir en Afrique.

En Afrique de l’Ouest, c’est à une femme, la toute première élue présidente du continent que revient la couronne. A 76 ans, Ellen Johnson-Sirleaf assure vaille que vaille son rôle de présidente-mémé du Liberia. « Vaincu » par le poids de l’âge, mais « résistant », l’Ivoirien Alassane Dramane Ouattara « ADO » qui a subi tout récemment une opération de sciatique en France répond bien logiquement avec ses 72 ans à l’appel des plus vieux chefs d’Etat du continent. Un contraste puisqu’il n’est arrivé au pouvoir qu’en 2010. Dans le Maghreb, c’est un vrai mélange bien loin d’être homogène. Si la Tunisie et le Maroc peuvent se prévaloir d’avoir à leur tête des dirigeants « jeunes », l’Egypte doit faire avec le retour en force des vieux barons du régime Moubarak de la période d’avant révolution. Le Soudanais Omar El-Béchir a aussi toute sa place sur la short liste avec ses 70 bougies.

Bien avant ces derniers, le continent a toujours connu plusieurs présidents de plus de 70 ans ayant régné sans partage des décennies. Dans ce registre, le Gabonais Omar Bongo est un illustre monument avec 41 ans passés à la tête de son pays. L’ancien locataire du palais de bord de mer à Libreville est mort à 73 ans. Chassé du pouvoir par le « printemps arabe », l’Egyptien Hosni Moubarak qui aura passé vingt bonnes années aux commandes de son pays, aura quitté le pouvoir à 83 ans.

Et comme si dans le monde, il faut être vieux pour mieux gouverner, la moyenne d’âge des chefs d’Etat et de gouvernement est de 61 ans. Une belle alchimie qui « empoisonnerait » les rêves de la jeunesse dans nombre de pays où la sagesse « rétrograde » de la gérontocratie a fini par conduire ces pays dans l’abîme.

L’autre point commun de toutes ces « momies » qui gouvernent l’Afrique est leur état de santé défaillant. Du coup, ce sont des millions de francs des contribuables qui sont dépensés chaque année pour leurs soins de santé.


Nicole, Repose en paix !

ReposeenpaixNicole,

Comme un gaz, tu t’es évaporé sans prévenir

Comme une lumière, tu es éteinte au premier souffle

Comme une forêt, tu t’es laissé détruite

Comme un désert, tu as tout perdu de ta beauté

Petite sœur,

Tu es partie sans nous dire au revoir

Tu es partie sans nous laisser te dire ô combien nous t’aimons

Tu es partie sans nous laisser le temps de te pleurer

Tu es partie sans nous dire ce que tu voudrais qu’on fasse pour ton âme

Petite sœur,

Saches de là-haut que nous donnerons tout pour toi

Saches de là-haut que nous ferons tout pour honorer ta mémoire

Saches de là-haut que nous ne t’oublierons au grand jamais

Saches de là-haut que tu resteras pour nous une sœur

Nicole,

De mon tréfonds, je ne manquerai de donner des couleurs à ton âme

De mon tréfonds, je m’emploierais à faire de ton nom un souvenir

De mon tréfonds, je te promets que tu ne cesseras au grand jamais de vivre au milieu de nous

Petite sœur chérie,

Vas  et dors en toute tranquillité…

Que ton âme repose en paix…

Nous t’aimons tous…


Dans deux ans, Boni Yayi quittera le pouvoir au Bénin

Boni Yayi lors de sa prestation de serment en 2006
Boni Yayi lors de sa prestation de serment en 2006

Quoiqu’il espère, le compte à rebours a commencé.  Arrivé au pouvoir le 6 avril 2006 et réélu en 2011, l’actuel chef de l’Etat béninois vient de boucler huit années à la tête du pays. Huit années longues pensent certains, et trop courtes selon d’autres pour apprécier la gestion du pays par l’ancien président de la Banque ouest-africaine de développement (Boad). Néanmoins, tous s’accordent que c’est désormais le sprint final pour Boni Yayi afin de concrétiser nombre de ses ambitions affichées et promesses électorales de 2006 et 2011.

Dans deux ans, l’intrus quittera la maison. Au troisième anniversaire du second mandat, les Béninois n’ont désormais d’yeux que pour les joutes électorales de 2016. Pour Boni Yayi donc, c’est donc le début de la fin. Autant mathématiquement que constitutionnellement, le chantre de la « refondation » devra passer les commandes. C’est sans doute pourquoi la célébration de ses huit ans à la tête du pays a connu autant de faste dans le rang de ses supporteurs. Ces derniers « soumis » aux louanges du chef et de ses « actions », les autres citoyens dans l’extase de la fin imminente d’un régime longtemps aux « abois ».

Du côté de la mouvance présidentielle, l’occasion était donc très belle d’afficher une fois encore l’admiration au chef de l’Etat. Concerts, prières chrétiennes et musulmanes, marches de soutien et caravanes dans les principales villes du pays ont marqué les temps forts de la célébration du huitième anniversaire de l’accession au pouvoir de Boni Yayi. De leurs déclarations, on pouvait tout simplement déduire que Boni Yayi est victorieux à tous les coups. Son mandat n’aura été que succès dans tous les domaines. En lui, ces derniers n’ont vu qu’un grand bâtisseur au service d’un pays longtemps « spolié ».

Mais Boni Yayi est-il autant un homme à succès ?

Faux, rétorquerait une bonne partie de l’opinion nationale restée totalement indifférente à tous les jacassements des sbires du régime durant le week-end. Qu’il s’agisse de l’opposition, de la société civile, ou du simple citoyen, difficile pour  eux de cacher leur « déception » face à un pouvoir dont ils jugent la gouvernance « catastrophique ». Ils en veulent pour preuve les nombreux scandales de corruption ayant éclaboussé le régime, la « gabegie » au sommet de l’Etat notamment dans les entreprises et offices publics, le chômage galopant, l’échec de la lutte contre la pauvreté, les nombreuses chasses à l’homme enclenchées par le régime, la privation des libertés publiques et le musellement des forces de gauche, les échecs sur le plan politique et social corsés par la longue crise sociale qui secoue le pays depuis décembre 2013.

Autant d’éléments qui réconfortent ceux qui pensent que le régime a été un échec sur toute la ligne. Un simple conglomérat de parvenus ayant conduit le pays dans le « gouffre ». En effet, ces derniers estiment que sous Boni Yayi, le Bénin a basculé dans la dictature et qu’il est un président adepte des crises. Ce qui leur fait prédire à Boni Yayi un long parcours « judiciaire » à la fin de son mandat.

Des accusations qui n’ébranlent point le camp au pouvoir. Pour ces derniers, Boni Yayi fut et reste un président volontariste, dévoué et soucieux de l’avenir du pays. Le bâtisseur qu’ils lui reconnaissent aurait mis le pays sur la marche du développement à travers de nombreux projets mis en œuvre depuis 2006 sur toute l’étendue du territoire national et dans divers domaines.

Pour eux, Boni Yayi est le symbole de la modernité, du progrès social, de la lutte contre la pauvreté, de l’audace et de la détermination. C’est aussi l’homme des grands challenges notamment dans l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), la lutte contre l’impunité. Mieux encore, le pays afficherait l’un des taux de croissance les plus performants de l’Afrique et que les techniciens du régime estiment à près de 6 % pour l’année 2013 et un revenu par habitant de 800 dollars US.

Suffisant pour que le culte de la personnalité soit à son paroxysme dans les arcanes du pouvoir. Et que ces derniers se tiennent debout pour la continuité dans la gestion du pouvoir présidentiel en faisant élire en 2016 comme président un proche de l’actuel chef de l’Etat ou un cacique des Forces Cauris pour Bénin émergent (FCBE), l’alliance politique qui soutient Boni Yayi.

S’il y a une chose donc que les Béninois espèrent tous de Boni Yayi, c’est le respect de la Constitution au soir de son mandat qui échoie le 6 avril 2016 à minuit.