De Rocher Chembessi

Justin Savi, l’autre légende du Bénin…

Justin Savi, un boxeur hors du commun...
Justin Savi, un boxeur hors du commun…

Pugiliste béninois aux coups de poings dévastateur, Justin Savi est un boxeur au talent pur. Évoluant dans la catégorie des poids plumes, ce champion hors du commun est indiscutablement l’un des grands personnages que le Bénin du sport en général et de la boxe en particulier aura connu.

Tout a commencé dans une rue de Cotonou. Habitant du quartier Agla, situé en face du Stade de l’amitié de Kouhounou, Justin Savi, né le 30 Octobre 1984 se laisse très vite séduit par le noble art. Il ne pouvait en être autrement pour lui qui, encore petit garçon, côtoyait au quotidien l’ancienne icône de la boxe béninoise, Aristide Sagbo dit « Sowéto ».

Malgré le refus des parents, Justin Savi brave l’interdiction. Il profite de ses week-ends pour aller s’entraîner avec des amis au Stade de l’Amitié sur des installations précaires encore bien loin d’un ring de boxe. Profitant du voyage de son père à Libreville (Gabon), Justin Savi se décide enfin de se révéler au grand public.

Et tout commence par un combat amateur face à son compatriote Sébastien Gouvidé. Sous le label « Indomptables Boxing Club de Cotonou », Justin Savi pulvérise son adversaire. Une rapide expédition de Gouvidé en quelques petites minutes qui lance une suite interminable de 27 victoires dont 18 par K.O. Repéré par nombre de spectateurs et d’avertis du noble art, Justin Savi fera les beaux jours du sport béninois. L’athlète enchaîne les combats qui l’emmèneront à tous les coins du globe. France, Allemagne, Etats-Unis, Ghana, Niger, Burkina-Faso, Nigéria, etc…, le pugiliste goûte aux délices d’un sport pathétique. Un rêve d’enfance…

Du coup, il se distingue comme le numéro 1 de ce sport au plan national. Mais un classement qui ne l’émeut point car pour lui, Aristide Sagbo « Sowéto » reste la légende.

Surnommé par ses pairs du noble art, « le Malin » ou le « Vodoun », Justin Savi est doté d’un sens de précision, d’une rapidité et d’une puissance monstrueuse. Et ses uppercuts, crochets, déplacements sur le ring séduisent plus d’un admirateur de ce sport. Avec son insigne de « danger de mort » sur l’épaule gauche, « Tintin » pour les intimes, figure dans le cercle restreint des boxeurs au palmarès impressionnant du monde entier et de son époque.

Mais la gloire mondiale, Justin Savi l’a connu dans son pays. Un 07 Juin 2008, il ne fait pas de détails devant le « taureau » argentin Pastor Maurin Humberto pour décrocher sa première ceinture mondiale International Boxing Federation (IBF) au palais des sports de Cotonou. Une victoire qui le propulse sur le toit mondial de la boxe où il sera sollicité pour la conquête du titre suprême WBC de sa catégorie.

Justin Savi lors de sa victoire face à Cyril Thomas...
Justin Savi lors de sa victoire face à Cyril Thomas…

Rude frappeur et agresseur de haut calibre, Justin Savi déjoue les pronostics. Le 16 Avril 2010, il rentre davantage dans l’histoire mondiale de la boxe en devenant le premier vainqueur de la « Silver Belt » du World Boxing Council (WBC) au palais des sports Saint Quentin en France. Un sacre acquis par K.O face au pugiliste français Cyril Thomas. Au terme de ce combat, les commentateurs d’Europosort n’ont pas manqué de faire l’éloge du boxeur béninois doté d’une violence tétanisante.

Mais contre toute attente commence une grosse galère pour le boxeur. A une victoire du titre suprême, un conflit opposant son promoteur Jean Marc Perrono de Dom King et la Fédération Béninoise de Boxe (FBB) dégénère. Le boxeur est déstabilisé. Quelques huit mois plus tard, il connaîtra la toute première défaite de sa carrière face au mexicain Alberto Garza à l’Arenna Monterrey au Mexico. Déçu et furieux, il est dépité, il accuse. Il veut renoncer. Mais solide guerrier, se relancera un an plus tard dans un combat qui a eu lieu à Cotonou.

Mieux, il décroche le premier trophée du Gala de Boxe de la Francophonie à Niamey. Mais toujours pas au mieux de sa forme en raison de la tension devenue persistante entre son promoteur , la fédé et lui, il connaîtra une nouvelle rechute. Cette fois-ci, son bourreau a pour nom Angelo Santana. Il tombe par K.O au cours d’un combat mortel.

Une fois encore, Justin Savi veut mettre un terme à sa carrière. Mais la passion plus forte que lui le ramène sur le ring. Malgré quelques tentatives de retour ponctuées par de retentissantes victoires, il décide enfin de faire un break. Mis en mal par le conflit qui se joue autour de sa personne, il préfère attendre la fin de son contrat prévue en 2015 avec son promoteur Dom King pour revenir à la compétition. Cette fois-ci, cela pourra être exclusivement dans le championnat français car malgré ses trente ans, le pugiliste reste encore très courtisé par de grands clubs français et américains et des promoteurs attitrés de boxe.

Mais pour lui, pas question de se précipiter. Car il faudra bien préparer l’après carrière. La prochaine destination sera donc celle de la confirmation et de la reconquête du temps et des titres perdus notamment le titre suprême WBC. En attendant quelques combats moins huppés dans la sous-région pour se maintenir prêts et compétitifs jusqu’en 2015. Des séances de formation dédiées aux jeunes pousses de l’académie « Indomptable Boxing Club » de Cotonou où lui-même s’est révélé.

Marié et père deux enfants, Justin Savi, qui rêve encore d’une nouvelle (seconde) et belle carrière internationale a déjà porté la boxe béninoise à un niveau planétaire jamais atteint auparavant. Il reste un exemple que les jeunes boxeurs rêvent d’imiter en attendant les honneurs de la République.


Bénin: Le Pardon ambigu de Yayi à Talon…

Boni Yayi et Patrice Talon
Boni Yayi et Patrice Talon

C’est la grosse actualité au Bénin. Le Chef de l’Etat s’est prononcé dans la soirée de ce mercredi en direct à la télévision nationale sur les supposées affaires d’atteinte à sa vie privée et à la sûreté de l’Etat. Des affaires qui défraient la chronique depuis Octobre 2012 et dans lesquelles l’homme d’affaires Patrice Talon est abondamment cité comme principal commanditaire. Contre toute attente, Boni Yayi renonce à sa plainte contre Talon et consorts et par la même occasion leur accorde son « pardon ». Mais un message truffé d’incompréhensions

Boni Yayi a-t-il sifflé la fin de la récréation ? Quelle mouche a-t-il bien piqué le Président de la République ? Qui a pu bien le convaincre de sa déclaration?

Ces questions, des millions de béninois se les posent depuis la retentissante sortie médiatique du chef de l’Etat à la télévision nationale dans la soirée de ce mercredi. Boni Yayi, légendairement connu au pays pour ses écarts et invectives a fait preuve d’une sagesse « mandelanesque » dans ces conflits judiciaires qui l’opposent à certains de ses compatriotes dont notamment l’homme d’affaires Patrice Talon. Ces derniers inculpés dans des affaires de « tentatives d’empoisonnement du chef de l’Etat » et «d’atteinte à la sûreté de l’Etat ».

Après maintes procédures judiciaires au retournement spectaculaire (mais pour la plupart du temps en défaveur du chef de l’Etat), Boni Yayi semble avoir pris de la hauteur. Au nom d’une « médiation » qu’auraient menée de hautes personnalités internationales dont notamment le Secrétaire Général de la Francophonie, Boni Yayi renonce à sa plainte. Il pardonne !

Et il s’engage publiquement à œuvrer pour que la justice puisse mettre un terme à ce long feuilleton devenu « insupportable » pour le pays.  Il exhorte d’ailleurs la clémence de l’appareil judiciaire pour que les conséquences se ressentent assez rapidement. Ce qui va s’en dire qu’on pourrait assister à la libération des détenus dans cette affaire et probablement (reste encore à ce que les conditions soient réunies) le retour au pays des personnes exilées dans le cadre de cette affaire.

Des mots qui ont semé comme on pouvait s’y attendre des sentiments de satisfaction dans l’opinion nationale. Enfin ! Ont crié les béninois au terme de ce discours du Chef de l’Etat car cela fait bien longtemps qu’ils espéraient la fin de ce feuilleton devenu asphyxiant pour le pays.  Le bras de fer Yayi-Talon aura été fatal autant pour l’économie nationale (l’opérateur économique détenant de grosses parts dans les secteurs vitaux de l’économie nationale), la quiétude nationale (car il a donné un lieu à un activisme politique assez dur et parfois violent des deux parties). Mais ce pardon comporte encore quelques zones d’ombres.

Les analyses…

Quelques instants après le discours télévisé de Boni Yayi, l’euphorie était à son comble. Normal car on peut crier au dénouement d’une affaire longtemps paralysante pour le pays. Mais est-ce l’épilogue. Tout dépendra de la justice. Mais certaines questions méritent d’être soulevées.

Il y a d’abord la grandeur d’esprit des deux hommes que certains médias ont qualifié de la « paix des braves ». En effet, Boni Yayi aurait pris sa décision en réponse à un regret exprimé par Patrice Talon « par écrit » auprès du Secrétaire Général de la Francophonie. Mais c’est bien à ce niveau que se posent les grosses interrogations ?

Que regrette Talon ? Nulle part dans sa déclaration, Boni Yayi n’a évoqué un regret explicite d’une tentative d’empoisonnement ou de coup d’Etat. La seule phrase dans laquelle il fait part du regret de Talon, l’homme aurait écrit « … je vous informe aujourd’hui, mes très chers compatriotes que Monsieur Patrice TALON a adressé à son Excellence le Président Abdou DIOUF, une correspondance dans laquelle il regrette sincèrement et profondément le fait qu’il ait pu nuire d’une manière ou d’une autre au Président de la République dans sa tentative de défense de ses intérêts. Il dit aussi regretter l’activisme politique qui a été le sien durant cette situation et s’engage à y mettre fin…» C’est donc bien loin d’être un aveu. D’ailleurs, les avocats de Patrice Talon ont bien précisé que leur client n’a jamais reconnu avoir intenté à la vie du chef de l’Etat.

Il y a eu aussi le son de cloche du député Eric Louis Houndété sur une radio locale du nord du Bénin. L’honorable très en verve dans l’opinion publique soutient que Boni Yayi avait le dos au mur.  « Il n’avait pas le choix. C’était le seul moyen pour lui d’espérer la participation des investisseurs à la Table Ronde sur l’Economie Béninoise qu’organise très prochainement le gouvernement en France. »

Des béninois sceptiques comme le député, il y en a eu aussi. D’autres préfèrent attendre les actes pour s’assurer que Boni Yayi a effectivement été conquis par l’esprit du pardon. D’ailleurs, ils espèrent deux choses : une rencontre entre Talon et Yayi lors de la prochaine visite du chef de l’Etat en France, la publication de la lettre que Patrice Talon aurait envoyée au Secrétaire Général de l’Organisation Internationale de la Francophonie.

Il y a aussi ceux qui pensent que Boni Yayi a voulu s’éviter la honte sur plusieurs plans. Il y a d’abord la procédure judiciaire qui ne lui sourit pas et cela pourrait bien être le cas malgré la dernière décision de la Cour Suprême. Ensuite, les soucis économiques du pays. Yayi a besoin de l’apport de Talon (du moins de ces nombreuses usines en cessation d’activité) pour l’égrenage du Coton, vital pour la survie de l’économie nationale.

Enfin il y a les proches de Boni Yayi qui célèbrent à leur manière le « Gandhi » béninois.


Bénin : Top 10 du vocabulaire politique sous Boni Yayi…

Dans le monde entier, chaque formation politique a son identité. Chaque homme politique, son style. Chaque régime présidentiel, sa marque de fabrique. Et chaque chef d’Etat, sa gouvernance politique. Boni Yayi, le président de la République du Bénin ne se déroge pas à cette tradition aussi vieille que le monde. Alliant démocratie, populisme voire même la « dictature du développement », le locataire du Palais de la Marina[1] tient à son rythme le pays depuis 2006. Une gouvernance à polémiques qui aura le mérite d’imposer au quotidien des Béninois certains mots abondamment utilisés dans la politique locale. Coup d’œil sur dix de ces mots (maux) qui font la gouvernance politique de Yayi.

Logo de l'Alliance Politique soutenant les actions de Boni Yayi.
Logo de l’Alliance politique soutenant les actions de Boni Yayi.

1-      Cauris : Coquillage originaire de l’océan Indien ayant servi de monnaie dans l’ancienne Afrique tropicale et encore utilisé dans les rites divinatoires, le cauris symbole de la richesse et de la prospérité, est usité par Boni Yayi pour la première fois lors de sa campagne en 2006. C’est aujourd’hui le logo de l’Alliance politique du chef de l’Etat inscrit dans un fond vert pour marquer le renouveau « espéré » du pays. Une manière pour l’ancien banquier qu’est Boni Yayi de montrer sa provenance professionnelle et d’afficher des ambitions de création effrénée de richesse pour le Bénin à sa prise de pouvoir. Qu’en est-il aujourd’hui ?

2-      Changement : Concept politique popularisé par Boni Yayi lors de la campagne présidentielle de 2006, le changement devrait permettre au pays au lendemain de sa première prestation de serment du 6 avril 2006 d’amorcer son développement socio-économique. Boni Yayi était le candidat de la rupture et de l’espoir. Mais ce changement aura-t-il été dans le sens positif ? Aura-t-il comblé les attentes ? Boni Yayi lui-même a été le premier à donner la réponse en mettant en vogue pour l’élection présidentielle de 2011 un nouveau concept politique

3-      Refondation : Ce fut sans aucun doute le grand aveu d’échec de Boni Yayi pour son premier quinquennat. Avec un régime, des collaborateurs et lui-même cités et impliqués dans nombre de scandales au sommet de l’Etat, Boni Yayi s’empresse de proposer aux Béninois un nouveau type de gouvernance politique. La Refondation qui devrait être pour le leader des Cauris le moyen d’amorcer enfin (après 2011) le réel Changement du pays. Trois ans après, les choses ont-elles vraiment évolué sous le régime ?

4-      Scandale : Sous le premier mandat de Boni Yayi, la tasse de thé des Béninois a été ces nombreux scandales qui éclaboussaient sans cesse le régime. Scandale politique, économique et financier, le régime aura battu, selon nombre d’observateurs le record. Des scandales qui à la lecture de la situation politique actuelle du pays connaissent encore des heures de gloire sous le régime de la Refondation. Suffisant pour qu’on chante au Bénin que du Changement à la Refondation, c’est du pipe au même.  Et pour s’en sauver, la solution magique de Boni Yayi reste depuis 2006 des limogeages presque fantaisistes.

5-      Limogeage : S’il y a un régime qui bat les records de limogeage au Bénin, c’est celui de Boni Yayi. En huit ans de présidence, Boni Yayi aura essayé plusieurs cartes et personnalités à la tête des institutions publiques, au sein de son cabinet et dans ses différentes équipes gouvernementales. Mais presque à chaque fois, les mêmes remarques de mauvaise gestion et des scandales qui accablent ces derniers et la suite tout le monde la connaît : un limogeage pur et simple. Champion des limogeages, Boni Yayi n’aura eu aucun scrupule en limogeant en juin 2013 tous les membres de son équipe gouvernementale. Une première dans l’histoire politique du Bénin. Des limogeages et des remplacements sans cesse qui sont bien loin de conduire le pays à la terre promise.

6-      Emergence : Faire du Bénin un pays émergent d’ici 2025, c’était la grosse promesse de campagne de Boni Yayi en 2006. Mais une promesse, encore loin d’être tenue au regard de tout ce qui fait le régime, semble bien être une grosse utopie. Même si le régime semble convaincu de son projet, le doute persiste. Ce qui justifie la guerre des chiffres autour des résultats économiques que le pays aurait réalisés ces deux dernières années. Mais pour le régime, l’émergence promise est aussi sous le signe de la prospérité partagée.

7-      Prospérité (partagée) : Si pour les soutiens du chef de l’Etat, l’émergence ne serait qu’une question de temps, il y a bien des signes évidents qu’elle n’est pour demain. Du moins, tous les Béninois ne vivent pas cette émergence de la même manière. Comme Boni Yayi lui-même l’a maintes fois reconnu, elle devrait être soutenue par une prospérité partagée. Tous les Béninois devraient jouir de cette émergence au quotidien mais hélas ! Seuls quelques projets sociaux lancés sous fond de populisme politique sont agités par les chantres du changement et les thuriféraires de la refondation comme des réalisations de la prospérité partagée. Et bien curieusement, le grand coupable de toute cette parodie managériale de Boni Yayi a un nom.

8-      Talon : Homme d’affaires béninois et ancien proche du chef de l’Etat, Patrice Talon a été cité plus d’une fois ces deux dernières années par le régime comme le grand coupable de la difficile situation économique et sociale du pays. Aujourd’hui en conflit avec Boni Yayi, c’est lui le grand démon du pays. Vilipendé de toute part par les indéfectibles soutiens de Boni Yayi, Patrice serait le talon d’Achille du régime.  Et le 27 janvier 2014, Boni Yayi aura lui-même déclaré qu’ « …avec 1 % de la fortune que dispose l’homme d’affaires à l’étranger, tous les problèmes du Bénin seront résolus… ». Est-ce qui justifie toutes ces tentatives supposées ?

9-      Tentative : Le premier des Béninois qui aura échappé à maintes tentatives ces dernières années a un nom. Boni Yayi, puisque c’est de lui qu’il s’agit devra rendre grâce à Dieu. En tout cas, ses proches l’ont si bien compris qu’ils ne cessent de multiplier les séances de prière presque au quotidien sur toute l’étendue du territoire en sa faveur. Boni Yayi, c’est d’abord l’homme qui aura échappé à une tentative de braquage (je dis bien braquage et non attentat comme l’ont raconté certains médias) moins d’un an après sa prise de pouvoir. Il est vrai que cette attaque des coupeurs de route jamais identifiés contre le convoi présidentiel en pleine campagne législative aurait pu tourner et mettre « le pays à feu et à sang », mais trop juste pour ces campagnes de compassion et de prière organisées plus tard dans tout le pays. Et les tentatives, Boni Yayi s’y échappe bien. Du moins, à en croire les jacassements du régime. Les dernières en date sont celles d’ « empoissonnement » et de « coup d’Etat » qu’auraient commanditées l’homme d’affaires Patrice Talon. Mais bien malin, Boni Yayi sait convaincre plus d’un Béninois de ces affaires. La stratégie, elle est bien simple.

10-  Populisme : C’est encore appelé au Bénin, la méthode Yayi. Cette trouvaille du chef de l’Etat lui profite si bien qu’il ne peut s’en défaire. Depuis 2006, l’homme contrôle d’une main de fer les médias publics qui n’ont d’autres choix que chanter les mérites et les réalisations très souvent en promesse du régime. Voyages, audiences, Conseils des ministres, décrets présidentiels, arrêtés ministériels, et même des histoires loufoques sont diffusés et repris à longueur de journée sur les médias publics et quelques privés « achetés » à prix d’or par le régime. Et au même moment, Boni Yayi lui, ses ministres et autres proches ne se lassent point d’aller prendre le bain de foule dans tous les coins de rue du pays. Dernière trouvaille en date, un Conseil de ministres tournant qui crée le buzz au pays.

Il n’y a donc point de doute, Boni Yayi est bien loin d’accomplir à moins de deux ans de la fin de son dernier mandat constitutionnel ses nombreuses ambitions pour le pays. Même si ses partisans le présentent comme le président qui aura le plus contribué au développement du pays, les faits ne lui donnent toujours pas raison. Et l’opposition ne cesse de menacer (même si le ton a baissé) d’une retraite calamiteuse sur fond de poursuite judiciaire pour celui qu’on appelle au Bénin, le Buffle de Tchaourou.



[1] Nom donné au Palais de la Présidence du Bénin


Abidjan, je me souviens !

Pour mes lecteurs qui s’en doutaient encore, je me permets par ces lignes écrites dans une pleine émotion de vous rassurer que mon séjour à Abidjan restera mémorable dans mes pensées de pigeon voyageur. Pour moi qui ai eu la chance de visiter une quinzaine de pays sur le continent africain et dans le monde, la Côte d’Ivoire ne devrait plus attendre longtemps.

Photo de Famille des Mondoblogueurs présents à Abidjan..
Photo de Famille des Mondoblogueurs présents à Abidjan..

De la formation Mondoblog, de mes petites virées entre amis ivoiriens et autres découvertes, le voyage au pays des éléphants aura tout son sens dans ma vie de blogueur et d’amoureux de fortes sensations.

Abidjan, je me souviens comme une de ses belles occasions qui s’est offerte à moi pour découvrir le monde francophone dans toute sa diversité. Ces francophones venus de partout même des endroits incroyables du globe comme Arthur et Stéphane qui m’ont convaincu que tout n’est pas autant perdu pour la langue française. Elle s’exprime encore à plusieurs bouts du monde.

Abidjan, je me souviens comme un instant de retrouvailles entre une famille planétaire de blogueurs francophones. Et pour une fois, une famille presque au grand complet. Ah oui ! Même le patriarche était passé nous voir et partager avec 67 de ses enfants que nous étions sa longue expérience. Aussi nous a-t-il exprimé sa fierté de nous voir honorer au quotidien son œuvre.

Abidjan, je me souviens comme un moment de partage et d’immersion encore plus poussée dans un monde nouveau, mais déjà vieux pour certains de la blogosphère et des médias sociaux. Chose qui n’aura été possible que par le génie de cette formidable équipe de Radio France Internationale et de Mondoblog conduite par le chef d’orchestre Ziad Maalouf.

Abidjan, je me souviens comme un territoire par excellence de la conception. Là-bas, on est souvent bien inspiré. Du Zouglou au Mapouka, du Coupé décalé au Yorobo, Abidjan n’a pas manqué de me convaincre qu’elle reste une terre de l’innovation, de la création des tendances. La preuve avec ce free jumping lancé par le blogueur ivoirien Cyriaque Gbogou qui séduit plus d’une personne dans le monde. Et les mondoblogueurs ne se sont pas empêchés de s’y essayer.

Le blogueur centrafricain Baba Mahamat au Free Jumping...
Le blogueur centrafricain Baba Mahamat au free jumping…

Abidjan, je me souviens comme une ville de la gaieté, de la bonne ambiance. Là-bas, le bonheur pouvait se lire aisément sur le visage des populations. Que dire de leur fierté de s’affirmer Ivoirien et de surcroît Abidjanais. Même le nouchi seul suffit pour vous en convaincre.

Abidjan, je me souviens comme une destination touristique par excellence. Dans les airs, comme à l’aéroport, vous pourriez déjà vous donner le goût de ne point quitter ce pays aussi fabuleux que l’ivoire. Stéphane Hüet ne pourra me dire le contraire.

Abidjan, je me souviens comme une ville qui m’a vu élever au rang d’ambassadeur de bonne volonté de l’Office national de Tourisme de Côte d’Ivoire. Des honneurs symboliques pleins de sens et teintés de la grande marque d’hospitalité des Ivoiriens.

Autant de souvenirs sur Abidjan qui font chanter depuis à mon esprit « Côte d’Ivoire, je reviendrai ! »

Et suffisant pour dire comme l’autre « … Même Paris connaît, Abidjan est le coin le plus doux au monde ».


Bénin : Boni Yayi et l’obsession des minerais !

Boni Yayi, président de la République du Bénin, Source: Jeune Afrique
Boni Yayi, président de la République du Bénin, Source: Jeune Afrique

S’il y avait des démons qui hantent la quiétude du chef de l’Etat béninois, celui des ressources minières et pétrolières y figurerait. Et Boni Yayi ne manque pas d’en donner la preuve

Depuis son arrivée au pouvoir en 2006, le président de la République du Bénin s’est fait un lourd pari. Il a même juré à maintes reprises y arriver. Sous son règne, le Bénin doit enfin retrouver « ses ressources » minières qui lui y échappent depuis de longues années.

En effet, à l’exception de quelques pseudo-ressources minières que les Béninois découvrent et apprennent dans leur cursus scolaire, le pays ne dispose vraiment pas d’un réservoir minier à l’instar des autres pays de la sous-région. Même le calcaire qui existerait en abondance au sud-est du pays ne permet pas encore de couvrir la consommation locale en ciment. Et nombre de Bbéninois sont encore contraints à l’achat du ciment importé.

Il n’en fallait pas plus pour que Boni Yayi, à la faveur de sa tumultueuse réélection de 2011 lance tout le pays dans une vaste opération d’exploration minière. Des milliards de francs Cfa engloutis dans la création d’un ministère de Recherche minière et pétrolière, dans une opération de scanning géophysique et géostatique du sous-sol national, d’exploration des gisements pétroliers offshore en haute mer, d’évaluation du potentiel minier du pays.

Des opérations qui durent depuis des mois déjà sans résultats convaincants à l’exception de quelques shows médiatiques à la télévision nationale ou au palais présidentiel. Et les Béninois se souviennent tous de ce gobelet présenté au chef de l’Etat par le ministre du Pétrole et des Mines supposé contenir un échantillon du pétrole repéré au large des côtes béninoises.

Pour Boni Yayi, le Bénin n’a commis aucun crime divin pour être privé de ressources minières. Mieux encore, il ne peut avoir pour lui de justificatif qu’un pays qui, avant la tectonique des plaques, est rattaché au continent américain notamment au Brésil ne puisse posséder un gisement offshore de pétrole dans son bassin marin.

Sans jamais se relâcher, il a même fait organiser illico presto une conférence internationale d’investissement dans le secteur des mines, de l’énergie et du pétrole au Bénin. Et son discours à l’ouverture des travaux de cette conférence en dit long sur une conviction inébranlable que le Bénin est un réservoir minier pour lequel des investisseurs (en tout cas ceux ayant le goût du risque) de s’intéresser au sous- sol du pays.

Mais cette folle course engagée par le gouvernement ne fait pas autant l’unanimité au sein de l’opinion publique. Chacun y va de son analyse, mais tous semblent dénoncer une opération onéreuse aux lendemains incertains.