De Rocher Chembessi

Je parle français…

francais chanceMais une langue fortement menacée.  Une langue soumise aux dures réalités de la mondialisation. Une mondialisation dans laquelle la diversité linguistique est elle-même soumise au presque monopole d’une seule langue.

Langue officielle de plus d’une soixantaine de pays dans le monde, le français compte aujourd’hui environ 200 millions de locuteurs dans le monde. Et la grande majorité en Afrique avec plus de 96 millions de locuteurs. Mais aujourd’hui, c’est une langue qui se « bat » pour survivre. Et nul ne « nie » cette réalité.

Face à la mondialisation donc, il est soumis à de rudes épreuves. Et pour certains, l’hécatombe serait imminente. Dans le monde francophone, on tente par mille manières de redonner à cette langue l’honneur qu’on lui a longtemps reconnu. Et l’effort de « rayonnement » et de « renaissance » de la langue française n’est point l’apanage des francophones d’une région du monde. C’est aussi le cas en Afrique où le français doit résister à l’essor des langues locales.

Au Bénin, on assiste presque à une « revanche » des langues nationales qui timidement reviennent dans les habitudes linguistiques. Au-delà des programmes publics d’apprentissage scolaire des langues nationales et d’alphabétisation fonctionnelle, soutenus par l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) dans le cadre de la promotion de la diversité linguistique, il y a bien des signes qui ne trompent pas d’un « désamour » pour le français au sein de la population locale.

Le français reste fortement perçu comme la langue du « colon ». Aussi ne serait-il pas une langue des « affaires » car très limitée dans l’espace économique mondial. Qu’il s’agisse des colloques internationaux, des échanges commerciaux, des publications scientifiques d’envergures, le français est admis en seconde zone. Un massacre fortement retentissant…

Néanmoins, c’est une langue qui a tout beau pour sa délicatesse, son style, sa finesse, etc. Et dans la concurrence linguistique, il suscite encore de grands intérêts dans le monde. Un engouement porté par le nouveau projet autour de la francophonie axé notamment sur la culture, la politique, la diplomatie d’influence, les droits humains et une francophonie économique forte et prospère.


Les pakistanais de Peshawar pleurent la fermerture de l’alliance française

Façade principale du Musée de Peshawar, Source: Internet...
Façade principale du Musée de Peshawar, Source: Internet…

Connu comme une langue romane et de la famille des langues indo-européennes, le français est aujourd’hui parlé sur tous les continents. On dénombre près de 220 millions de locuteurs francophones dans le monde.

Dans cette série, figurent plus de 72 millions de locuteurs partiels dont une partie des populations pakistanaises. Sixième langue plus parlée au monde, elle constitue depuis quelques années l’attraction des populations de la ville universitaire de Peshawar située au nord du Pakistan. Mégalopole d’environ 2 millions d’habitants à l’extrémité orientale de la passe de Khyber, Peshawar est la capitale de la province de Khyber Pakhtunkwa.

Et les populations patchounes vont très tôt se familiariser à plusieurs civilisations et cultures étrangères. Ainsi, la langue française va connaître une expansion dans la région surtout avec l’implantation dans la région de l’alliance française. Il s’agit d’une organisation française dont la mission est la promotion de la langue et de la culture française à l’étranger. Ouverte en 1970 à Peshawar, cette alliance va permettre aux universitaires, fonctionnaires d’Etat et autres particuliers d’apprendre et de comprendre la langue de Molière.

Mais cette opportunité, les pakistanais de Peshawar vont la perdre avec la fermeture en novembre 2002 de l’alliance pour cause d’insécurité. A sa réouverture en 2005, l’alliance ne comptait plus de français et la gestion était assurée par M. Nazir Ahmad, qui y travaillait depuis 1970. Néanmoins, les francophones de Peshawar vivront plus tard le véritable calvaire quand l’ambassade de France à Islamabad ordonnera en septembre 2007 la fermeture définitive de l’alliance. C’était un choc sérieux pour les Patchounes.

Désormais, l’alliance est fermée non seulement aux étudiants mais à tous les particuliers. Et plus aucune institution pour offrir la possibilité aux pakistanais de Peshawar d’apprendre le français. Aujourd’hui, ceux-ci militent en faveur de la réouverture par l’ambassade de France des bureaux de l’alliance.

Plusieurs actions sont menées aussi bien en direction des autorités françaises que pakistanaises. De même, il faut noter la naissance de la société franco-patchoune qui regroupe les anciens élèves de l’alliance française de Peshawar.

Rooh Al Amin (Article Publié en Mars 2012 dans le Journal Akôwé)


Bénin : Boni Yayi doit-il encore penser à sa mission de «pasteur évangélique»?

Boni Yayi, président de la République du Bénin, Source: Jeune Afrique
Boni Yayi, président de la République du Bénin, Source: Jeune Afrique

Il deviendrait un pasteur évangélique à la fin de son dernier mandat. Boni Yayi irait propager la bonne nouvelle pour le « salut » des peuples. Cela, les Béninois le savent depuis des lustres.

Entouré d’un fort lobby évangélique qui impose son rythme à la mouvance présidentielle, Boni Yayi en serait devenu un acteur de premier plan. Selon des révélations de Jeune Afrique, il serait déjà dans la mission évangélique comme un pasteur prédicateur dans une église de Cotonou à ses heures perdues.

Personne n’ignore au pays que le chef de l’Etat se prépare à une mission pastorale à la fin de son mandat. D’ailleurs, il ne manque d’aucune occasion d’évoquer le nom de « Dieu » dans ses discours et sa vocation pour son œuvre après 2016.

Et la pratique d’un retour à l’œuvre spirituelle, religieuse ou cultuelle à la fin de l’exercice d’un pouvoir d’Etat n’est plus en aucun cas l’apanage de Boni Yayi. Au-delà de ses collaborateurs connus comme pasteurs évangéliques qui retourneront à l’autel pour porter la parole de Dieu, quelques anciens ministres de Yayi ont déjà trouvé leur point de chute.

Ancien ministre de l’Environnement de Boni Yayi, Blaise Ahanhanzo-Glèlè a été investi chef de collectivité pour assumer la cinquième succession sous le nom de Dah « Sèmliko Allomagba Lomadjotodo II » à la cour royale d’Abomey. Un nom qui en langue locale évoque la destinée qui s’accomplirait malgré tout.

Boni Yayi, président de la République du Bénin, Source: www.lebabi.net
Boni Yayi, président de la République du Bénin, Source : www.lebabi.net

Le pastorat est-il la destinée de Yayi ?

Cela semble ne faire aucun doute. Depuis sa reconversion au pentecôtisme alors qu’il était encore directeur de la Banque ouest-africaine de développement (1994-2006) à Lomé, ce fils de musulman du nord du Bénin, aurait connu une « affirmation » de sa foi en Jésus-Christ qui lui a assuré une parfaite connaissance de la parole biblique.

Mieux, son accointance avec le cercle religieux lui aurait permis de se forger une bonne carapace d’« hommes de Dieu » pour la propagation de la « bonne nouvelle ». Et il ne serait pas seul dans cette mission évangélique. Boni Yayi pourrait bien compter sur le soutien de ses collaborateurs qui ne manqueront pas un seul instant à faire de sa « congrégation » l’une des plus dévouées au salut des âmes.

La « refondation » du corps de Christ au Bénin en cette veille du « retour » de Jésus-Christ pourrait bien passer par la vocation évangélique de Boni Yayi et sa clique de ministres-pasteurs.

Mais l’autre alternative pour le président Yayi serait sans doute de s’offrir une belle retraite de chef de collectivité dans son Tchaourou natal. Et la horde de ministres ayant pris part à la cérémonie d’intronisation de Blaise Ahanhanzo-Glèlè pourrait aussi bien s’en inspirer.


Economie : De nouvelles mesures attractives à la création d’entreprises au Bénin

beninRendre le Bénin très attractif pour l’investissement privé. C’est plus que jamais le cheval de bataille des différentes autorités en charge du développement économique au pays. A cet effet, l’Etat vient d’inscrire un certain nombre de nouvelles réformes qui puissent améliorer son positionnement en matière d’attractivité de l’investissement privé.

Il y a une semaine, le conseil des ministres entérinait la finalisation de la modification du décret portant création, attributions, organisation et fonctionnement du Guichet Unique de Formalisation des Entreprises (GUFE). De nouvelles dispositions qui devront contribuer à l’amélioration des indicateurs du climat des affaires au Bénin. La création du GUFE est une mesure de renforcement des missions de l’ancien Centre de Formalités des Entreprises (CFE), qui jouerait plus le rôle de « coursier » de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Bénin (CCIB) en allant d’administration. Désormais, le GUFE regroupera en son sein toutes les administrations intervenant dans le processus de création d’entreprise à travers des représentants dotés d’une « délégation » de signature.

Cette réforme aura un avantage en termes de temps et de coût autant pour les entreprises et l’Etat. A titre d’exemple, la création d’une société à responsabilité limitée (Sarl) qui était en mai 2013 de l’ordre de 350 à 500.000 FCFA, est désormais estimée à moins de 150.000 FCFA dont 70.000 FCFA « revenant » au GUFE et le reste pour les formalités notariales. Aussi, modifie-t-elle les conditions de délivrance du numéro de l’Identifiant Fiscal Unique (IFU).

Aujourd’hui, il est permis aux sociétés en création d’obtenir de manière provisoire un numéro IFU. La présentation du relevé d’identité bancaire (RIB) ne constitue plus une obligation à la création de l’entreprise, ni un préalable à l’émission du numéro IFU. De plus, l’émission du numéro IFU est désormais dédiée au Guichet Unique de Formalisation de l’Entreprise (GUFE) et non plus au niveau de la Direction Générale des Impôts et Domaines. Et aux dires des responsables du Secrétariat Permanent du Conseil Présidentiel de l’Investissement (CPI), cette autre mesure représente une avancée significative, en termes de simplification des procédures administratives, et de réduction du délai global de création d’entreprise. Aussi permettrait de renforcer le suivi fiscal des entreprises pour éviter des manques à gagner à l’économie nationale.

A en croire les déclarations de Nasser Yayi,  secrétaire permanent du CPI, ces deux mesures assurent d’une bonne organisation interne de la Direction Générale du GUFE et un appui à la création d’une Société à Responsabilité Limitée (SARL) en une journée. D’autres réformes seront mises en œuvre dans la publication du Registre de Commerce  et de Crédit Mobilier (RCCM) désormais possible en ligne,

Et nombre d’observateurs pensent que ces mesures permettraient à la longue de vaincre « le mal » de l’économie informelle encore très pesante dans le pays. De plus, la vitalité du secteur privé serait d’un grand avantage pour le développement économique du pays. Désormais, les attentes oscillent autour de l’effectivité et la durabilité de ces mesures qui devraient normalement « éviter » aux investisseurs privés la lourdeur administrative longtemps décriée au Bénin.


Prévalence élevée des hépatites au Bénin : Un drame national ?

Akoko Kinde Gazard, Ministre de la Santé du Bénin
Akoko Kinde Gazard, Ministre de la Santé du Bénin
Prof Nicolas Kodjoh du service des maladies digestives et de foi  du CNHU Cotonou
Prof Nicolas Kodjoh du service des maladies digestives et de foi du CNHU Cotonou

Plus d’un million de béninois souffrent des maladies hépatiques. Une situation épidémiologique inquiétante, qui aux dires du Prof Kodjoh Nicolas, chef service des maladies digestives et de foie au Centre National Hospitalier et Universitaire (Cnhu) de Cotonou semble ne pas inquiéter les autorités sanitaires du pays. Une « inaction » qui pourrait conduire le pays vers un drame national.

Au moins 1.300.000 de béninois sont atteints des hépatites B et C. Pas moins de 340.000 malades en mourraient dans les tous prochains jours car leur étant de santé aurait atteint un seuil de gravité extrême. Le Prof Nicolas Kodjoh qui  a rendu public ces chiffres en début de mois s’insurge ainsi contre une politique sanitaire du pays qui relègue au second rang des maladies pourtant dévastatrices dans la population.

Prévalence des Hépatites dans le monde...
Prévalence des Hépatites dans le monde…

Avec les 800.000 personnes infectées par l’hépatite B et 500.000 par l’hépatite C, ce qui fait une proportion d’au moins 13% de la population béninoise, les infections hépatiques font partie des maladies à forte prévalence au Bénin. Elles seraient même la troisième de cause de morbidité et de mortalité dans le pays. Mais ce qui désole les praticiens hospitaliers, c’est la « non prise en compte » de ces maladies dans les programmes de santé du pays.

Ce qui fait dire à nombre d’entre eux que la fin du calvaire des malades n’est pas pour demain. Et la grosse inquiétude, c’est la forte possibilité de propagation rapide de la maladie dans le pays en raison des conditions d’hygiènes et la promiscuité entre les malades et les personnes « normales ».  Du coup, le risque d’une infection à plus grande échelle est bien pesant sur le pays.

Dès lors, c’est le ministère de la santé publique qui est indexé pour son « manque » d’action et de réaction. En ligne de mire, on dénonce l’ « absence » d’une politique efficace de lutte contre les hépatites qui ne seraient toujours pas considérées comme maladie chronique dans le pays.

Entre autres éléments qui motivent les praticiens hospitaliers à s’offusquer contre le ministère de la santé dans le cadre de la lutte contre les hépatites, la « non autorisation » de la Centrale d’Achats des Médicaments Essentiels « Came » à mettre à la disposition de malades des médicaments pour leur traitement comme c’est le cas dans la lutte contre le Sida, le paludisme, la tuberculose, etc, l’ « absence » de la lutte contre les hépatites dans le plan triennal de développement sanitaire. Et si les choses restent en l’état donc, c’est tout le pays qui en partirait.