De Rocher Chembessi

Gestion des déchets sur le Mont Himalaya : Les mesures drastiques des autorités népalaises pour les touristes !

Quelques alpinistes sur le Mont Everest Source: National Geographic
Quelques alpinistes sur le Mont Everest Source: National Geographic

C’est l’un des endroits les plus séduisants au monde ! C’est aussi l’une des destinations adorées des amateurs de forte sensation. Célèbres pour leurs hauteurs et leurs défis qu’elles s’imposent aux touristes, les montagnes népalaises, les plus hauts sommets au monde, ne manquent pas d’attirer des centaines d’amoureux chaque année.

Un amour presque démesuré qui agace désormais les autorités népalaises. Et ces dernières viennent de durcir le ton contre ceux qu’ils considèrent comme des ennemis de la nature.  Ce n’est pas le nombre de népalais clandestinement employés contre des salaires de misère par les agences d’expédition qui énervent à Katmandou (capitale du Népal).

En effet, les autorités népalaises s’insurgent contre des comportements « dégradants » des alpinistes. En ligne de mire, la quantité de déchets produits à chaque expédition. Depuis la première montée réussie en 1953, des centaines expéditions sur les montagnes népalaises ont généré des centaines de tonnes déchets abandonnés sur les montagnes.

Pour y faire face, la mesure népalaise est à la hauteur de l’ampleur des déchets. Une récente loi adoptée dans le pays impose à chaque touriste la collecte sur la montagne d’au moins 8 kilogrammes de déchets en plus des siens. Et un comité assurera la vérification pour chaque touriste.

Bien que cette mesure soit justifiée et qu’elle pourrait bien recevoir les applaudissements des organisations environnementales, elle est loin de faire les affaires des agences d’expédition. Nombre d’entre elles dénoncent déjà une loi attentatoire contre le tourisme et les touristes. Il s’agirait d’une question de vie ou de mort pour un touriste qui s’aventurait à porter plus de 8 kilogrammes en plus de ses combinaisons de plus de 13 kilogrammes. Et pour cause, le manque d’oxygène sur la montagne.

Dans ces conditions, on se demande si le pays ne risque pas de perdre une manne financière avec cette drastique mesure. Quelques spécialistes du tourisme extrême en pensent tout le contraire. Mais ce qu’ils craignent, c’est le recours à la population locale pour jouer aux porteurs des déchets pour les touristes. Car ces derniers qui déboursent entre 25.000 et 40.000 euros pour chaque expédition n’auront aucune peine à « exploiter » les jeunes népalais déjà atteints d’un violent chômage. Ce qui relancerait tout simplement les polémiques sur les conditions et les traitements des népalais employés pour les expéditions.

Toutefois, les autorités népalaises ont le mérite d’avoir pris conscience d’un problème assez important. Reste à trouver les bons moyens pour le résoudre !


Ukraine : la diplomatie d’argent de l’Union européenne ?

Le nouveau premier ministre ukrainien et le Président de l'Union Européenne..
Le nouveau premier ministre ukrainien et le Président de l’Union européenne..

La nouvelle ligne de conduite des chancelleries occidentales dans la crise ukrainienne est connue. Les diplomates européens ont désormais de quoi arracher la totale confiance des nouvelles autorités de Kiev. Après de multiples hésitations, les capitales européennes et la Maison Blanche se décident de mettre les mains à la poche.

La crise ukrainienne pourrait désormais se jouer dans les portefeuilles des grandes puissances mondiales. Le groupe des pays occidentaux (Union européenne et Etats-Unis) qui s’oppose à la stratégie de « guerre » des autorités russes passe à la vitesse supérieure. Et ce n’est pas les nouvelles autorités de Kiev qui diront le contraire. Celles-ci acquises à la cause du rapprochement de l’Ukraine avec l’Europe s’en réjouiraient même. Après les injonctions faites à la Russie sur sa position d’intervention militaire sur la Crimée, les Occidentaux optent pour une nouvelle arme. Mais elle est bien loin d’enterrer celle de guerre puisque la situation en Crimée (région russophone de l’Ukraine) reste bien tendue.

Avec une aide financière annoncée à près de 11, 4 milliards d’euros pour le soutien à l’économie ukrainienne, l’Union européenne semble désormais jouer sur la diplomatie d’argent. Une diplomatie bien ficelée, car plus d’un milliard de cette somme est octroyé en termes de dons à Kiev. Cette manne européenne destinée aux nouveaux hommes forts de l’Ukraine vient augmenter la mise financière des pays occidentaux. Puisque les Etats-Unis se montrent aussi bien généreux avec le nouveau pouvoir ukrainien. L’aide financière américaine dépasserait le milliard de dollars Us.

Un petit calcul montre clairement qu’il n’y a rien d’anodin dans les aides financières promises à Kiev. Déjà la contribution européenne est à quelques euros près, égale aux 12 milliards que Moscou comptait débloquer à Kiev. Et pour rappel, c’est cette aide négociée par Victor Ianoukovitch auprès de Vladimir Poutine qui a mis le feu aux poudres.

Mais cette nouvelle trouvaille de l’Occident est-elle suffisante pour désamorcer une crise qui tend à se communautariser au sein même de l’Ukraine ?  Les signaux montrent bien tout le contraire. La séquestration en Crimée de Robert Serry, l’envoyé spécial de l’ONU est une preuve que la Russie tient encore une bonne partie de l’est de l’Ukraine. Et ses forces militaires s’y avancent sans aucune forme de résistance locale. De plus, les populations russophones de cette région n’hésitent pas à hisser le drapeau russe sur certains édifices publics.

Mieux encore, une bonne partie de l’est de l’Europe dépend encore de l’exportation du gaz russe. Et même si la clémence de l’hiver de cette année leur fait disposer une bonne réserve de gaz pour le reste de l’année, les Européens ne pourront pas tenir bien longtemps. Et la Russie reste le principal secours. Conséquence, difficile d’imposer des sanctions économiques contre Moscou.

Dans ces conditions, on comprend aisément la cacophonie dans la stratégie diplomatique des Occidentaux. Restera-t-elle une diplomatie d’influence ou se jouera-t-elle définitivement sous le poids de la générosité financière ? Y aura-t-il un choix militaire de l’Europe et de ses alliés de l’Organisation du traité Atlantique nord (OTAN)?

Avec les dernières révélations des échanges téléphoniques entre la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton et le ministre estonien des Affaires étrangères sur l’appartenance des snipers qui ont semé la terreur en février dernier à Kiev, un dialogue franc entre les Russes et Occidentaux s’érige bien en seul moyen crédible de dégel de la crise.

Mais en attendant, l’Ukraine vit des heures bien difficiles…


Afrique du Sud : du business autour du procès Pistorius ?

Oscar Pistorius au Tribunal  Source : https://www.melty.fr/oscar-pistorius-au-bord-du-suicide-sa-famille-dement-galerie-455073-1354456.html
Oscar Pistorius au tribunal
Source : https://www.melty.fr/oscar-pistorius-au-bord-du-suicide-sa-famille-dement-galerie-455073-1354456.html

Plus d’un an déjà que l’Afrique du Sud attendait ces moments ! En effet, le procès de l’athlète Oscar Pistorius pour « supposé meurtre de sa compagne » s’ouvre ce lundi 3 mars 2014 à Pretoria. Un procès médiatique qui générera sans aucun doute des millions de rands (monnaie sud- africaine) pour quelques paparazzis du monde entier.

On était au 14 février 2013. En cette nuit glaciale de la Saint-Valentin, un drame se produisit au domicile du plus célèbre des athlètes paralympiques de ces dernières années. Le golden boy sud-africain Oscar Pistorius tue sa compagne. La star de mode sud-africaine Reeva Steenkamp n’a pas résisté aux coups mortels de son compagnon de luxe. Si Oscar Pistorius soutient la thèse d’une mort accidentelle, l’accusation penche depuis plus d’un an pour un crime prémédité.

Mais la gloire de l’ancien jeune couple, notamment du sportif a très tôt fait de cette affaire, l’une des affaires de justice les plus particulièrement suivies dans le monde. Elle éclipse déjà celles de mœurs dans lesquelles Silvio Berlusconi a été impliqué en Italie ou les footballeurs français Karim Benzema et Franck Ribéry ont été relaxés en France.

Ce qui fera aussi la particularité du procès d’Oscar Pistorius, c’est la manne financière qu’elle générera pour certains médias. Trois semaines durant, plusieurs chaînes de télévision et de radio se mobiliseront au Palais de Justice de Pretoria pour la couverture médiatique du procès. En Afrique du Sud, l’engouement est tel que des chaînes de télévision ont été autorisées à enregistrer le procès. Et ce dernier sera diffusé en direct par des chaînes de télévision.

Même si nul ne peut affirmer que cette faveur accordée aux médias aurait été négociée sous forme de droits de télévision par les autorités judiciaires de Pretoria, l’argent coulera dans cette affaire. Puisque la retransmission promise du procès par les chaînes de télévision et de radio sera fortement suivie dans le pays et à l’étranger, les annonceurs n’hésiteront pas à se positionner sur le programme. Et pour qui connait l’Afrique du Sud pour son système capitalistique et la concurrence sur différents segments de marché de son économie, le doute n’existe plus.

Avec l’audience qui s’accroîtrait au fur et à mesure que les révélations se feront de plus en plus fortes et invraisemblables, les enchères s’augmenteront pour la publicité. Et les annonceurs se bousculeront sans doute aux portes de ces chaînes de télévision et de radio et notamment pour celles créées exclusivement pour la diffusion du procès.

Que dire des grandes maisons d’images et de photographie, elles seront bien présentes dans la salle du procès. Et leurs clichés se feront sans doute arracher à des milliers de rands. Ces maisons d’images, elles aussi feront de bonnes affaires. Les consignes sont sans doute déjà bien connues de leurs reporters, des clichés les plus parlants d’Oscar Pistorius dans tous ses états d’âme pour ces trois semaines d’audience seront les mieux prisés. Même scénario pour les médias en ligne qui se verront sans doute marchander par des entreprises du business online.

Même si le verdict est bien loin d’être connu et que la lumière soit faite sur cette affaire, nombre de personnes ont de quoi améliorer leurs chiffres d’affaires durant ces trois semaines de procès.

PS : Oscar Pistorius, s’il était reconnu coupable d’un meurtre prémédité risque 25 ans de prison.


Loi sur l’homosexualité et la prostitution, un test pour sa popularité !

Yuri Museveni teste sa popularité par une loi anti-gay...
Yuri Museveni teste sa popularité par une loi anti-gay…

Il l’a promis ! Et il l’a fait ! Le président Yuri Museveni vient de promulguer la loi contre l’homosexualité en Ouganda. Quelques mois seulement après avoir signé une autre loi qui réprimande la prostitution et certains comportements que le pouvoir ougandais juge dépravants pour les jeunes.

Ce geste controversé de l’homme fort de Kampala vient allonger la liste des pays au monde dans lesquels les homosexuels sont officiellement persona non grata. Bien avant Yuri Museveni, le président nigérian Goodluck Jonathan en faisant autant. Du coup, il existe désormais une quarantaine de pays sur le continent africain dans lesquels l’homosexualité est fortement pénalisée par des lois aussi coriaces les unes que les autres.

Cartes des pays ayant une loi sur l'homosexualité. Source: https://fr.wikipedia.org/wiki/Homophobie
Cartes des pays ayant une loi sur l’homosexualité. Source: https://fr.wikipedia.org/wiki/Homophobie

Ce brusque changement d’attitude des pouvoirs publics africains en ces derniers mois est bien une conséquence de l’adoption en France en 2013 de la loi sur le mariage pour tous. Les récents appels du président Barak Obama au respect en Afrique des droits des minorités sexuelles a en aussi été pour quelque chose. L’ingérence, les Africains n’en veulent plus !

Et la tendance ne se résume seulement plus aux lois sur l’homosexualité. Désormais, la prostitution est dans la ligne de mire des autorités législatives de nombreux pays dans le monde. Au nom de la préservation des mœurs, chaque pays manie son législatif à sa manière pour une loi contre la prostitution. Et la France toujours en tête de peloton.

Mais au-delà de toute cette mobilisation législative autour des questions de sexualité au nom des valeurs morales pour les uns et du respect des droits humains pour les autres, il y a bien une manœuvre politique en dessous.

Le réveil spontané autour de la sexualité, du moins autour d’une législation sur la sexualité devient le nouveau baromètre politique dans le monde. En France, le Parti socialiste en a usé pour montrer sa solidarité gouvernementale, parlementaire et même militante. A chaque manif sur la loi, François Hollande pouvait mesurer la cote de sa popularité notamment avec les pros mariage gays. L’Union pour le mouvement populaire (UMP) et le Front national (FN) s’en servaient aussi pour se remettre en scelle et prendre le pouls de la population française encore attachée à leur idéologie. Scénario identique dans le vote de la loi qui pénalise la prostitution.

Il ne pouvait en autrement dans les autres pays où les lois sur la sexualité sont depuis peu au-devant de l’actualité nationale. En Russie, Vladimir Poutine s’y est mis avec la même énergie. Des années en arrière, le président Paul Biya s’en est servi pour se montrer attaché à la volonté populaire. D’ailleurs, la loi contre l’homosexualité avait sévi au cœur de l’administration publique du Cameroun. Et son homologue ougandais Yuri Museveni justifiera sa position anti-gay par une volonté populaire et d’un lobby religieux très influent dans le pays. En cédant à la pression populaire, le président maintient ainsi sa popularité politique dans le pays.

Et comme si tous ces chefs d’Etat sous les projecteurs par des lois sur la sexualité devraient en user pour honorer une « volonté » populaire ou prendre le pouls de leur propre popularité, c’était presque même la situation dans l’antre du pouvoir nigérian. Le président Goodluck Jonathan n’aurait obéi lui aussi qu’à une simple expression populaire et majoritaire au sein du parti au pouvoir.

Loin de soutenir le mouvement pro ou anti-gay en vogue dans le monde, avis donc aux autres barons politiques…


Pourquoi Boni Yayi devrait « absolument » quitter le pouvoir en 2016 (3ème partie)

Boni Yayi lors de sa prestation de serment en 2006
Boni Yayi lors de sa prestation de serment en 2006

 

 

 

 

 

 

 

 

 

On le disait endoctriné par le pouvoir présidentiel. On l’accable de tous les péchés démocratiques. Boni Yayi, comme c’est de lui qu’il s’agit, soumis à la pression de son peuple, se faisait passer pour bon nombre de ses compatriotes comme un héritier singulier des pouvoirs autocratiques du continent. Si constitutionnellement, l’actuel locataire de la Marina (ndlr, nom du palais présidentiel du Bénin), devrait quitter le fauteuil présidentiel en Avril 2016 au terme de son dernier mandat, il y a encore quelques béninois qui restent sceptiques.

Dans ce scepticisme, il y a bien des signes qui ne trompent pas que tout est mis en œuvre pour que Boni Yayi renonce à tout projet de se maintenir au pouvoir en 2016. Dans la première partie de cette analyse, il y avait la fronde sociale, la seconde partie évoquait  le réveil momentané des leaders de l’opposition et de certains présidentiables du pays. Mais il y a bien aussi une veillée d’âme dans le camp du Président qui contrarie avec tout projet de maintien au pouvoir de Boni Yayi après 2016.

Logo de l'Alliance Politique du Chef de l'Etat...
Logo de l’Alliance Politique du Chef de l’Etat…

La guerre des clans autour de Boni Yayi…

Qu’il s’agisse des grandes démocraties du monde, des pouvoirs présidentiels les plus tenaces et solidaires, ou même dans les régimes de la dérive absolue, la guerre des clans est une évidence. Et quoi de plus attendu pour un régime en fin de mandat soumis à toute sorte de pression extérieure.

Dans cet imbroglio autour de Boni Yayi, il y a une minorité prête à se sacrifier pour qu’il puisse exécuter tout projet de se maintenir au pouvoir en 2016. Même s’ils le le disent pas ouvertement, le fous du roi le mijotent sans aucun doute en leur fond intérieur. Mais bien qu’un tel projet soit encore une émanation de l’imaginaire commun des béninois, on s’aperçoit dans le pays, qu’il y a bien d’autres proches de Boni Yayi dont les ambitions personnelles ne cadrent point avec une éventuelle tentative pour qu’il reste au pouvoir en 2016. Dans ce cercle présidentiel, des noms circulent sur toutes les lèvres dans le pays. Et il n’y a presque plus de doute sur la candidature d’un ancien général de l’armée à la retraite, Robert Gbian dont les actions politiques sur le terrain montrent clairement qu’il compte se positionner comme un candidat sérieux pour 2016.

Depuis quelques jours, un autre nom se mêle à la danse. Yacoubou Bio Sawé, haut fonctionnaire à la Banque Ouest Africaine de Développement (Boad), originaire de la même commune que Boni Yayi et qui serait même sa pièce de rechange, son dauphin en cas d’échec d’un éventuel projet personnel pour 2016. Il y a aussi d’autres très proches collaborateurs de Boni Yayi dont l’actuel ministre d’Etat François Abiola, qui pour justifier son rang d’homme d’Etat devrait vraisemblablement s’engager contre vents et marrées dans la course en 2016. Que dire des anciens collaborateurs de Boni Yayi dans le gouvernement dont l’ancien premier ministre Pascal Iréné Koupaki et l’ex ministre de la défense, devenu ministre chargé des affaires présidentielles Issifou Kogui N’Douro probables candidats en 2016.

Ce qui est loin d’être une évidence, c’est la position de l’actuel président de l’Assemblée Nationale. Deuxième personnalité du pays, Mathurin Coffi Nago, longtemps critiqué pour son allégeance « aveugle » au président de la République semble avoir fait une volte-face, expressive du malaise au sein du clan présidentiel et annonciatrice de ses intentions pour 2016. Et il est fort probable que l’homme puisse bénéficier du soutien d’un grand nombre de partisans de Boni Yayi s’il se portait candidat en raison des nombreuses qualités « intrinsèques » et « valeurs » qu’il prônerait dans la tanière des cauris (ndlr : symbole du pouvoir de Boni Yayi).

PS: Nul ne peut prédire des intentions réelles de Boni Yayi pour 2016 même si lui-même clame haut et fort qu’il faut compter sur sa bonne foi de respecter les dispositions constitutionnelles et démocratiques du pays en 2016.