De Rocher Chembessi

Politique au Bénin: Houngbédji dénonce la gouvernance « stupide » de Yayi.

Me Adrien Houngbédji, Président du Parti du Renouveau Démocratique
Me Adrien Houngbédji, Président du Parti du Renouveau Démocratique

L’étau se resserra-t-il davantage autour du président de la République du Bénin. Déjà secoué par la fronde sociale et le retour sur la scène de certaines formations politiques longtemps restées muettes, le Chef de l’Etat doit désormais composer avec les dernières attaques de son principal challenger des dernières élections présidentielles.

Me Adrien Houngbédji, ancien candidat malheureux aux élections présidentielles de 2011 ayant connu la victoire par KO au 1er tour du Président Boni Yayi rompt le silence. Au cours d’un géant meeting politique dans le Sud-est du pays, le leader du Parti du Renouveau Démocratique, n’a pas manqué de faire le procès du régime au pouvoir. Sans tergiverser, celui qui revendique depuis sa défaite de 2011, le titre du principal leader de l’opposition, désigne Boni Yayi comme coupable de toute la situation de paralysie dans laquelle le pays est plongé depuis quelques semaines.

Dans un franc-parler qu’on lui connait au pays, Adrien Houngbédji qui s’était autoproclamé Président élu des Béninois en 2011, a analysé au cas par cas la situation sociopolitique du Bénin. Du dilatoire dans la correction de la liste électorale, l’organisation des élections communales, les détentions « arbitraires » dans l’affaire Talon, la remise en cause des droits travailleurs, et le bâillonnement des libertés publiques et le flou autour de l’exécution du nouveau code de procédure pénale, aucun sujet n’a été occulté par Adrien Houngbédji dans son adresse aux militants du parti sortis massivement pour l’écouter et lui témoigner leur soutien indéfectible aux idéaux de la formation politique.

L’homme ira plus loin en dénichant une part de stupidité et d’autocratie dans la gouvernance de Boni Yayi. En effet, « … Le pouvoir Yayi Boni est un pouvoir vautré dans la mauvaise gouvernance, dans le ballonnement des libertés, c’est un pouvoir régionaliste, indifférent à la détresse des élèves et de leurs parents. C’est un pouvoir indifférent à la paralysie de l’Administration béninoise. C’est un pouvoir qui organise un bras de fer stupide contre les syndicats, c’est un pouvoir incapable d’organiser les élections communales… » a déclaré en substance Adrien Houngbédji.

Et il y a bien une évidence qui se dégage de ces phrases virulentes d’Adrien Houngbédji. C’est une autre preuve que le régime de Boni Yayi est dans l’impasse politique. Il se retrouve bien seul contre tous. En effet, le Parti du Renouveau Démocratique d’Adrien Houngbédji, qui aurait été approché en coulisse par les barrons du régime pour une participation prochaine à un gouvernement de Boni Yayi vient publiquement de montrer sa position. D’ailleurs, c’est lui qui vient d’introduire une proposition de loi au parlement pour mettre fin à la prolongation du mandat des maires et autres conseillers communaux. Et c’est encore le Parti du Renouveau Démocratique, la toute première formation politique qui a suggéré l’organisation d’une assise nationale et le retour au dialogue politique et social sous l’initiative de Boni Yayi.

Avec cette nouvelle dose de colère de Me Adrien Houngbédji contre le président de la République, les béninois se demandent tous en chœur pour combien de temps encore durera la crise. Et où conduira-t-elle le pays ?


Pourquoi Boni Yayi devrait « absolument » quitter le pouvoir en 2016 (2ème partie)

Boni Yayi lors de sa prestation de serment en 2006
Boni Yayi lors de sa prestation de serment en 2006

 

 

 

 

 

 

 

 

On le disait endoctriné par le pouvoir présidentiel. On l’accable de tous les péchés démocratiques. Boni Yayi, comme c’est de lui qu’il s’agit, soumis à la pression de son peuple, se faisait passer pour bon nombre de ses compatriotes comme un héritier singulier des pouvoirs autocratiques du continent. Si constitutionnellement, l’actuel locataire de la Marina (ndlr, nom du palais présidentiel du Bénin), devrait quitter le fauteuil présidentiel en Avril 2016 au terme de son dernier mandat, il y a encore quelques béninois qui restent sceptiques.

Dans ce scepticisme, il y a bien des signes qui ne trompent pas que tout est mis en oeuvre pour que Boni Yayi renonce à tout projet de se maintenir au pouvoir en 2016. Dans la première partie de cette analyse, il y avait la fronde sociale, cette seconde partie revient sur le réveil momentané des leaders de l’opposition et de certains présidentiables du pays.

Présidentiables et Opposition brisent « le rêve 2016 » de Yayi ?

C’est la nouvelle trouvaille de la classe politique pour maintenir le cap sur 2016. Pas tout à fait, cela pourrait être tout simplement leur façon de déjouer les plans de Boni Yayi, s’il en avait pour 2016.

Longtemps restée sous le choc des cuisantes déroutes électorales de 2011, l’opposition béninoise, toute tendance confondue joue son va-tout pour les prochaines élections. Certes l’objectif est le même, succéder à Boni Yayi mais l’enjeu a sans doute changé. Cette fois-ci, il faudra lui éviter un troisième mandat ou une prolongation constitutionnelle ou non en 2016.

Bruno Amoussou, Président de l'Union fait la Nation (UN)
Bruno Amoussou, Président de l’Union fait la Nation (UN)

Ce qui justifie sans doute la descente depuis quelques jours des leaders de l’opposition à l’intérieur du pays. C’est l’Union fait la Nation (UN), plus grand regroupement politique du pays qui a donné le top. Cette alliance de plusieurs partis politiques, née à la veille des élections de 2011, qui a su résister à toute tempête se veut plus proche de sa base. A cet effet, elle organise depuis peu des meetings avec les populations électorales, des séances de formation de ses militants sur le nouveau code électoral, et procède à l’installation de ses unités communales. En quelques semaines, elle a fait le tour du pays même des villes connues comme des citadelles imprenables de Boni Yayi où longtemps elle est restée indésirable. C’était bien la surprise et le signal pour l’actuel chef de l’Etat. Les béninois, même de son fief naturel, peu d’entre eux seraient prêts à le suivre dans un éventuel combat de se maintenir au pouvoir en 2016. D’autres unités de ce regroupement politique se font aussi remarquer sur le terrain. A titre d’exemple, la Jeunesse de l’Union, (J1) se déploie auprès des jeunes du pays, soit pour la mise sur pied d’une coordination communale, soit pour l’organisation d’activités politiques sur les enjeux électoraux de 2016.

L’autre élément à mettre à l’actif de l’Union fait la Nation qui montre clairement ses ambitions pour 2016, c’est sa présence devenue fréquente à la Commission d’Orientation et de Supervision de la Liste électorale pour s’enquérir à chaque fois du niveau d’avancement des travaux de correction de la liste électorale. Et les leaders de cette alliance ne manquent pas de rappeler le chef de l’Etat à l’ordre qu’il devra mettre des moyens à disposition de la commission pour une liste électorale fiable afin d’éviter les carences de 2011 qui ont failli, de justesse exploser le pays.

Abdoulaye Bio Tchané aux côtés des jeunes de Parakou
Abdoulaye Bio Tchané aux côtés des jeunes de Parakou

Candidat naturel aux présidentielles de 2016, lui aussi s’est mis dans la danse. Mis sous la pression par ses militants en raison son mutisme devenu très insupportable pour eux sur les questions brûlantes de l’heure, Abdoulaye Bio Tchané, plus connu sous le nom d’ABT, s’est joint au mouvement. Le leader de l’alliance, Avenir pour un Bénin Triomphant (ABT), a mis le cap cette semaine sur plusieurs villes du pays, quelques jours seulement après avoir procédé au lancement de son site web. Comme par hasard, c’est par la ville historique d’Abomey que l’ancien directeur Afrique du Fonds Monétaire International (FMI) a décidé de renouer contact avec sa base politique. Et c’est le message qu’il s’évertue à rappeler à ceux qui sortent nombreux pour l’écouter. « 2016 doit être une année d’espoir.» martèle-t-il.

Et l’espoir, il en est conscient, et se permet de le rappeler à ses militants, passe en tout premier par le respect des dispositions démocratiques et constitutionnelles en 2016 . D’Abomey à Parakou, où il y était pour rencontrer la jeunesse, les femmes, quelques groupes socioprofessionnels et dignitaires religieux, Abdoulaye Bio Tchané soutient avec fermeté qu’il faille faire obstacle à toute manœuvre antidémocratique au Bénin. Mais plus encore, qu’il faudra remettre le Bénin au « travail » et sur le « vrai » chemin de la croissance économique.

Des propos qui ont rassuré ses militants qui, pour Mahmood Guerguisse, président de la Ligue des Jeunes Leaders (LJL), soutien de première heure pour les présidentielles de 2011 de Abdoulaye Bio Tchané est largement suffisant pour prophétiser une alternance pacifique, démocratique et réussie en 2016.

Me Joseph Djogbenou, Pdt d'honneur du Parti Alternative Citoyenne...
Me Joseph Djogbenou, Pdt d’honneur du Parti Alternative Citoyenne…

En plus de ces deux dinosaures de l’opposition politique béninoise dont les activités politiques sur le terrain ne feraient que frémir Boni Yayi et ses thuriféraires, il y a bien d’autres mouvements politiques engagés dans la lutte, qui comptent faire triompher la démocratie en 2016. Dernier venu de la classe, le mouvement « Alternative Citoyenne », qui se veut être le creuset politique des acteurs « expérimentés » de la société civile, des « intellectuels » du pays, et des personnes « épris » de paix et de démocratie. Quelques jours après son lancement, il s’est déjà lancé dans la bataille sur toute l’étendue du territoire national avec comme chef d’orchestre, le très populaire professeur Joseph Djogbénou, agrégé de droit et avocat légendaire de ceux que lui-même appellent les « oppressés » du régime dont le célébrissime homme d’affaires en exil Patrice Talon.

Mais s’il y a d’autres faits qui montrent que Boni Yayi ne pourrait pas avoir l’audace de tenter une aventure présidentielle en 2016, c’est dans sa famille politique que cela se trame. A suivre

PS: Nul ne peut prédire des intentions réelles de Boni Yayi pour 2016 même si lui-même clame haut et fort qu’il faut compter sur sa bonne foi de respecter les dispositions constitutionnelles et démocratiques du pays en 2016.


Souvenir : 24 ans déjà que le Bénin a opté pour la démocratie.

arton30-e24aaDans la vie de toute nation, il y a de ces dates qui resteront à jamais dans la mémoire collective. Au Bénin, la date du 19 Février marque le souvenir du début de la conférence nationale des forces vives de la nation. C’était le 19 Février 1990.

Vingt quatre ans après l’ouverture de cette historique conférence nationale des forces vives de la Nation, que reste-il de la démocratie béninoise. C’est autour de cette question de l’héritage que se focalisent les attentions en ce jour anniversaire. Et les analyses vont d’un sens à un autre. Chaque acteur de la vie publique du pays a sa petite idée sur le parcours démocratique du Bénin depuis cette conférence. Il y a aussi le regard du citoyen lambda sur l’expérience démocratique du Bénin.

Depuis 1990 où le Bénin a entamé une nouvelle ère démocratique, il y a une chose qui fait l’unanimité dans l’opinion nationale du pays. Les béninois, longtemps contraints au diktat du parti unique de la période révolutionnaire ont acquis et jouissent d’une totalité liberté politique. En vingt quatre, le pays a connu plusieurs élections dont notamment les élections présidentielles de 1991, 1996, 2001, 2006 et 2011.

Cinq élections présidentielles ayant consacré trois différents chefs d’Etats. Chacun ayant eu le temps de faire son expérience de l’exercice du pouvoir d’Etat. En termes d’élections, il y en au presque au temps avec les législatives en 1991, 1995, 1999, 2003, 2007, 2011. Six différentes mandatures parlementaires avec chacune ses déboires dans l’animation de la vie politique et institutionnelle. A cela, il faut ajouter deux élections locales tenues en 2003 et 2008 dans le cadre de la décentralisation du pays. Mais au regard de nombreuses défaillances, en particulier dans la gouvernance démocratique et économique du pays, il y a bien un grand nombre de béninois qui pensent que la démocratie du Bénin est purement électorale.

Elle n’aurait le privilège que d’avoir permis aux pays d’enchaîner les élections, sans pour autant lui accorder les moyens de son développement. Même l’actuel chef de l’Etat, au plus fort de sa popularité, disait de cette démocratie qu’elle est un « poison » puisqu’elle ne permet pas de nourri le peuple.

Et si longtemps, c’est cette démocratie purement électorale qui a fait la gloire du pays, le Bénin semble perdre à petits coups ses lettres de noblesse. Il y a bien une multitude d’entorses au processus démocratique, qui fait dire à certains que le pays est « foutu », et ils n’hésitent pas à indexer l’actuel chef d’Etat Boni Yayi et ses partisans comme les « coupables », et à il y a ceux qui pensent que la démocratie béninoise est tout simplement frelatée. En clair, les bases auraient été faussées depuis les mémorables assises de Cotonou.

A ce goût d’inachevé se mêle une autre frustration. Celle-ci est en relation avec le mauvais entretien de tout ce qui aurait pu être, et est dans le patrimoine national comme vestige de cette mémorable conférence. Et ce qui fait la colère des béninois, c’est l’hôtel PLM Alédjo ayant servi de cadre à l’organisation de ces assises nationales. Abandonné dans un état de délabrement avancé, l’hôtel PLM Aledjo, aujourd’hui mémoire négligée d’une conférence historique, est néanmoins inscrit à jamais dans l’histoire du pays.

En attendant la célébration dans très exactement un an des 25 ans de la démocratie béninoise, il y a bien urgence de sauver la barque et la mémoire du pays.


Au Bénin, le chef de l’Etat a rencontré le « Saint-Esprit »

Parfaite, le "Saint Esprit" ayant rencontré le Chef de l'Etat...
Parfaite, le « Saint-Esprit » ayant rencontré le chef de l’Etat…

Cela se passe au Bénin. Le président de la République a eu une rencontre avec l’« Esprit saint ». Une courte séance à la fin de laquelle la colère de « Dieu » ne s’est pas fait attendre pour s’abattre sur Boni Yayi…
Ce « Saint-Esprit » qui s’est rendu au cabinet du chef de l’Etat, devrait répondre à une invitation pressante de celui-ci. En effet, Parfaite de Banamè, autoproclamée « Esprit saint » avec son Eglise catholique privée de Banamè  est au cœur d’un conflit de plus en plus intense avec les fidèles des autres confessions religieuses du pays.

Face à une situation qui devenait inquiétante, où les plaintes se multiplient, le gouvernement béninois se devrait réagir. Après un relevé du Conseil des ministres qui intimait l’ordre à la confrérie du « Saint-Esprit » de Banamè, de surseoir à l’usage des signes distinctifs de l’Eglise catholique romaine, c’est le chef de l’Etat qui a tenu en personne à faire ses mises au point aux dignitaires de la confrérie.
Après plusieurs tentatives avortées de rencontre en raison de l’agenda du chef de l’Etat, celle de cette semaine fut la bonne. Au cours d’une très courte rencontre tenue dans la soirée de ce mardi 18 février 2014, Boni Yayi s’est montré intransigeant dans cette guerre de croyances entre les adeptes du « Saint-Esprit » de Banamè et les autres confessions religieuses.
La position de Boni Yayi, qui est celle de toute la population rappelait clairement à Parfaite de Banamè et ses « cardinaux » qu’il faudra éviter un conflit interreligieux au pays. Mieux, le chef de l’Etat insista sur la préservation du dialogue et de la paix. Et il n’en fallait pas plus pour provoquer la colère du « Saint-Esprit » sur le chef de l’Etat.
Le « Dieu » autoproclamé de Banamè, accuse le chef de l’Etat de complicité avec les autres confessions religieuses. Mieux encore, « Parfaite » a mal digéré la longue attente de plus de quatre heures avant d’être reçue par le président de la République.  Celle qui crie à l’injustice, avec un ton menaçant, affirme clairement que « Boni Yayi s’est foutu de Dieu. Il parlait de Dieu, sans savoir que j’étais devant …» Et elle ajouta que « même si Boni Yayi ne la reconnaît pas comme Dieu, au moins 2 millions de Béninois savent qu’elle est Dieu ».
Au-delà de tout, ce fut une première dans l’histoire du Bénin que « Dieu » ait rencontré un président de la République…


Pression sociopolitique au Bénin : Pourquoi Boni Yayi devrait « absloument » quitter le pouvoir en 2016… (1ère Partie)

Boni Yayi lors de sa prestation de serment en 2006
Boni Yayi lors de sa prestation de serment en 2006

On le disait endoctriné par le pouvoir présidentiel. On l’accable de tous les péchés démocratiques. Boni Yayi, comme c’est de lui qu’il s’agit, soumis à la pression de son peuple, se faisait passer pour bon nombre de ses compatriotes comme un héritier singulier des pouvoirs autocratiques du continent. Si constitutionnellement, l’actuel locataire de la Marina (ndlr, nom du palais présidentiel du Bénin), devrait quitter le fauteuil présidentiel en Avril 2016 au terme de son dernier mandat, il y a encore quelques béninois qui restent sceptiques.

Ces derniers redoutent de toute sorte de ruse politique de l’alliance au pouvoir pour faire maintenir son chef après 2016. Si longtemps, c’est un scénario à la Abdoulaye Wade, ou digne des imaginations de Mamadou Tandja, des violences constitutionnelles de la fratrie Compaoré, Biya, Deby, Bongo, etc… ; ou encore le despotisme légendaire d’un certain Gnassingbé Eyadema qui était agité dans l’opinion publique, aujourd’hui les soupçons pèsent sur un hold-up électoral ou constitutionnel à la manière Laurent Gbagbo en 2005 pour se maintenir au pouvoir.

En plus simple, l’intelligence de Boni Yayi ou encore ce qu’on appelle au Bénin son « avidité » extrême du pouvoir, le pousseraient à instaurer une situation de crise dans le pays afin de reporter les élections de 2016 aux calendres grecques. Et les détracteurs du buffle de Tchaourou (ndlr, sobriquet de Boni Yayi) n’en ont pour preuve le report des élections communales prévues pour Mars 2013, la crise sociale aux allures politiques qui secoue le pays depuis six semaines, la gigantesque brouille autour de la correction de la liste électorale. Une liste électorale, que les opposants au régime jugent inexistante, fictive, et ayant conduit à la victoire par K.O de Boni Yayi en 2011, et qui fut l’objet de toutes les vives contestations de la période électorale de 2006.

Mais tout est aussi simple pour Boni Yayi de s’offrir une rallonge de son pouvoir en 2016 ? Si prolongation il devrait avoir, pas sûr que les derniers événements dans le pays puissent encore motiver Yayi et ses sbires à jouer cette carte.

La fronde sociale : premier obstacle de Yayi.

Pour son arrivée au pouvoir en 2006, le peuple béninois se souvient encore que Boni Yayi la doit en grande partie à la société civile. Syndicats, Organisations non gouvernementales, associations de jeunes ou de femmes, toute la société civile béninoise s’était mobilisée comme un seul homme pour dire non à un projet de révision de la constitution agité dans l’entourage du président Mathieu Kérékou.

Cette première campagne réussie, a cédé place à une autre minutieuse menée aussi bien par la société civile que certains parlementaires pour s’opposer et obtenir le retrait de la loi électorale de 2006 d’une disposition sur la résidence permanente sur le territoire national qui viserait singulièrement Boni Yayi pour l’écarter de la course en 2006. Et l’arme brandie et usée violemment par les centrales syndicales à l’époque n’était rien d’autre que la fronde sociale.

Une fronde sociale qui reste profondément attachée à l’histoire démocratique du Bénin. Car en pleine récession et aux tristes heures de la révolution marxiste, c’est elle qui en 1989 a finalement conduit à la démocratisation du pays et à la fin du règne du pouvoir militaire du général de Mathieu Kérékou.

Le message du bras de fer en cours entre gouvernement et syndicats est donc clair. Et les leaders des centrales syndicales ne se le cachent pas. Si Boni Yayi se hasardait à s’ériger en un « fossoyeur » de la démocratie béninoise, ils seront les premiers à lui opposer la résistance. L’un deux, Paul Issè Iko, déclarait lors d’un meeting syndical samedi dernier « … il est interdit d’interdire les manifestations syndicales au Bénin, sinon… ». Puis il insiste encore « … il est interdit d’interdire les libertés démocratiques au Bénin, sinon… ». Le ton est donc donné. La paralysie actuelle de l’appareil d’Etat par les centrales syndicales, même si elle arrivait à se lever, serait un signal fort envoyé au régime pour qu’il puisse se faire une idée de ce qui pourrait se passer en cas de graves violations constitutionnelles par Boni Yayi en 2016.

Finis donc les temps où on pourrait bien abuser de l’esprit pacificateur du peuple béninois. C’est une période bien révolue, est-on en mesure de dire quand on se souvient des récentes luttes syndicales, même si toutes n’ont pas conduit à avoir gain de cause, autour du respect des valeurs démocratiques au Bénin. Même pour les élections présidentielles de 2011, les centrales syndicales n’avaient pas hésité à descendre plus d’une fois dans la rue pour exiger une liste électorale non exclusive, fiable pour les élections de 2011. La suite, tout le monde la connait au Bénin…

Au moment où Boni Yayi doit mesurer la profondeur de l’attachement des centrales syndicales aux valeurs républicaines, il y a bien une autre pression qui le contraint sans doute, à avorter toute idée qu’on lui prête de se maintenir au pouvoir en 2016.

La classe politique, du moins l’opposition politique, longtemps abonnée au silence comme dans un élan solidaire s’est lancée dans une vaste campagne de reconquête du peuple. A suivre…

PS: Pour l’instant, nul ne peut prédire des intentions réelles de Boni Yayi pour 2016 même si lui-même clame haut et fort qu’il faut compter sur sa bonne foi de respecter les dispositions constitutionnelles et démocratiques du pays en 2016. Il se dit même déjà appelé pour une mission pastorale après 2016 pour l’évangélisation chrétienne des peuples.